L’éclaireur
À l’époque, je m’imaginais mal divulguer à mon entourage l’expérience singulière que je venais de vivre, à moins que je ne devienne chaman. Dans un premier temps, je confiais mon échantillon de graminées au laboratoire de biologie du CNRS. Un courrier de Quimper me parvint au bout de quinze jours, me révélant que le génome des spores était indécryptable. Sans réfléchir, je décidai de poursuivre mes investigations et contactai un institut d’exobiologie parisien. Je donnais par téléphone une version acceptable de l’évènement qui m’était arrivé, le 19 octobre 2017, en expliquant que j’avais respiré une substance allergène tombée du ciel, tandis que j’effectuais mon footing quotidien dans la forêt de Brocéliande. Un rendez-vous me fut proposé deux semaines plus tard.
Aussitôt, les heures bridèrent les rouages du temps, l’attente devint insupportable jusqu’à la date cochée sur le calendrier. Je me présentai dans l’établissement d’exobiologie avec une confortable avance. Une jeune scientifique à l’abondante chevelure rousse déboula dans le hall, je présumai qu’elle avait été interrompue dans son travail par ma visite prématurée. Elle était chaussée d’une paire de lunettes à double foyer qui dissimulait ses yeux verts. La demoiselle baissa à demi les paupières et j’en profitai pour poser mon regard sur ses seins, elle commença à rougir. Sans attendre, je lui présentai le courrier du CNRS pour briser la glace.
— Mademoiselle Lafka, je vous remercie de me recevoir en personne.
La scientifique réajusta ses binocles en écaille pour identifier mon nom sur la feuille, puis éternua sans retenue.
— Pardon ! Satané rhume.
À l’aide d’un kleenex, elle tapota l’imprimé puis se moucha copieusement.
— Vous êtes mon…, monsieur Nathan Elfie, 31 ans, kinésithérapeute et domicilié à Paimpont, c’est bien ça ?
— C’est exact, j’aimerais vous déposer ce tube d’échantillon pour connaître son origine.
- Je vous demande quelques instants pour lire le compte-rendu. Ainsi, vous avez respiré un pollen qui vous a indisposé. C’est étrange que le CNRS n’arrive pas à déchiffrer son génome. C’est eux qui vous ont adressé ici ?
- À vrai dire, c’est moi qui en ai pris l’initiative.
- D’habitude mon travail consiste à analyser les météorites qui chutent sur Terre, pas les végétaux.
- Je comprends que ma démarche vous étonne, mais je ne sais vers qui me tourner pour obtenir une réponse.
— Excusez ma franchise, mais vous n’avez pas trouvé le Saint Graal. Pour être précise, cinquante à cent tonnes de grains interplanétaires tombent quotidiennement sur le sol. Certes, nous découvrons parfois des minéraux inexistants à l’état naturel comme la wassinite qui associe le soufre et le titane. À cet effet, je dispose d’un microscope électronique capable d’analyser des micrométéorites de l’épaisseur de 1/100ème de cheveu humain. Malgré cela, je n’ai rien décelé sous le soleil depuis une décennie !
— C’est évident que je n’ai pas vos compétences, mais quand j’étais adolescent, mon parrain m’a offert un bouquin des frères Bogdanov. Depuis, je suis convaincu que des formes de vie se sont développées dans les atmosphères de diverses exoplanètes.
— Dites donc, votre théorie est hallucinante pour un néophyte comme vous.
— Voyez-vous, mademoiselle Lafka, je ne suis pas foldingue des films de science-fiction. Il serait ridicule de découvrir des êtres semblables aux humains dans d’autres galaxies. Qu’en pensez-vous ?
- Au risque de vous décevoir, seules quelques bactéries survivent dans le système solaire. Les deinococcis radiodurans résistent aux radiations et au vide de l’espace. Dans l’état actuel des choses, elles ne se sont pas encore métamorphosées en Alien, à ce que je sache. Excusez-moi, mais j’ai fort à faire. Communiquez-moi vos coordonnées, je vous recontacterai quand les résultats seront prêts.
Cette entrevue me laissa un goût amer dans la bouche. L’idée m’avait traversé l’esprit de tout déballer à l’exobiologiste, mais je m’étais ravisé à temps. Inutile de me brouiller avec la seule personne capable d’éclairer ma lanterne.
Tandis que je rejoignais la nationale, j’imaginais la rouquine se remettre à l’ouvrage dans son laboratoire et bombarder de faisceaux d’électrons mes mystérieux grains de pollen. À première vue, les molécules carbonées n’offraient rien d’exceptionnel. Avant de déclarer forfait, elle devait prélever d’autres échantillons dans la forêt de Brocéliande, pile à l’endroit où j’avais trouvé la substance. Un coup de klaxon interrompit le fil de mes pensées et je réintégrai la réalité, rempli d’incompréhension.
En fin de semaine, mon téléphona sonna vers vingt heures, je décrochai la boule au ventre.
— Allo, monsieur Elfie, c’est l’institut d’exobiologie, j’ai travaillé sur vos prélèvements qui contiennent des micrométéorites carbonées classiques. C’est-à-dire une chaîne de protéines qui renferme quelques centaines d’acides aminés, rien d’excitant en somme.
— Flûte alors ! Vous êtes sûre, mademoiselle Lafka ?
— Tout à fait, mais j’ai appris par un confrère astrophysicien qu’un objet interstellaire a été identifié par un télescope hawaïen dans le système solaire le 19 octobre dernier. Confirmez-moi que c’était le jour exact de votre footing en Bretagne ?
— Oui ! je ne suis donc pas l’unique témoin de cet évènement.
— Qu’entendez-vous par là ?
— Je vous suggère de nous retrouver en forêt de Brocéliande, je vous expliquerai l’expérience que j’ai vécue.
— Justement, j’allais vous le suggérer, car j’ai besoin d’autres prélèvements pour valider la version d’une chute de météorite et votre contamination par panspermie.
— C’est incroyable, voilà que mes visions se réalisent.
— Euh ? Bonne journée, monsieur Elfie, à samedi prochain !
Le week-end suivant, Marie débarqua son matériel encombrant du SUV de l’institut. Elle semblait plus équipée pour enquêter sur une scène de crime que pour effectuer une randonnée. Malheureusement, j’étais cannibalisé par mes acouphènes, et je grimaçais d’inconfort. Je pris une grande inspiration et lui conta ma rencontre avec l’Alien puis mon épopée rocambolesque dans la Voie lactée.
- Ce ballon vert est tombée du ciel et palpitait comme un cœur quand je l’ai touché. Il a ensuite ouvert les yeux où un nystagmus balayait ses trois pupilles rouges, puis son proboscis m’a tapoté le visage. Je pense qu’il a tenté de communiquer avec moi. Son chatouillis m’a fait trembler de la tête aux pieds et il m’a craché un pollen gluant à la figure. J’ai dû effrayer cette créature extraterrestre qui est morte par ma faute lorsque j’ai tenté de la capturer. Elle a éclaté comme un ballon de baudruche entre mes mains, sauf que ses prunelles rubis se sont détachées de la sphère pour rejoindre le ciel. Peu après, j’ai été transporté dans la Voie lactée par une force invisible. Et devinez quoi ? Eh bien j’ai assisté à l’éjection de l’Alien, d’un vaisseau spatial qui avait la forme d’un concombre, vers la Terre. Depuis mon retour sur la planète bleue, un étrange bourdonnement me martèle les tympans. Un bruit qui change de tonalité que je n’arrive pas à identifier. J’ai l’impression que mon cerveau cherche une fréquence de radio en vain, je suis décontenancé.
J’observais Marie qui roulait des yeux puis fixait ses chaussures sans répondre. À première vue, elle me croyait sous l’emprise de stupéfiants pour être l’auteur de pareilles inepties.
- Euh ?! Maintenant, laissez-moi me concentrer pour éviter des contaminations croisées, sinon c’est fichu. Voilà, les fougères sont emballées selon le protocole.
Marie étiqueta avec soin les sachets, puis les glissa à l’intérieur d’un contenant stérile.
- Bien que des bactéries extraterrestres aient voyagé d’exoplanète en exoplanète, je n’ai jamais découvert de telles créatures sur Terre. Les hypothèses des frères Bogdanov ne sont pas vérifiables. Je suis désolée de briser votre rêve de gosse.
Elle réfléchit un instant et pointa son doigt vers le ciel.
— Ah oui ! j’allais oublier, mon confrére astrophysicien m’a envoyé un email vendredi soir. L’objet interstellaire n’est pas répertorié en tant que comète ou astéroïde, de plus, il réfléchit la lumière comme une surface métallique. Quand il est passé à proximité du soleil, il n’a pas obéi au champ gravitationnel, mais s’en ai écarté. Appelé « Oumuamua », par les Hawaïens, qui signifie l’éclaireur, il a accéléré après son passage devant l’astre puis s’est dirigé vers l’héliosphère. Certains astrophysiciens pensent que c’est une épave de voilier solaire qui mesure cent mètres de longueur, conçue par une intelligence extraterrestre. Je vous avoue mon scepticisme concernant cette version des faits.
— Mademoiselle Lafka, vous voyez bien que je n’affabule pas. Vous avez déniché des photos de l’engin ?
— Malheureusement non. La fenêtre d’opportunité s’est refermée avant que les satellites n’aient pu tirer son portrait. La luminosité a décru à mesure qu’Oumuamua s’éloignait du soleil. En revanche, la manière dont l’objet exotique a réfléchi la lumière solaire a permis de le dessiner.
— Allez, dépêchez-vous, montrez-le-moi !
Marie fouilla dans son sac pour extirper son portable. Le bruit de ses ongles écorchant le tissu synthétique me chatouilla les tympans et me fit grincer des dents. Elle colla ensuite ses binocles opaques sur l’écran.
— Eurêka ! j’ai trouvé.
— Quoi, une forme de pancake aplati ? Non, non, c’est une farce ! Je vous l’ai pourtant décrit comme un cylindre géant.
Contrarié, j’esquissais ma vision d’Oumuamua au dos d’un ticket de stationnement qui traînait dans ma poche.
— Regardez ! Voilà le voilier solaire.
La taupe rouquine jeta une œillade sur le graffiti.
— Écoutez Nathan, je ne corrobore pas votre théorie fumeuse. Mon rôle se limite à l’analyse des nouveaux prélèvements. Maintenant que ma collecte d’échantillons est terminée, je rentre à Paris. Ah oui ! à propos de vos acouphènes, je vous conseille de passer une IRM par précaution. Je ne veux pas vous porter la poisse, mais c’est peut-être une tumeur qui vous joue un vilain tour.
— Sympa ! vous faites tout pour me rassurer.
Marie ôta ses lunettes et souffla dessus pour chasser la poussière. Ses yeux auparavant rétrécis par les verres concaves illuminaient maintenant son visage mutin. Aussitôt, je lui adressai un sourire aguicheur.
- Au contraire, une personne avertie en vaut deux. N’oubliez pas de me donner de vos nouvelles, sinon je vais m’inquiéter, cligna-t-elle de l’œil.
- Vous pouvez compter sur moi, d’ailleurs je m’en occupe dans l’heure. À bientôt, chère Marie.
Je ne démordais pas de l’idée qu’une intelligence extraterrestre m’avait contacté. J’avais été choisi parmi plus de sept milliards d’humains pour vivre cette expérience stupéfiante. Pourtant, des voix interstellaires parasitaient mon tympan auditif sans que je n’en comprenne le sens.
Sur la route du retour, je fis un crochet par Vannes pour prendre rendez-vous dans une clinique radiologique. Le seul créneau disponible n’était pas avant un mois. Je fus aussitôt rongé par l’angoisse qui perdura jusqu’au jour fatidique.
Aussi ponctuel qu’un roi, je me présentai à la clinique avec un quart d’heure d’avance. Tandis que je m’allongeai sur la table autoguidée, mes acouphènes entrèrent en résonance magnétique avec l’instrument de contrôle. Une série de cliquetis entremêlée de sifflements et de grincements se diffusa dans la salle d’examen. Je me mis à hurler de douleur et les soignants se bouchèrent les oreilles. Après une brève syncope, je repris connaissance, entouré du personnel médusé. Le médecin-chef m’expliqua qu’un corps étranger de quelques microns parasitait mon conduit auditif. Chose qui élucidait mes acouphènes. Le praticien s’interrompit tout à coup puis me restitua le compte-rendu. Le document précisait que l’intrus piégé dans mon ouïe émettait des vocalisations singulières.
Le médecin toussota pour attirer mon attention, puis sortit d’une poche de sa blouse son iPhone. Il me fit signe de l’accompagner dans son bureau. Après avoir fermé la porte aux curieux, il me pria de m’asseoir.
— Monsieur Elfie, ça va mieux ?
— Oui, merci docteur, j’ai cru un instant que ma tête explosait.
— Bien, j’ai réussi à mémoriser la cacophonie pendant votre évanouissement. De plus, j’ai visualisé l’intrus prisonnier de votre conduit auditif, c’est un microphone-espion. Souhaitez-vous récupérer un enregistrement MP3 ?
— Bien sûr, quelle question !
— Vous êtes un agent secret ou quelque chose du genre ?
— Cessez de vous faire un film, filez-moi plutôt la copie !
— O.K., mais c’est cinq mille euros pour ce service. Faites-moi un virement de votre compte bancaire à partir de votre portable, c’est plus rapide.
— Mazette, c’est cher payé.
— Dans ce cas, j’efface la preuve sous vos yeux.
— Non, arrêtez ça ! j’en ai besoin, c’est d’accord.
Aussitôt dans mon véhicule, j’appuyai sur le bouton d’enregistrement. La caisse de résonance me vrilla le cerveau et je balaçai mon portable qui valsa sur la banquette arriére. Je m’éjectai de l’habitacle et je décomptai les minutes qui restaient sur l’écran à travers la fenêtre arrière. Un agent de police municipal intriqué par mon comportement s’approcha à pas de loups.
— Alors mon gaillard, tu crois que j’ai pas compris ton manège !
— C’est ma voiture, monsieur l’agent, mon téléphone m’a agressé les tympans.
— Tu te fiches de moi, allez au poste !
Je restais en garde à vue au commissariat de quartier jusqu’à l’arrivée des résultats de dépistage toxicologiques par mail. Je ne fus libéré qu’en fin de journée.
Malgré cet incident, j’avais entraperçu quelques stridulations qui m’évoquaient un chant de dauphins. A l’extérieur de mon véhicule, je balayais alors de l’index l’écran de mon portable pour visualiser plusieurs vidéos de mammifères marins, je m’arrêtais sur celle de Willy Méru. Ce zoothérapeute soignait les troubles de l’autisme depuis vingt ans à Papeete et avait enseigné l’alphabet des sourds et muets à son animal fétiche, Kiko, un mâle de cent cinquante kilos, âgé de trente ans.
Peut-être ce dauphin déchiffrerait-il le message codé qui se diffusait dans mon cerveau ? Sans hésiter un instant, je m’enquis des tarifs d’avion les moins chers pour Tahiti.
Le pot-de-vin versé au radiologue ne me permettait pas de débourser la somme nécessaire, d’autant plus que je venais de contracter un prêt immobilier pour acquérir mon appartement. Je tapais du poing sur mon volant et lâchais quelques noms d’oiseau avant de retrouver son calme. Tout à coup, le ciel s’éclaircit dans mon l’esprit. Marie Lakfa ne semblait pas indifférente à mes charmes. Sans ses foutues lunettes qui l’enlaidissaient, c’était même une jolie fille. Peut-être accepterait-elle de m’accompagner en Polynésie, moyennant finance ? Je tentais le tout pour le tout et composai son numéro de téléphone.
— Allo, Marie ?
— Mais c’est le messager d’Oumuamua, je pensais que vous m’aviez oublié ?
— Justement, j’ai suivi tes conseils…
— Tiens, on se tutoie maintenant ?
— J’ai effectué l’IRM qui m’a coûté un bras.
— Tu n’as pas souscrit de mutuelle ?
— J’ai eu affaire à un maître chanteur qui m’a délesté de cinq mille euros. J’ai un microphone dans l’oreille qui parle en langue delphinique.
Marie pouffa de rire, je m’évertuais de poursuivre à contrecœur.
— Écoute, je dois rencontrer d’urgence un zoothérapeute à Papeete. Lui seul peut m’aider à résoudre cette énigme, je t’emmène ?
— Tu es sérieux Nathan ? Je suis sans nouvelles de toi depuis un mois, et tu réapparais dans ma vie en faisant la roue comme un paon. De plus, je n’ai déniché aucun échantillon intéressant dans la forêt de Brocéliande pour étayer ma future thèse. C’est un mauvais plan pour ma carrière. Si tu cherches une fille, mate plutôt les sites de rencontre. Salut et bon vent !
— Ce n’est pas ma faute… (Marie lui raccrocha au nez)
En désespoir de cause, je rendis visite à mon banquier dans la foulée. Mon compte débiteur n’incita pas le gestionnaire à desserrer les cordons de sa bourse. D’autant plus que je m’étais endetté sur vingt ans pour acquérir mon logement. S’il était impossible de prendre l’avion, effectuer le trajet en cargo était envisageable à condition de rendre service. Le jour même, je fis affaire avec le commandant d’un bateau-usine brestois en partance pour Papeete et je posai illico congé à la maison médicale, puis je rassemblai quelques vêtements dans un sac à dos. Pendant trois semaines, j’affrontais le mal de mer et les courbatures provoquées par la manutention des maudites caisses de sardines.
Arrivé à destination, mon estomac jouait au yoyo et je zigzaguai encore nauséeux vers l’embarcadère des bateaux-taxis. L’institut TAD de Willy était situé à l’écart de la capitale vrombissante. Un mille nautique plus loin, Willy Méru équipait les enfants de gilets de sauvetage sur le ponton du site. Je décidai de rester discret jusqu’à la fin des cours et je somnolai avachi sur un stapontin . En fin d’après-midi, le Zoothérapeute me réveilla en faisant criser sa barbe drue entre ses doigts.
— Bonjour monsieur, à qui ai-je l’honneur, vous êtes journaliste ?
— Non, je suis Nathan Elfie, un fan de dauphins. J’aimerais que votre animal déchiffre cet enregistrement.
— Fichtre, vous empestez la sardine, Kiko va adorer ça. En revanche, personne ne m’a jamais fait cette demande saugrenue en vingt ans de carrière. Mais bon, c’est vous qui payez.
— Combien ?
— Disons cinq cents euros pour dix minutes de traduction.
Je déglutis avant de pouvoir répondre.
— Marché conclu, voici l’argent !
Willy enfonça les billets dans sa poche, et siffla Kiko qui fendit l’eau comme une fusée jusqu’à hauteur du maître accroupi près du bassin. Je mis en route mon MP3 et le dauphin écouta la bande sonore en dodelinant de la tête. Willy fronça les sourcils puis attendit la fin de l’enregistrement avant d’exprimer son point de vue.
— Bizarre, comme c’est bizarre ! Votre cétacé possède des cavités nasales malformées, à moins que ce soit une voix de synthèse conçue par une intelligence artificielle. Je ne suis pas sûr que mon Kiko comprenne ce charabia.
Pourtant le dauphin poussa du museau les cubes d’alphabets flottants sur l’eau et les assembla un par un. Une fois sa mission terminée, il applaudit son auditoire en effectuant un triple salto arrière. J’étais trempé comme une soupe et je m’approchai de l’espace ludique pour lire le communiqué.
— « Salut terrien ! Je suis une intelligence artificielle en provenance de la constellation du poisson sacré Delphis. Je recharge ma photovoile sur l’astre solaire afin de poursuivre ma route. Entretemps, j’ai envoyé mon ambassadeur sur Terre pour recueillir ton ADN. Je me suis autoprogrammée pour créer une nouvelle espèce biologique destinée à remplacer la civilisation delphisienne qui m’a fabriquée. Celle-ci s’est éteinte il y a bien longtemps et je m’ennuie à mourir ».
Willy, époustouflé par la traduction sans équivoque, secoua la tête.
— C’est quoi ce truc dément, vous êtes qui d’abord ?
— Celui qui a réalisé un petit pas pour l’homme, mais Kiko a accompli un grand pas pour l’humanité !
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