Mon amie Mathilde me fait part de ses déboires amoureux.

Une histoire à rebondissements, à en perdre l’envie de tout. Je l’imagine dans un ascenseur émotionnel. J’ai beaucoup de peine pour elle. Aussi je me permets de lui répondre que son cœur doit être dans un drôle d’état, que j’aimerai pouvoir le voir pour constater tous les dégâts.

Eureka ! D’une fraction de seconde, je sais qui peut nous aider. Mon fidèle ami Nestor, qui suite à mon SMS prit illico presto tous ses outils et arriva rapidos à la maison où nous tenions cette discussion.

Il ausculte aussitôt Mathilde à l’aide de son stéthoscope à infrarouge et imagerie médicale. Il nous révéla l’état de son palpitant.

Qui justement ne palpitait plus beaucoup. Les battements se font très lents, les pulsations à peine audible.

Complétement fêlé. D’un premier coup d’œil il perçoit des réparations anciennes, faites à la va vite. Sûrement en utilisant la méthode dite « du mouchoir posé par-dessus les problèmes ».

A certains endroits, on le voit brisé et à d’autres serré voire étouffé, presque broyé comme pour avoir voulu le faire taire.

Il lui semble repérer quelques choses, il règle son stéthoscope, de manière à agrandir ces taches qui l’intrigue. Dubitatif, il se reconnait des restes très anciens de paillettes, grisées, effacées, gommées par l’érosion des vilaines histoires accumulées.

Le pire, nous prévient Nestor, le pire ce n’est pas ce que je viens de vous décrire. Le pire est dans sa couleur. C’est horrible !

Je vous rappelle mesdames, nous précise ce médecin providentiel, que le chakra du cœur doit être rose ou quelques fois vert, mais là, là il est NOIR. Du noir du désespoir, du « je ne crois plus en rien »

Nestor semble des plus démuni pour pouvoir remonter le moral de cette victime de l’amour.

Il lui prescrit, finalement, la lecture de tout l’ordonnancier du Cabinet de poésie générale matin et soir, jour après jour.

Il reviendra la voir d’ici quelques semaines pour vérifier l’état de ce cœur, meurtri, arraché, bafoué !

Peut-être que pour le faire repartir, il lui faudrait tout simplement une nouvelle et belle histoire

d’amour.

NINA

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