Death
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La machine continu son bruit effroyable. Des BIP à l'infini, des BIP par millers. Mais il vaut mieux qu'il y ai des BIP. Car à la fin des BIP, la mort.
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Je regarde le patient. Il semble juste endormi, alors qu'en vérité, il est au bord de la mort. Sa poitrine se soulève et s'abaisse. Inspiration, expiration. Selon les résultats de la prise de sang, il devrait mourir dans quelques minutes. Nous avons décidé de le mettre dans un coma artificiel le temps de sa mort.
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Sa famille a fait ses adieux six heures plus tôt, avant qu'il ne s'endorme. Sa femme et lui ont été claire. L'integralité de ses organes reviendrait à la science. Quand ils avaient dit ceci au médecin en chef,le D. Darlon, j'étais présent. J'ai tout de suite comprit à quoi allait se résumer cette autorisation. Le projet pour lequel le D. Darlon a donné sa vie va se réaliser. Soit ça marchait, soit ça ne marchait pas.
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Je ne connais pas le but de ce projet, mais je savais qu'il pourrait changer le monde. Ma mission à moi est de veiller sur le patient, et à appeler le médecin en chef une demi-heure après sa mort, si mort il y avait. Je ne vois absolument pas pourquoi je dois garder un oeil sur ce patient, car ce n'est pas le rôle d'un médecin, mais d'infirmier. Bref, cette affaire me rends perplexe. Je ne comprends pas non plus pourquoi je n'avais pas été mis au courant du but du projet.
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Les BIP se sont arrêtés. Le patient est mort. Je débranche la machine qui le retenait dans le coma. Comment s'appelait-il déjà ? Ah oui. Antoine Moreau. Un homme de 50 ans environ. Des enfants de 15 et 18 ans. Il était plombier, avant d'attraper cette méningite. Si j'en croit son dossier, son anniversaire tombe dans deux jours. Dommage.
Avant, je pleurais quand un patient mourrait. Mes amis me disaient que ce n'était pas très viril, et je leurs disait d'aller au diable, que quelqu'un souffrait de cette mort. Mais j'ai appris à me contenir. Parler d'un traitement avec un client en ayant les larmes aux yeux, ça ne faisait pas très sérieux. Et puis, les morts sont beaucoup plus fréquentes qu'on le croit, ici. Donc, à moins de pleurer H24, il vaut mieux rendre hommage au défunt.
C'est ce que je fais. Je me penche sur lui, au niveau de sa poitrine, et je sens que son coeur ne bat plus. Je prends sa main d'un froid de mort et je fais une prière silencieuse, et je retourne m'assoir en inscrivant l'heure de la mort. 3h56.
4h24. Je me prépare à aller voir le D. Darlon pour lui annoncer la situation. Je m'apprête à fermer la porte quand...
-J'suis crevé, moi.
Je me retourne vers le sois-disant mort. Je m'approche. Il ouvre les yeux, et me regarde d'un air fatigué. Il sourit et me dit :
- J'aimerai bien avoir un verre d'eau. (il regarde mon visage béat et ajoute :) S'il vous plaît ?...
A ce moment surgit le D. Darlon. Je me précipite sur lui et lui demande en chuchotant :
- Que c'est-il passé ? Pourquoi est-il vivant ? Après un quart d'heure sans respirer, il aurait du mourir.
Le docteur sourit en voyant le patient réveillé. Il me contourne pour aller le voir. Plusieurs infirmières et la famille du peut-être ou peut-être pas défunt le suivent, et je comprends que ce n'est pas le moment de poser des questions.
Il demande au patient s'il va bien, le débranche des machines et le laisse parler avec sa famille. Il leur dit que l'on a trouvé le remède et que le père de famille est désormais guérit.
Je m'approche de mon chef et lui demande :
- Pourquoi est-il vivant ?
Il me regarde d'un air amusé et me répond.
- Mais il n'est pas vivant.
Il me donne trois feuilles remplit de données et retourne voir la famille. Je lis les documents et m'arrête à la dernière page.
Effectivement, le docteur a raison. L'homme est mort. A 3h56 exactement. Quand les BIP se sont arrêtés.
Maintenant que j'y repense, les BIP n'ont pas recommencer leur bruit effroyable quand l'homme s'est réveillé. Ce qui veut dire que son coeur ne battait pas.
Je le regarde parler avec sa famille. Je m'approche de lui.
Son coeur ne bat pas. Ce qui est normal, il s'est arrêté quand le patient est mort. A 3h56.
Je me rééloigne. Et lis le dernier paragraphe du document.
Je soussigné Arthur Darlon affirme avoir utilisé les organes de mon patient Antoine Moreau atteint d'une méningite pour faire avancer la science. J'affirme avoir créé une race de morts-vivants, autrement dit zombies, qui ne pourra se nourrir seulement de chair humaine fraiche.
Je déglutis.
Le patient prend la parole.
- Bon bah c'est pas tout, mais j'ai un petit peu faim, moi.
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