Epilogue

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Je vois dans ses yeux la même incompréhension que celle qui doit habiter les miens. Mais très vite, c’est l’hilarité qui nous prend.

— Salut mec ! je le salue

— Salut ! Alors je sais absolument pas qui tu es mais bonne année !

— Merci, je lui réponds en pouffant de plus belle. Je sais pas non plus … et d’ailleurs, je ne sais même pas où on est !

— On est dans ma chambre … on a dû devenir pote dans l’année, je vois que ça !

Sûrement.

Je l’avais encore jamais faîte celle-là, me retrouver seul avec un mec que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam et dans un endroit que je ne connais pas. Chez lui en plus de ça. Comme il dit, on doit être pote. Malgré tout, je décide de partir. C’est jamais très agréable de passer ces premières heures de l’année avec quelqu’un que l’on ne connaît pas. Alors j’attrape ce qui semble être ma veste et part de là.

Je fais quelques mètres avant de fouiller mes poches. Si j’ai bien fait mon coup, mon Alètheia doit se trouver dans ma poche.

Bingo !

Je l’avale directement et prends la direction de ma maison. Il fait nuit et je ne reconnais aucune maison. J’espère que je ne suis pas trop loin de chez moi et que je reconnaîtrai rapidement les environs, sinon il faudra que j’attende environ deux heures pour que le comprimé fasse effet et que je sache enfin où je suis.

Et c’est ce que je me retrouve à devoir faire finalement.

Le quartier ne me dit pas grand-chose pourtant, j’ai l’impression que je ne suis pas si loin de chez moi. Le problème, c’est que je tombe de fatigue et que je n’ai jamais pris le médicament aussi tôt. Les souvenirs qui vont me revenir risquent de me provoquer une migraine ou quelque chose dans le genre. Je ne sais pas ce que ça fait de retrouver ses souvenirs d’un coup tout en étant conscient mais ça ne doit pas être forcément agréable. Alors je décide d’aller dans un parc que j’aperçois à la lueur des réverbères. Je m’allonge sur un banc et j’attends.

Les minutes s’écoulent à une lenteur mortelle et jusqu’à présent, je ne me souviens de rien. Je vérifie l’heure et vois que ça ne fait que quarante minutes que j’ai pris l’Alètheia. Cette nuit promet d’être longue.

Je somnole un instant. Je crois que quelques secondes sont passées et lorsque je veux regarder à nouveau l’heure, je découvre avec horreur que mon téléphone est à plat. Je n’ai vraiment plus qu’à attendre que quelque chose me revienne à l’esprit. Quelque chose comme une adresse ou un chemin où passer pour rentrer chez moi.

Mais rien.

Alors j’imagine ce que j’ai bien pu faire pendant l’année précédente. J’ai sûrement raté mon bac et dû redoubler. J’ai encore dû passer la majorité de mon temps avec Reece _ d’ailleurs je m’étonne de ne pas avoir fait le Nouvel An avec lui _ et le reste du temps j’ai sûrement joué à la console. Je me demande d’ailleurs quels jeux ont pu sortir dans l’année. J’ai peut-être une copine, qui sait ?! Une jolie copine avec de jolis yeux que j’aurais envie de regarder, des cheveux doux pour que j’y glisse mes doigts et une jolie bouche que je voudrais embrasser.

Un peu comme Riley.

Riley.

RILEY !

Maintenant, je me souviens ! Je … tout est là ! Tout est revenu ! Enfin, non, pas tout. Mais c’est en train de revenir petit à petit, à commencer par Riley.

Riley qui est important à mes yeux.

Riley qui est le garçon que j’aime.

Riley qui est le garçon que j’ai abandonné chez lui sans aucun souvenir de moi.

Je me lève du banc et me mets à courir à une vitesse incroyable. Maintenant je reconnais ces rues et ces maisons. Et surtout, je reconnais la maison de Riley. Mais à peine ai-je le temps de monter les marches du perron que la porte d’entrée s’ouvre à la volée. Une main attrape violemment mon pull et des lèvres rencontrent les miennes avec empressement.

— Bonne année bébé, me dit finalement Riley en s’écartant de ma bouche. Je t’aime.

— Bonne année et je t’aime, je réponds, des larmes de joie coulant le long de mes joues.

Oui je l’aime. Et je pourrais l’aimer autant de fois qu’il le faudrait, je pourrais l’aimer quatre, dix ou cent fois, mais pas aujourd’hui. Parce qu’il semblerait que l’aimer trois fois soit suffisant cette fois-ci.

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