2.3    Kalins nocturnes.

4 minutes de lecture

A vrai dire, ce n’est pas comme cela que j’avais imaginé ce nouveau voyage. Naïvement, je m’étais imaginé que nous aurions atterri dans une zone connue d’où nous aurions pu rejoindre rapidement une cité et prévenir nos amis eilifuisiens de notre présence.

Mais là, il me semble que nous sommes vraiment perdus au milieu de nulle part et le doute commence à m’envahir. Heureusement que Télémaque est avec moi, toujours d’humeur constante et voyant le côté positif des choses.

Avec la nuit, nous voici confrontés à deux problématiques : où dormir de façon sécurisée et que manger sans risquer d’empoisonnement ? De plus, le froid commence à se faire sentir et nous n’avons aucune idée des températures nocturnes de cette contrée.

Dans un premier temps nous laissons nos petits compagnons de voyages s’organiser et je propose à Télémaque d’aller ramasser du bois pour allumer un feu. Celui-ci acquiesce :

  • C’est une bonne idée, nous verrons bien ce que vont faire nos amis à quatre pattes. D’ailleurs, je ne sais même pas comment les appeler. Ils me font un peu penser au chien Franck de Men in Black. Je les imagine bien en costume cravate.
  • Tu as raison, ils ont peu la même allure, dans le film, l’alien a pénétré le corps d’un carlin. Nous pourrions les nommer dénommer Kalin, c’est sympa, non ?
  • Bonne idée. Un kalin par ci, un kalin par là. Nous allons passer une excellente nuit, me répond Télémaque en éclatant d’un rire réconfortant.

Alors que nous écartons légèrement du centre de la trouée pour collecter les branches, je constate que plusieurs kalins ont cessé leur activité pour se joindre à nous et observer les alentours. Décidemment ces animaux sont extrêmement attentionnés !

Les bras chargés de fagots, nous rentrons vers le camp improvisé par nos guides. Nous observons que ceux-ci ont établi une double rangée de tunnels au centre de laquelle ils semblent avoir aménagé deux couchettes et un emplacement circulaire sur lequel reposent déjà des branches sèches. Juste à côté de cet emplacement, un autre plus petit présente diverses sortes de fruits ainsi que quelques gros insectes inertes. Deux calebasses emplies d’un liquide rosacé complètent le tout.

  • Non, mais c’est incroyable ! s’exclame Télémaque, ils sont en train de nous construire un logis de luxe. C’est vachement mieux qu’un Air B&B !
  • C’est clair. Mais je ne sais pas si ce qu’ils nous ont préparé est mangeable pour nous ? La seule façon de le savoir va être de risquer d’y goûter.
  • Les baies qui t’ont remis sur pieds tout à l’heure t’ont plutôt bien réussi. Alors faisons leur confiance.

Rapidement les premières flammes crépitent dans l’âtre et nous pouvons compenser la baisse sensible de température en restant près du feu. Les aliments que nous ont proposés les kalins ont un net effet euphorisant sur nous. Rapidement Télémaque part dans un délire mélangeant humour, mimes et chansons. D’un coup il entâme une imitation du comportement de nos petits compagnons qui me fait hurler de rire. Et comme il siffle à la façon du chef de la meute, tous se tournent vers lui et s’agitent en se contorsionnant. Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression de voir des animaux rire !

D’un coup, je vois deux individus, parmi les plus grands, s’éloigner du groupe qui leur font une haie d’honneur. Dans un premier temps, l’un d’entre eux commence à agiter les bras dans tous les sens en donnant l’impression de chasser les plus petits devant lui. J’ai l’impression d’avoir déjà vu cette scène, ce que me confirme Télémaque :

  • Mais, ma parole, ils se foutent de moi en m’imitant lorsque je les éloignais de toi en attendant ton réveil !
  • Tu as raison, ils te caricaturent, c’est incroyable, ai-je du mal à dire tant je me tords de rire.

Puis, ils se mettent à marcher l’un à côté de l’autre jusqu’à ce que le second s’arrête et tombe à la renverse, les yeux dans le vague. L’un de ses congénères fait semblant de lui faire boire quelque chose et aussitôt celui-ci se remet sur pied et se met à bondir plein d’une énergie renouvelée.

  • Cette fois, c’est toi qu’ils parodient, s’esclaffe mon ami.
  • Effectivement, j’en prends pour mon grade. Ils sont quand même tout à fait incroyables ces kalins !

La soirée passe rapidement dans cette ambiance extravagante et nous nous installons pour la nuit dans les couchettes prévues pour nous. Le sommeil me prend rapidement et mon esprit vagabonde dans les Etats de Eilifuis à Bçome.

Vers le milieu de la nuit je me réveille subitement. Autour de nous, des kalins surveillent les alentours à tour de rôle, mais ils ne semblent pas inquiets. J’observe le ciel, quelques nuages flânent au milieu d’une myriade d’étoiles. J’essaie de retrouver des constellations que j’aurais pu repérer lors de mon premier voyage, mais sans succès. C’est alors qu’un cumulus s’écarte et laisse apparaître une lune rousse, suivie de peu d’une autre aux nuances bleues, exactement semblables à celles que j’avais vues lors de notre croisière entre Cathisc et Livanttea.

Presque aussitôt, je ressens des frémissements dans mon esprit :

  • Harlod, m’entendez vous ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Paul Koipa ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0