Chapitre 6 - Une audience avec le Roi

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- Où est-ce que tu m'emmènes ?

Tandis que Reiketsu conduisait, le maître des fléaux lui indiquait la route à suivre. Ils avaient quitté Kyoto depuis une heure déjà, et s'enfonçaient dans la campagne de plus en plus sauvage. La forêt d'Aokigahara s'étendait à perte de vue, la présence des routes devenait même surprenante à ce niveau. On parlait de cette forêt dense comme un nid à suicides et à yokaï, mais il était rare que des fléaux se concentrent dans un endroit sans humains. Pourtant, au loin entre les arbres, Rekeitsu les voyait se traîner.

- Ne t'inquiète pas, ils n'approcheront pas tant qu'il sentiront ma présence, lui assura Geto avec un sourire poli.

Il ne me fait pas confiance, comprit Reiketsu en opinant du chef. Mais ce sentiment était réciproque ; si le jeune homme se sentait en danger, il enverrait un message aux exorcistes et fuirait le plus vite possible. Combattre le puissant maître des fléaux était momentanément impossible, car sans énergie occulte, il ne serait qu'un ajout supplémentaire aux sombres rumeurs d'Aokigahara.

- Pour répondre à ta question, nous allons à un temple ancien.

- Tiens, ça me change, ironisa l'exorciste.

- Tu verras quand on sera arrivé.

Ce qu'ils firent au bout d'une demi-heure ; la route se termina sur un domaine, délaissé au vu des barrières rongées par l'érosion du temps et le lierre vorace. Le chemin qui menait au temple était trop défoncé pour que la voiture s'y engage, aussi ils se garèrent non loin et continuèrent à pied. L'air était lourd d'énergie occulte, si bien que la lumière peinait à pénétrer en ces lieux et les plantes semblaient à la fois mortes et folles.

Le temple était détruit, sa façade décolorée et son toit défoncé. Des pierres, poutres et tuiles délavées jonchaient le sol en cadavres oubliés par les hommes. Personne n'était venu ici depuis un sacré bout de temps, pensa Reiketsu en se penchant pour examiner une poutre sur laquelle était gravée de romaji datant de l'époque Heian... Ou même avant. Du temps où les fléaux parcouraient la terre en pullulant comme des pâquerettes.

- C'est très vieux, mais ça m'apporte quoi comme réponse ?

- Regarde.

Il leva les yeux pour suivre la direction que pointait le doigt de Geto, et il s'arrêta de respirer : les deux kanji représentant son nom de famille étaient inscrits sur l'entrée du temple. Comment était-ce possible ? Non, ça doit être une coïncidence... Néanmoins, les faits se pavanaient devant lui : la famille des Yakuseki était manifestement bien plus ancienne que ce qu'on lui avait raconté.

Sa mère et son père lui avaient appris que leur famille n'étaient que des exorcistes depuis trois générations. Pourtant, le style de construction, les talismans autour du temple... Est-ce vraiment un temple ? Maintenant que cette pensée lui traversait l'esprit, il remarquait le puits, les restes de champ envahis par la mauvaise herbe.

- Allez, viens. J'ai des choses importantes à préparer et mon planning est serré.

- Tss...

Reiketsu suivit le pseudo-moine dans l'enceinte du bâtiment, se baissant pour passer sous la charpente effondrée ou se tordre pour passer entre les gravats. Ils atteignirent une grande porte, qui était protégée par un sceau ; d'un geste, Geto le brisa et ouvrit la lourde porte.

Une salle.

La quantité d'énergie occulte était nulle. Mais pourtant, l'atmosphère à l'intérieur de la pièce était sinistre : le sol était en pierre, jonché d'ossements d'animaux et... quoi que ce puisse être. les murs avaient été couverts de peintures rupestres représentant des scènes fantasmagoriques, mais elles n'utilisaient que le rouge. Tellement de rouges différents que Reiketsu fut atomisé de stupeur devant ce spectacle cramoisi.

Au fond de la salle brûlaient des dizaines de chandelles devant une statue de métal rouillé, aussi rouge que le sol de Mars. Avec une posture fière, des bois immenses perçaient le front d'un humanoïde monstrueux, qui n'avait ni yeux ni nez, juste une bouche s'ouvrant sur des dents affamées. Et une couronne d'ivoire polie, d'une blancheur morbide, luisait sur son front.

- Putain, mais c'est quoi cette merde ?

- Je ne pense pas que tu ignores vraiment de quoi il s'agit, n'est-ce pas ?

Bien sûr que non.

Les pièces s'imbriquaient une à une, tandis que le cerveau de Reiketsu commençait lentement à saisir l'énormité de ce qu'il venait de découvrir. Après sept longues années de recherche, il avait enfin trouvé la réponse à sa question. Il savait enfin d'où provenait toute cette sale affaire.

C'était sa putain de famille depuis le début.

Geto eut dû remarquer son regard, car il ricana avant de dire :

- On dirait que tu t'en es finalement rendu compte ! C'est bien, le rituel sera plus facile.

- Le rituel ?

Geto fit apparaître un fléau derrière lui ; une sorte de boîte géante aux bras boursouflés dont l'ouverture n'était qu'une bouche sans fond, une langue violette dégoulinant hors du trou noir.

- Le rituel pour savoir exactement d'où provient ta marque, et comment faire en sorte que tu puisses l'utiliser pour entrer au contact avec le Roi Écarlate, bien entendu.

- Ah...

Il aurait dû mieux couvrir ses arrières, mais la précipitation et l'excitation à l'idée d'avoir enfin des réponses l'avait rendu trop négligent. Geto Suguru l'avait aidé, mais il restait un maître des fléaux, et avait sûrement eut des vues sur le Roi depuis fort longtemps pour parfaire sa technique de manipulation des malédictions.

Reiketsu mit sa main dans sa poche et lança le message d'urgence à tous les exorcistes dont il avait le numéro. Avec un peu de chance, ils tomberaient sur son cadavre et ses obsèques seraient honorables.

La boîte fonça sur lui, et l'avala tout rond.

Les ténèbres l'encerclèrent, puis le noyèrent dans un pétrole de négativité. Son corps ne répondait, plus, et il perdit conscience l'instant plus tard.

* * *

C'était un petit matin d'hiver. Papa et Maman avaient décidé de venir me chercher à l'école. On vivait loin du village, dans la forêt. Ma maîtresse me demandait souvent si tout allait bien à la maison, et je lui répondais que oui. Pourquoi elle ne voyait pas le monsieur tout moche sur son épaule qui lui malaxait les lolos ?

Papa me disait que la montagne nous protégeaient des esprits farceurs. Pendant qu'on rentrait, je les voyais qui essayaient de venir sur la route, mais les cordes sur lesquelles les papiers étaient accrochés les repoussaient. Ils avaient l'air d'avoir mal. J'avais six ans à cette époque quand j'ai demandé :

- Papa, pourquoi les esprits essayent toujours de passer, alors qu'ils savent qu'ils peuvent pas ?

Mon Papa m'avait regardé d'un air étonné, avant de se retourner vers Maman. L'expression sur leurs visages, ça je m'en souviens comme si c'était hier : ils souriaient et pleuraient en même temps. J'étais inquiet, je leur avais demandé si tout allait bien. Mais ils m'ont répondu :

- Tu es la fierté du clan, Reiketsu !

Le "clan" Yakuseki, ceux qui ont le devoir de porter le chagrin de ceux en deuil. Maman travaillait comme "notaire", et Papa travaillait à la police comme scientifique. Les deux côtoyaient la mort avec tellement de détachement que leurs habitudes avaient déteint sur moi ; je ne paniquais ou ne vomissait pas comme les autres enfants en voyant les cadavres.

Je les regardais comme un banal caillou au bord d'une route.

À la maison, cependant, les esprits étaient partout ; enfin, seuls ceux qui ne pouvaient nous faire du mal. Je n'en avais jamais parlé à Papa ou à Maman, jusqu'à ce fameux matin. Après cela, ils ont commencé à m'entraîner.

J'avais deux frères et une sœur : Genosuke, Heiji et Yokkako. Le premier pouvait voir les esprits, le second non, mais il arrivait à sentir leurs présences et on l'aidait à ne pas avoir peur quand il y en avait. Ma sœur ne parlait jamais. Maman disait que sa langue avait été volée par un esprit à sa naissance.

En rentrant, on jouait dans la neige à s'en geler les doigts, mais qu'est-ce qu'on s'amusait ! Genosuke et Heiji tentaient de me voler mon pantalon pour ensuite me pousser dans la mare gelée, mais Yokkako les bombardaient de boules de neiges afin de me couvrir tandis que je volais le drapeau de fortune qu'on s'étaient fabriqués.

Loin du monde et de ses problèmes, on regarde le malheur des hommes avec un oeil aussi glacé que la neige du mont Fuji.

Nos parents m'entraînaient en secret, et m'éloignaient de plus en plus de mes frères et sœurs. Puis, à l'âge de 8 ans, ils m'ont emmené dans la salle interdite. Pour aller le voir. Maman a commencé à murmurer des choses étranges, et Papa a... amené le chien. Je ne l'aimais pas, mais je ne le détestais pas non plus. Et en voyant son sang sur mes habits, son regard vide déformé par une terreur incompréhensible...

J'ai vomi devant un cadavre pour la première fois de ma vie.

Mais mes parents ne se sont pas arrêtés là. Apparemment, le rituel n'avait pas fonctionné comme ils l'entendaient. En les entendant discuter l'autre soir, j'ai saisi que le "sacrifice n'était pas sa hauteur". Pourtant, la maison a rapidement changé d'ambiance : les murs avaient commencé à grincer, et je croyais à certains moments que quelque chose m'épiait dans l'ombre.

La maladie a commencé à me toucher quelques mois plus tard : je toussais gras, j'avais des cernes sous les yeux et je ne parvenais plus à sourire malgré les blagues vaines de ma fratrie. J'étais irascible, imbuvable. Je ne mangeais presque rien et j'avais l'impression que tout le monde voulait me faire du mal.

À l'âge de mes 10 ans, mon père est venu me parler. Il était accompagné d'une femme étrange, avec un regard qui me faisait froid dans le dos. Le plus étonnant, c'était son front : une longue ligne de points de suture s'y trouvait.

- Reiketsu, comme ta mère et moi nous avons beaucoup de... travail à faire, voici ta nouvelle préceptrice : Akuwara Itadori. Elle sera aussi là pour te soigner et... tout le reste. Tu as bien compris ?

- Oui, père, lâchai-je simplement, méfiant comme un renard.

Mon apprentissage reprit de plus belle, mais cette fois il fut plus violent ; Akuwara était une femme extrêmement stricte, me poussant à mes limites jusqu'à l'épuisement total... au point que je crachais du sang. Ma maladie s'aggravait à chaque fois que j'utilisais mon énergie occulte, mais elle continuait sans relâche.

Un jour, elle partit sans prévenir, en laissant pour seul mot : "Je reviendrais vers vous quand le Prince sera prêt". Mes parents m'avaient battu, mais je n'étais pas en position de les blâmer : j'étais tellement occupé à les maudire que je n'avais pas remarqué immédiatement l'apparition de la marque sur mon torse.

Mais il était déjà trop tard.

Mes parents m'avaient ramené une nouvelle fois dans la salle interdite, la statue immense qui ne regardait que le néant avec un sourire d'extase. Mais cette fois, je hurlais de terreur en voyant mes deux frères et ma soeur attachés sur un autel, des clous plantés dans les poignets et les chevilles. Biblique, mais horrible et je ne pouvais pas le supporter.

Je tentais en vain de frapper mon père, mais ma faiblesse m'empêchait de me concentrer. Mes coups partaient dans le vide, mes bras ballant déjà fatigués retombaient le long de mon corps tandis que ma mère dansait comme une folle autour de l'autel...

...avant de planter le poignard rouillé dans la poitrine d'un, deux, puis trois de mes défunts congénères. Le plus drôle dans tout ça, c'est que je n'avais pas pleuré de chagrin. Je n'avais pas honoré le nom de ma famille.

Je l'ai brisé.

J'ai brisé le cou de mon père, envahi par une force monstrueuse. Une voix chuchotait à mon oreille de déchiqueter ses entrailles, puis d'étrangler cette truie qui m'avait mise au monde. De quel droit pensait-elle pouvoir m'enlever ce qui m'était précieux, simplement parce qu'elle s'était faite tringlée par un pauvre type après une soirée arrosée ?

L'amour se mut en haine quand le monde autour de vous bascule. On se rend compte qu'on est seul, que personne n'ira vous aider pour régler vos problèmes. Ce soir-là, je suis devenu adulte.

Ma mère a hurlé de douleur pendant que je l'étranglais. La couleur mauve de son visage valait tous les tableaux du monde, et le chuchotement se faisait encore plus insistant. Elle perdit connaissance, mais je tirais, tirais... C'était si bon ! Je ne m'étais jamais autant amusé.

- Tu as désormais le contrôle.

Cette voix, je l'ai entendue clairement. Dans le sang, la bile et les viscères, elle semblait provenir de l'essence même de ce rouge parfait, si fragile et puissant à la fois. Le son guttural et mélodieux me caressait, me berçant dans une mélodie douce et apaisante. Je m'endormis, tandis que la maison s'écrasait sur elle même.

Dans les ténèbres froides, je perçus un monde gargantuesque, aux proportions inimaginables. Des flammes léchaient les cieux avec un sourire délicieux, des pluies aux gouttes de la taille d'une voiture écrasaient les champs noircis aux arbres à l'écorce d'os et aux feuilles tranchantes, des créatures impies qui auraient effrayé le pire des fléaux.

Et je l'ai vu.

Sur son trône fait de métal et de corps vivants, il buvait le concept même de la vie, parfumé par des saveurs telles que mon nez ne pouvait supporter cette odeur. Sa couronne d'ivoire était la seule lumière dans cet univers irrecevable, pourtant elle m'aveuglait. Il me pointa du doigt, et termina de me faire Prince.

J'étais son servant, et je le serais à jamais.

Quand les ténèbres m'engloutirent, je sus que mon destin était de le faire régner sur mon monde.

* * *

- Oui...Oui ! hurla Geto en regardant la statue s'ouvrir avec un grincement horrible. Allez, viens à moi, Roi Écarlate !

CONNAIS TA PLACE, INSECTE

La puissance des mots n'était pas juste due à une simple technique, mais l'écrasante autorité du monarque ; Geto sentit se corps se courber instinctivement, et il grimaça d'agacement. Tant que le Roi ne se montrait pas, il ne pouvait pas être sujet à sa technique de manipulation, ce qui lui donnait un avantage sur Geto sachant que ce dernier ne savait pas quelles techniques la malédiction de grade spécial possédait.

Il se releva avec difficulté, tandis que l'entité lui envoyait des visions d'horreur et cauchemardesques. Mais pour le maître des fléaux qui sans cesse avalaient des fléaux au goût de chiffons usagés, tout en massacrant un village de singes, c'était insuffisant. Un pas après l'autre, Geto s'approcha de la statue.

- Petit, petit... se moqua-t-il, les bras ouverts comme pour accueillir un enfant. Viens voir papa !

- Papa est là, fils de pute !

Un flash noir.

Geto sentit sa joue se faire écraser, avant de voler à l'autre bout de la pièce. Préalablement couvert d'énergie maudite, son corps n'avait pris aucun dommage, mais c'était tout de même impressionnant. Le gamin n'a jamais montré une telle force de frappe...

Les exorcistes se divisaient selon lui en deux catégories : ceux qui utilisaient des stratagèmes et des techniques pour venir à bout de leur adversaire (souvent à l'usure), et les brutes qui se rapprochaient plus des singes, à leur manière de frapper les autres avec une force surhumaine.

Malheureusement pour Geto, Reiketsu faisait partie des deux catégories à la fois, ce qui le rendait imprévisible. Même sans Expansion de Domaine, son adversaire était évidemment aussi fort qu'un classe S. Et désormais, il ne faisait plus défaut à sa réputation.

Une énergie rouge émanait de son corps, fermant les blessures causées par le fléau Réminsecent, maintenant détruit. Geto éclata d'un rire fou :

- Putain ! Et moi qui croyais que tu n'étais pas aussi violent ! Une technique inversée ? Et un Éclair Noir dans la même journée ?

Il avait sûrement débloqué ce moyen au bord de la mort ; ça n'était pas rare que les exorcistes soient sujets à des power-up dans des situations critiques. Et puis, même si personne ne le croyait, en matière de contrôle d'énergie occulte, Reiketsu Yakuseki était un génie.

Le combat n'est pas en ma faveur... pensa Geto en sentant se fâner la présence du Roi ; il avait senti que son Prince allait se charger de "l'insecte"... Sachant qu'une confrontation directe lui coûterait sûrement la vie (un type de son niveau en plein effervescence de l'éclair noir serait monstrueux), Geto lui fit un signe de main.

- Bye bye !

* * *

- Reviens ! hurla Reiketsu en regardant Geto s'enfuir sur un gigantesque dragon arc-en-ciel, et il bondit vers le fléau.

Malheureusement, il ne fut pas assez rapide ; la queue du dragon lui glissa entre les doigts. Il jura en regardant s'envoler la créature dans le ciel, détruisant la cime des arbres au passage. Quand il ne put plus voir son adversaire, il regarda ses mains, avec l'impression qu'elles étaient là pour la première fois de son existence.

Un éclair noir.

Nanami-san lui en avait parlé ; d'après lui, le phénomène résidait autant dans la chance que dans le talent naturel. Mais maintenant, Reiketsu pensait que son appel à l'aide avait invoqué l'éclair noir... Il ferait des recherches plus tard, se dit-il en regardant derrière lui.

Trop concentré, il n'avait pas remarqué l'effondrement total du temp... de son ancienne maison. Avec le coeur serré, il s'imagina jouer avec ses frères et soeur dans la neige, riants et sans soucis du lendemain.

Il prit son téléphone, puis composa un numéro. Il porta l'appareil à son oreille, et, lorsque qu'on répondit à l'autre bout du fil, il dit d'une voix serrée :

- Allô, Yanagi ? C'est moi... Ouais, ouais, je vais bien, c'est juste que... Je peux passer à la maison ?...Tranquille, j'arriverais dans deux heures... Merci, et... à bientôt.

Il raccrocha, la main tremblante. Et c'est là qu'il s'effondra sur le sol en pleurant.

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