Le bousier
J'entends d'ici des animaux superbes et fiers, ou au contraire des êtres vivants qui suscitent le dégoût, par simple provocation. De me rappeler de ce poème de Lawrence : "Si les hommes étaient autant des hommes que les lézards sont des lézards, ils vaudraient la peine d'être regardés." Je pense aux êtres vivants sans distinction, tous beaux et utiles, fascinants toujours. Et je pense à ce bousier, coprophage, à pousser déterminé le cul en l'air sa boule de crottin sur des distances parfois folles. Animal, pour les Égyptiens qui le vénéraient, qui faisait renaître le soleil. Tous les jours. La science a depuis déterminé que ce petit scarabée naviguait grâce aux étoiles. Comme quoi.
Milan Kundera définissait le kitsch comme étant un voile pudique jeté sur la merde pour tenter de la camoufler (je cite de mémoire). Je regarde depuis le monde et les gens différemment, au-delà des oripeaux. Chaque être humain, qu'il soit riche ou pauvre, est pour moi une promesse de surprises. Comme ce simple bousier, déifié, et capable de véritables prouesses.
Alors, si je devais être réincarné, ce serait en coléoptère, accomplissant sa tâche avec abnégation, et se contrefoutant du regard que l'on porte sur lui. Pour moi, c'est simplement vivre, et vivre pour moi, c'est être curieux. Encore et toujours.
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