La réalité
- ILS ONT QUOI ?!
- Mis fin à mon contrat. Enfin ! Le terme officiel est “non-renouvelé”.
- C’EST PAS VRAI ! QUAND ÇA ?!
- Mardi soir, après que tout le monde soit parti. Le proviseur a tenté de me faire signer un papier de sa main, imprimé alors que Mireille passait un coup de chiffon à côté. La décision est irrémédiable. Il avait déjà fait son choix lundi soir, quoi qu’il en dise.
- Mais… t… On sert à quoi nous au final ?
- Hey, y se passe quoi ?
- Figure toi que B*** a pas reconduit son contrat. Il l’a ni plus ni moins viré la veille de son jour de congé et…
- En fait, le dernier jour où je pouvais constituer un dossier et l’envoyer au rectorat pour candidater dans d’autres établissements.
- Et SANS concertation avec NOUS, ses collègues. Nate a toujours travaillé avec nous toute l’année, pas un jour d’absence et l’autre le vire dans un entretien sur son temps de cours. T’imagine ?!
- …
- Ho oh ? Alex ?
- C’est à dire que je comprends pas… C’est quoi les motifs ?
- Alors que de la mauvaise foi, non que je sois parfait. Je ne rendais pas assez de compte, je n’envoyais pas assez les plus turbulents dans son bureau (apparemment il y avait un quota), je ne disais pas où j’étais dans cet “immense” établissement. Ah et je devais apparemment faire plus de vie scolaire et chaparder des élèves en permanence, comme si c’était envisageable… Sauf qu’en vie scolaire on me voyait plus comme un enseignant et vous-mêmes, me voyiez comme un enseignant mais pas tout à fait, en tout cas pas comme un pion ; alors que subitement les CPE considèrent que j’aurais dû être 4h sur sept en vie scolaire. La logique, pour ce que j’en dis…
- C’est fou ça…
- Si je devais faire un résumé de la “réunion” lundi soir : c’était la gestapo. Dans son bureau, après 17h, Laurence et Agnès, plus le dirlo qui me rabaissent pendant dix minutes. La discipline c’est pas top, la surveillance vous êtes jamais dans la cour et toujours avec l’équipe enseignante, ce quoi, je le rappelle, on m’a employé pour. Niveau fond, c’était de la spéculation. Le pire étant qu’on m’a complimenté toute l’année pour mes cours et subitement, c’est devenu une ode à la démagogie. Si B*** s’était concerté avec vous ou les pions, il aurait pas trouvé grand chose à mordre, mais visiblement, il a décidé de me mettre à la porte.
- En plus, c’est le rectorat qui a cette décision, pas B*** !
- Voilà. Je pensais que vous aviez été mis au courant… mais visiblement personne ne le sait. Je viens d’en parler avec Sylvie, l’AVS de Mattis. Elle aussi est tombée des nues.
- On va en parler aux syndicats, t’inquiètes pas ! S’il croit qu’il va s’en tirer comme ça !
- C’est sympa, mais je n’y crois pas trop. Ils ont pas bougé d’un iota pour Gwenaëlle et B*** lui a monté un dossier calomnieux. D’ailleurs elle peut plus travailler en collège et c’est la parole du proviseur contre celle de l’AVS. Merci de l’intention néanmoins, ça fait chaud au coeur.
- C’est pas qu’une intention. Tu vas tout retranscrire, témoigner et on va faire remonter tout ça au rectorat avec notre soutien. Si tu dis rien, il va même grapiller sa prime annuelle.
- On peut essayer, mais j’y crois pas trop…
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