À propos des boîtes de conserve
Dans chaque ville que je traverse, le même constat me trouble. Indéniable. Sans appel. Des gens vivent dans des boîtes de conserve.
Des boîtes de tôle ondulée, briques ou cylindres, dont on suspecte toujours le toit de receler quelque bitogno amovible.
Je ne parle pas de taudis, de bidonvilles ou d'abris de fortune. Non. Je parle d'immeubles de conserve, en amas, en terrasses. Je parle de mairies, de départements, de régions, d'ingénieurs, d'architectes, d'urbanistes, qui un jour ont été frappés par cette idée extraordinaire : "Si nous mettions les gens dans des boîtes de conserve ?"
Ne doutons pas qu'ils ont trouvé cette idée formidable. Novatrice. Révolutionnaire ! La preuve : leurs pairs ont acquiescé, des familles entières ont investi les packagings XXL et, désormais, des gens vivent dans des boîtes de conserve, entassés comme des petits pois.
Et moi, en levant les yeux sur nos celliers à ciel ouverts, je me demande si ces génies mangeaient, eux, de la bouffe en boîte.
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