L'Automne

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Les feuilles dorées pleuvaient. Le monde entier était drapé de l'or automnal. Mais l'or n'était pas seul. Non, il y avait aussi le rouge, sanglant. La couleur dorée de la richesse et la couleur rouge sanglante de la violence, dansant ensemble tous les ans. Cela a-t-il une signification ?



Partout, partout, le rouge et l'or. Magnifique. Sublime. Sanglant.



Il y a de cela des années, par un jour d'Automne, sa mère aux cheveux d'or était morte. Le petit garçon aux cheveux blonds qu'il était alors pleurait sur la tombe de sa mère, située sur une une colline, sous un arbre duquel tombaient des feuilles rouges et or, seule, perdue dans un océan rouge et or. Le soleil couchant donnait à ses larmes un air d'or liquide. Or liquide qui venait tomber d'un air rythmé sur la tombe fraîche. A présent, il était son successeur.



Et maintenant, ce petit garçon devenu homme se tenait devant Rouge, par une journée d'Automne comme celle-là. Il était élégamment vêtu de marron et d'or, ses longs cheveux blonds détachés. Elle, elle était vêtue d'une longue robe rouge, sublime, sa chevelure d'un roux flamboyant libre sur ses épaules. Rouge était magnifique, pensait-il. Mais il ne se doutait pas qu'elle pensait la même chose de lui. Cependant, elle doutait qu'il ne la voie telle qu'elle l'était vraiment. Voyait-il toute la violence en elle ? Ou ne voyait-il que sa beauté ? Or, lui se demandait si elle voyait qui il était, ou si elle ne voyait là qu'un simple passant sur cette plaine qu'il pensait être le seul à connaître.

Chacun dévisagea l'autre et compris que l'autre voyait tout. Or ne voyait pas seulement la beauté de Rouge. Non, il voyait également sa violence, son amour du sang, ses torts. Et pourtant il l'aimait. Du premier coup d’œil. Rouge, elle, voyait bien-sûr la beauté d'Or. Mais elle voyait aussi sa cupidité et son faible pour le faste.

Alors, lentement, ils entamèrent une danse. Ils ne se connaissaient pas. Ils ne s'étaient pas parléés une seule fois. Mais ils s'aimaient. Ils savaient que leur danse n'était pas éternelle. Chacun devait vaquer à ses occupations en temps que Rouge et Or. Aussi, décidèrent-ils d'un commun accord de danser, une fois par ann trois mois durant. Nul n'est éternel. C'est aussi pourquoi, de génération en génération les noms Rouge et Or sont-ils transmis. Or avait hérité du nom de sa mère et Rouge celui de son père. Comme leurs parents avant eux, ils se devaient de danser trois mois durant par an, par devoir du cœur.

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