Solo : les origines

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Han rendait compte de sa journée au général Wilhuff Tarkin quand le sous officier d'intendance annonça l'arrivée du capitaine Harryngton. Il était grand, les épaules larges avec un visage poupin qui trahissait la naïveté de ses 20 ans. Chargé du ravitaillement, il venait de livrer des victuailles, des nouveaux véhicules et du matériel divers. Il tenait à la main, ou plutôt trainait, un monceau de poils qui s'agitait mollement.

Tarkin lui jeta un regard inquisiteur.

  • Qu'est-ce donc que cette... chose?
  • Je l'ai trouvé en train de voler dans l'un des containers de ravitaillement. C'est un jeune wookie. Il est dans un sale état mais remis sur pied, il pourrait vous servir.

Il sortit le pistolaser et le pointa sur le voleur.

  • Sinon je l'abats et on n'en parle plus.

Tarkin hésitait toujours.

  • Si vous le permettez, je peux m'occuper de lui, proposa Han qui le suppliait du regard.

Sur un signe de tête du général, il releva le wookie, se précipita vers la sortie au cas où il recevrait un contre-ordre et l'entraîna dans ses pénates.

Il habitait un baraquement au milieu de la décharge. Il n'avait que treize ans mais avait déjà été témoin de terribles bouleversements. Corellia n'était plus la planète verte et luxuriante qu'il avait connue. Elle ressemblait à Pandora de la constellation de Samona. Mais depuis la révolte, deux ans auparavant, des corelliens qui voulaient s'affranchir de la tutelle de l'empire, la planète avait été transformée en déchetterie pour Coruscant et pour l'armée. Elle était divisée en différentes décharges : déchets ménagers, industriels, commerciaux et militaires où étaient entreposés les armes, vaisseaux et autres matériels rejetés par l'armée. Pour ce faire, l'empereur avait ordonné le génocide des habitants composés essentiellement d'humains et de wookies. Ces derniers vivaient à l'écart des premiers et, bien qu'ils n'aient en aucune manière participé de près ou de loin à la révolte, ils avaient été exterminés de la même façon. Certains avaient pu s'échapper et, le malheur les rapprochant, constitué le noyau de ce qui deviendrait plus tard la rébellion, sous la bannière du sénateur Leia Organa.

Sur la terrasse de la résidence militaire, Tarkin aimait se rappeler ces exploits dont il était l'exécuteur. L'empereur l'avait assuré de son immunité. Corellia était une planète inconnue, loin des routes commerciales. Personne ne s'en préoccupait. Le général s'était mis sous la protection de Dark Sidious, un Sith très puissant.

  • Vous savez ce qu'il faudrait, lança-t-il à Harryngton. Tout cela est trop long et trop couteux. Une arme capable de détruire une planète aurait fait notre affaire. Mais au lieu de cela, je pourris dans ce trou depuis deux ans. Ce n'est pas le travail d'un militaire ici. L'empereur aurait pu s'adresser à la ligue du commerce qui trouverait bien à faire du bénéfice avec ces déchets s'il ne l'avait pas exterminée, ça fait combien de temps maintenant ? 6 ans. C'est cela ça fait 6 ans.

La nuit était tombée. La température était douce. Le bouclier filtrait l'odeur fétide de moisissures et de rouilles qu'un vent léger apportait des collines aux formes déchiquetées qui s'étendaient à perte de vue. Les lampadaires dessinaient un entrelac à la luminescence blafarde où s'agglutinaient les insectes, se dessinaient les silhouettes des carcasses métalliques et que hantaient les souvenirs des millions de morts.

Au pied d'un monticule, une lueur vacillante indiquait qu'il y avait encore de la vie au milieu de toute cette désolation. Han venait de sortir le repas du four. Ce doux fumet parvint au nez sensible du wookie qui leva la tête. Au milieu des poils, il distinguait les deux yeux et la truffe sans éclat qui pointait vers la nourriture. A peine servi, il vida la gamelle en quelques bouchées et lança vers le garçon un regard quémandeur. Celui-ci hésita puis finit par lui tendre son assiette.

  • Prends ma part ; de toute façon je n'ai pas faim.

Le wookie ne se fit pas prier. Quand il eut tout englouti, il laissa l'assiette sur le sol et s'écroula de sommeil, terrassé par une journée éprouvante.

Han l'observait, se demandant ce qu'il pourrait faire de lui. Il ne s'imaginait pas un seul instant devoir travailler avec un tel équipier. De toute façon, il ne comprenait rien aux grognements, feulements ou halètements qui constituaient son langage.

Le lendemain, le général le convoqua pour lui ordonner de former le wookie pendant qu'un soldat lui installait au pied un bracelet électronique. S'il dépassait le périmètre autorisé, un incident serait déclenché et il serait puni. Cela lui rappelait qu'il en avait un, lui aussi, symbole de sa condition d'esclave.

  • Commandant, comment voulez-vous que je le forme, je ne parle pas ...
  • Mon garçon, ce n'est pas mon problème. Tu as six mois. Si dans six mois, il n'est pas opérationnel, je n'aurais aucune raison de le garder. Et pour te motiver, tant qu'il est en formation, vous n'aurez qu'une ration. Je ne nourris pas les bouches inutiles.

Han serra les lèvres et le foudroya du regard.

  • Dis-toi que je te donne un compagnon. Tu ne devrais pas te plaindre, conclut Tarkin

Se plaindre, il en avait des raisons de se plaindre ! Sa belle planète saccagée pour devenir la décharge de l'empire, ses parents tués sous ses yeux et maintenant il était réduit en esclavage, obligé d'obéir, ne vivant plus par lui-même, mais au travers des désirs des autres. Un jour, il s'évaderait de cet enfer et plus personne ne lui dicterait ce qu'il devrait faire.

Il en avait marre de ce commandant ! Il en avait marre de cette décharge ! Il en avait marre de la vie ! Pourquoi n'était-il pas mort pendant la grande purge de Corellia? Ce n'était pas la vie qu'il espérait. Il rêvait de grands espaces, de partir vers les étoiles. Mais sa vie se résumait à l'horizon limité des collines de ferraille dans un esclavage qui lui pesait de plus en plus. Elle n'était que colère rentrée et frustrations qui grandissaient de jour en jour.

Il claqua rageusement la porte de son baraquement.

  • Marre, marre, marre ! cria-t-il.

Il serra les poings, le regard farouche. Le wookie se fit le plus petit possible. Han faisait les cents pas, contenant sa rage. Il finit par donner un coup de pied dans une caisse qui déversa bryamment son contenu à l'autre bout de la pièce. Le wookie gémit de peur dans son coin. Han s'en aperçut et pour rassurer son compagnon qui en avait assez vu se força au calme.

  • Désolé ! Ce n'était pas contre toi. C'est juste un ras-le-bol. Je ne te veux aucun mal.

Son colocataire resta prostré dans son coin. Il n'osait bouger. Il le regarda préparer le petit déjeuner. Il prit le biscuit qu'il lui tendit et accepta la boisson chaude qui lui fit beaucoup de bien. Mais il restait prostré à gémir doucement, émettant une plainte déchirante qu'il était inutile de traduire.

Han éprouva de la pitié pour son stagiaire. Il constatait qu'il y avait plus malheureux que lui et il se fit la promesse d'être patient et doux avec lui en espérant qu'il s'adapte à sa nouvelle vie. Il ne connaissait pas la psychologie des wookies mais il voyait bien qu'il était déprimé, incapable de travailler et encore moins d'apprendre quoi que ce soit.

  • Il faut que j'aille travailler, fit-il avec la plus grande douceur dont il était capable. Je reviens dans une heure. D'accord ? Je ferme à clé. Personne ne viendra te déranger. Tu peux rester seul une petite heure?

Il entendit un petit grognement imperceptible.

Il referma soigneusement la porte derrière lui et resta un moment l'oreille collée à la paroi métallique. Il n'entendit aucun bruit.

Il prit le remorqueur et se dirigea vers la décharge militaire où l'attendaient une centaine de chasseurs TIE désarmés. Sur place, il prit dans le hangar le chalumeau ainsi qu'un androïde ferrailleur. Il passa une heure à démanteler les carcasses noires que son équipier cybernétique envoyait dans le container.

Il détacha la remorque et retourna au baraquement avec le speeder. Il prit soin de s'annoncer avant d'ouvrir la porte. Le wookie n'avait pas bougé.

  • Comme promis, je reviens. Ça va un peu mieux ?

Cette fois-ci, il eut un grognement encore timide mais clair. Il sortit sa réserve de petits biscuits.

  • Tiens, c'est pour toi. Prends ce que tu veux.

Il plaça la petite boîte sur le lit, à porter de main du wookie.

  • Je dois repartir. Je reviens dans une heure et je te prépare le repas.

Il reçut une petite plainte prolongée, presque un miaulement, à laquelle il n'avait rien compris. Il n'y fit pas attention et assura de son retour pour le repas.

Il retrouva le droïde là où il l'avait laissé. Il n'avançait guère dans son travail, se demandant si son colocataire resterait tranquillement sur le lit où il allait commettre quelque bêtise.

Dès qu'il put, il déposa le droïde dans le hangar et le chalumeau dans son placard et se dirigea vers le bâtiment d'intendance afin de chercher sa ration journalière ainsi que la gamelle des gardes qui patrouillaient dans les secteurs éloignés. Il devait déposer les repas dans leur cantonnement entre onze et onze trente. En dehors de cette fourchette horaire, il serait hors secteur autorisé et son bracelet émettrait un avis d'incident. Il s'arrêta dans une impasse et examina les rations généreuses et en préleva quelques morceaux de viande pour lui et le wookie. Les sentinelles avaient toujours droit à des rations supplémentaires. Personne ne s'apercevrait de son larcin.

Il se présenta à l'heure et passa la cantine chauffante au cuisinier qui l'attendait.

  • Dis donc, tu viens tôt aujourd'hui.
  • J'ai pensé que cela vous donnera le temps de préparer tranquille les repas.
  • Merci, c'est sympa.

Comme il sortait, le cuisinier, un second classe, le héla et glissa un récipient avec plusieurs morceaux de viande et des légumes.

  • Pour améliorer ton ordinaire.
  • Merci, mais je ne voudrai pas que vous ayez des problèmes...
  • Ne t'inquiète pas, personne ne s'en apercevra.
  • Merci encore et à demain, fit Han.

Il retourna au remorqueur d'un pas léger. La journée avait mal commencé, mais elle se terminait sous de meilleures augures. Il avait cependant un peu honte de profiter de la naïveté de ce soldat, mais il faut bien survivre et comme il le disait lui-même, personne ne s'en apercevrait.

Il gratta à la porte et comme plus tôt dans la matinée, il s'annonça avant d'entrer. Le wookie l'attendait tranquillement. Il constata qu'il navait pas touché aux biscuits. Peut-être qu'il ne voulait pas manger toutes ces provisions en son absence. Il mit avec une joie non dissimulée l'abondante ration du jour sur la table. Son compagnon n'en revenait pas. De la viande ! Son mets péféré auquel il ne pouvait résister ! Il poussa un son prolongé qui en disait long sur son plaisir anticipé d'un plantureux repas.

Tous deux mangeaient en silence et profitaient des plaisirs simples de la table. Après deux énormes steaks, il était repu, mais son équipier en demandait toujours plus. Il le laissait ingurgiter tout ce que son estomac pouvait contenir. En temps normal, il en aurait mis de côté pour les jours de restriction, mais il savait très bien combien un bon repas pouvait avoir un effet positif sur le moral. Le ventre plein, la misère semblait plus supportable et le souvenir des mauvais jours s'estompait, ne laissant que le contentement présent.

Pour l'instant, il fallait trouver un moyen de communiquer avec son apprenti. Il n'avait pas le choix. Il devait composer avec lui. Il ne voulait pas être la cause de son exécution simplement parce qu'il n'avait pas voulu se bouger un peu.

***

Pendant toute la semaine qui suivit, les problèmes de communication avec son protégé avaient été en partie résolus. Il avait découvert avec soulagement que le wookie le comprenait parfaitement alors que le langage de son équipier n'était que grognements incohérents à ses oreilles. Pour faciliter une communication par nature difficile, il devrait savoir comment l'appeler. Il lui avait proposé plusieurs noms et tous deux étaient tombés d'accord sur Chewbacca.

  • Hé bien voilà ! On avance !

Un grognement fit écho à sa remarque.

  • J'imagine que GRRRR GROOOW ! ça veut dire oui ?!

Chewbacca acquiesça de la tête. (montrer que Chewbacca rit pour la première fois du fait de la prononciation chaotique de Han. l'ambiance devient enjouée)

  • Maintenant, il me faudrait un traducteur. Je crois que j'ai ce qu'il faut, solliloquait-il, enthousiaste.

Il balaya la pièce du regard et se dirigea vers un coffre où il thésaurisait pêle-mêle tout ce qu'il récupérait et qui était réparable. Il était de ce fait devenu un bidouilleur très adroit. Il sortit un petit récepteur et le montra, triomphant. Chewbacca était admiratif. Il s'adaptait déjà au caractère parfois spécial de son mentor. Ces deux-là commençaient à s'apprécier.

Han ne l'admettrait jamais parce que de son point de vue, c'était une marque de faiblesse qu'il convenait de cacher afin que personne ne puisse l'utiliser contre lui.

Il leva l'index, comme il le faisait quand il avait une bonne idée ou quand il voulait dire quelque chose d'important.

  • Suis-moi. (Fin du chapitre 1)

Ils grimpèrent sur un remorqueur, véhicule léger mais puissant, aussi maniable qu'un landspeeder et qui permettait de déplacer les gros containers de déchets qu'envoyait l'empire. Il se dirigea vers le secteur des androïdes où se mêlait une multitude de têtes, bras, jambes, troncs et d'autres parties non identifiables. Il prit de la vitesse et s'amusa à prendre les virages en dérapages contrôlés, frôlant dangereusement des parois verticales. Là il montait sur les monticules de déchets pour rebondir à leur sommet et atterrir sur l'autre versant. Ici il passait sous des carcasses branlantes en poussant des hurlements de victoire. Chewbacca émettait des grognements prolongés. Ne les comprenant pas, il les prit pour des manifestations d'excitations engendrées par l'adrénaline. Ces moments-là tissaient des liens entre les deux garçons.

A votre avis, comment Han va-t-il communiquer avec le wookie?

J'ai ma petite idée. J'attends les vôtres.

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