Enflammé, l’aède
prend une grande inspiration et se lance
Attention, ça va dépoter sévère dans les encablures du lyrisme ! Accrochez-vous à vos mirettes, je lâche la bride à ma verve galopante !
Tel un forcené de la métaphore, je m'en vais vous décocher des images à vous faire gicler la substantifique moelle. Mes vers vont vous harnacher l'imaginaire façon rodéo à Guadalajara, vous allez déguster sévère de l'allitération bien sentie dans votre face de lecteur gobe bonbons.
Je m’en vais secouer le cocotier de la bien-pensance littéraire. Au diable les conventions, les alexandrins coincés du cul et les rimes trop sages pour être honnêtes ! Place au grand déballage métaphorique, à la poésie qui dézingue le réel à coups d'hypallages et d'antithèses bien senties.
Parce que moi, quand j'enfile mon costard de barde en goguette, je fais pas semblant. J'empoigne le verbe comme un forcené, je lui tords le cou façon poulet rôti jusqu'à ce qu'il crache ses plus sulfureuses images. Mes strophes ont des dents et elles n'hésitent pas à s'en servir pour croquer le monde à pleines rimes, jusqu'à la moelle syntaxique.
Alors oui, ça peut faire désordre, ça peut écorcher les œillères des âmes sensibles et faire friser les moustaches des académiciens. M'en tape l'oreille avec une patte de homard albinos ! La poésie, c'est pas un salon de thé où on sirote des vers avec le petit doigt en l'air. C'est un rodéo d'émotions à cru, une chevauchée fantastique au pays des songes et des visions.
Moi, quand je monte sur mon destrier lyrique, c'est pour foncer dans le tas, sabre au clair et métaphores en bandoulière. Je veux prendre d'assaut la grande muraille de la banalité, lui faire voler en éclats les portes de la perception à grands coups d'enjambements et de ruptures de tons. Je veux que mes mots soient des déflagrations d'étincelles sous la coupole crânienne du lecteur, qu'ils embrasent les synapses et fassent crépiter les neurones comme un feu d'artifice verbal !
Et vous savez quoi ? La poésie, c'est une arme de CONSTRUCTION massive. Oui, vous avez bien lu. Elle a le pouvoir de bâtir des mondes, d'élever des cathédrales d'émotions, de ponter des arcs-en-ciel sémantiques par-dessus les gouffres de l'ordinaire.
Mais je sens que je pars encore en sucette, que je me laisse griser par mon propre lyrisme. Revenons donc à nos moutons, et à la prose rugueuse.
Parce qu'être aède, c'est ça : partir en vrille dans le grand huit de l'imaginaire, se jeter dans la bataille du sens comme un dératé en transe mystique. C'est plonger tête première dans le maelström des émotions, se noyer dans l'océan des possibles pour mieux renaître, porté par le vent rugissant de l'inspiration.
Et tant pis si ça dérape, si ça part en couille dans les hautes sphères du lyrisme ! L'important, c'est de ne jamais se dégonfler, de toujours pousser le bouchon plus loin, quitte à se retrouver le derche au bord du précipice sémantique.
Alors oui, je sais, parfois ça peut être moche, brouillon, ça peut vous écorcher les yeux et vous vriller les tympans. Mais bordel, c'est vivant ! Ça pulse, ça tressaute comme un cœur à vif, ça vous prend aux tripes pour vous retourner comme une chaussette. Et au final, c'est ça qui compte, cette petite étincelle de sublime qui jaillit comme une supernova dans la nuit noire de l'ordinaire.
Alors voilà, vous savez tout. Je suis ce poète en perpétuel état d'insurrection lexicale, ce doux dingue amoureux de la langue jusqu'à la pathologie. Libre à vous de me suivre dans mes délires sémantiques ou de jeter ces divagations scribouillardes aux orties. Moi, je continuerai à chevaucher mes chimères syntaxiques, à traquer la rime rare et le mot juste au fin fond de la jungle lexicale.
Car être poète, c'est un sacerdoce, un chemin de croix semé d'alexandrins et de rejets. On n'en sort pas indemne, on y laisse des plumes et parfois même sa raison. Mais putain, quel pied, quel kif suprême que de sentir le verbe frémir sous ses doigts, de voir les images prendre vie et s'animer comme par magie !
Je crois que je pourrais continuer à déblatérer des heures durant, à déverser ce flot verbal comme un fleuve en crue. Mais il faut bien se résoudre à poser le point final, à refermer la parenthèse poétique avant qu'elle ne nous happe tout entiers.
Alors, comme on dit chez moi : "Allez, zou ! Fini de rimailler ! On remballe les métaphores et on rentre à la niche !" La vie nous attend, avec son lot de contingences et de platitudes. Mais qu'importe ! Nous aurons eu, le temps de quelques vers, la chance de nous évader au pays des merveilles langagières. Et ça, mon ami, ça n'a pas de prix.
Sur ce, je tire ma révérence façon prince de Motordu. En espérant vous avoir fait voyager au fil de mes vers en roue libre, pour le meilleur et pour le pire. Et si d'aventure nos chemins se recroisent au détour d'un sonnet clandestin... Soyez sûr que je répondrai présent, toujours partant pour un petit pas de deux poétique !
Allez, on se casse avant que les muses ne rappellent... Merci de m'avoir supporté dans mes égarements lyriques, et à la revoyure comme on dit chez les renards !
chaussant ses grolles et enfilant son loden élimé, le renard s'éloigne, sa silhouette vacillante peu à peu happée par la brume...
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