Chapitre 10 - Geto Suguru

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Le décembre 20, 2017.

Geto soupira ; il avait pourtant essayé toutes les méthodes possibles, pourtant le Roi Ecarlate ne répondait à aucune de ses suppliques. Cette saleté de fléau était vraiment très discret, mais un jour ou l'autre l'ancien exorciste mettrait la main sur le Seigneur de la Domination.

Seulement, après avoir appris l'existence de Rikka et de son réceptacle Yuta Okkotsu, ses plans avaient changé : il lui fallait cette malédiction à tout prix. Le problème, c'était Satoru Gojo : ce crétin de génie se mettrait en travers de sa route dès que Geto pointerait le bout de son nez au lycée technique.

C'était là que Miguel, Manami, Mimiko et Nanako entraient en jeu : de puissants maîtres des fléaux, bien incapables de vaincre ce putain de monstre mais qui le retiendraient le temps qu'il s'occupe de décapiter Okkotsu pour récupérer son corps, et Rikka par la même occasion.

- Il nous faudra l'effet de surprise pour pouvoir réussir ce coup d'éclat, déclara Miguel en ajustant son béret.

- Je peux utiliser ma technique occulte pour l'emprisonner et gagner du temps quand tu auras désactivé son Infini, ajouta Manami en faisant craquer ses poings.

- Vous n'avez aucune chance de le vaincre, alors ne vous surmenez pas, leur conseilla Geto, puis il se tourna vers les deux jeunes filles : Vous pensez être de taille contre le Prince ?

- On doit juste le faire courir, rappela Mimiko en haussant ses épaules. Nanako pourra m'aider à le fuir si besoin est.

- De toute façon, Geto-sama, nous ferons de notre mieux ! lui assura l'autre jeune fille avec un air déterminé.

- Je n'en doute pas. Bien ! (il frappa dans ses mains) Nous allons montrer à ces exorcistes et ces singes à quel point nous pouvons changer le monde avec notre puissance.

* * *

- En tout cas, ça fait plaisir de vous revoir, sensei ! fit Yuta en souriant à l'encontre de Reiketsu.

Ce dernier fumait une clope, sous le regard réprobateur de Maki et celui curieux de Panda. Inumaki, lui, avait les mains si froides qu'il les avait enfoui dans la fourrure du gros animal.

Cela faisait depuis un mois qu'il fréquentait une fois par semaine la bande des quatre jeunes exorcistes. De tous ceux qu'il avait déjà rencontré, Yuta faisait réellement exception à la règle : c'était un garçon pas trop empoté, un peu divaguant mais toujours serviable. Rei se retrouvait dans ce gamin, ce même regard mélancolique d'une personne qui n'a jamais demandé à être maudit.

Sous sa tutelle, il avait appris à maîtriser son énergie occulte avec une finesse exemplaire pour un première année, bien que ce soit encore insuffisant pour le niveau que lui demandait son grade spécial. La seule chose qu'il devait apprendre en bonne et due forme, c'était le maniement des armes, et Rei ne pouvait qu'applaudir Maki pour son talent naturel à lui enseigner cet art ancestral.

- Calme ta joie ; si on arrive pas à temps au café, on va geler sur place.

Ils étaient actuellement à Shinjuku, le froid de la ville les prenant presque de court.

- Je ne pense pas ! Être aux côtés de mes amis et d'un de mes senseis me suffit pour me réchauffer le coeur.

C'est vraiment un putain de protagoniste de shônen, pensa le châtain en tirant sur sa clope avec agacement. Reiketsu avait décidé de passer son premier Noël avec les élèves de Tokyo le jour-même, puis avec ceux de Kyoto le 22, pour que le 25 il soit de retour à Kyoto afin de le fêter avec les Tonisuka. Un programme de fin d'année chargé, mais au moins il s'ennuierait pas.

Tout à coup, il vit dans le ciel un gigantesque oiseau difforme descendre en piqué vers eux. Ils s'arrêtèrent, les élèves étaient impressionnés, mais pas Reiketsu, qui savait à qui ils avaient à faire :

- Geto Suguru... (il éteignit sa cigarette par terre et la jeta dans un poubelle non loin) On se voit partout, dis donc.

Le maître des fléaux était accompagné de plusieurs personnes, des collègues à lui sans aucun doute ; ces derniers restèrent en retrait.

- Yakuseki... Je ne suis pas ravi de te revoir, sachant que la dernière fois tu m'as balancé un éclair noir en pleine face.

- Simple façon d'exprimer mes sentiments amicaux, ricana l'exorciste avant de prendre un ton menaçant : Maintenant dégage ou je remets ça puissance double.

Il ne le vit presque pas bouger, et pourtant le maître des fléaux était déjà devant Yuta, lui serrant la main avec un air amical. Rei ne possédait pas les Six Yeux de Gojo, aussi il ne pouvait pas observer quelque chose de plus rapide qu'une balle. Hors, le meurtrier s'était déplacé à une vitesse folle. Combien il a de fléaux sur lui ?

- Ravi de te rencontrer, Yuta ! Je suis Geto Suguru, un admirateur !

- Euh... commença le jeune homme, un peu intimidé

- Tu sais, je suis quelqu'un de visionnaire : je souhaite que les exorcistes aient enfin la place qu'ils méritent. Ils ont du pouvoir, mais doivent se réprimer face à tous ces profanes qui grouillent partout. Chaque exorciste s'échine pour sauver la peau de ses ingrats, mais dans mon monde, ils seront obligés de reconnaître notre supériorité...

Rei grinça des dents ; cet enfoiré se la jouait encore avec sa philosophie misanthrope à deux balles, alors qu'il était juste un type qui avait abandonné plus tôt que prévu. De quel droit pensait-il que les humains normaux n'étaient pas dignes d'exister ? Rien que de penser à toutes ces personnes au grand coeur ou non, qu'il avait sauvé... L'idée de les voir s'agenouiller devant lui le rendait malade.

-...Et tu es le représentant parfait de cette idylle, Yuta ! Oui, toi et Rikka, vous serez la pièce maîtresse de...

Soudain, Maki repoussa Geto.

- Arrête de l'entortiller dans tes délires, espèce de sale criminel fou-furieux.

Lorsque ce dernier tourna son regard vers elle, son visage ne fut traversé que par du dégoût et de la haine.

-...Vous les singes, vous ne savez pas à quelle place vous devez être.

- Retire ce que tu viens de dire, gronda Reiketsu, ou je te...

Soudain, il ressentit une vague intense d'énergie occulte émaner de Yuta ; le gamin n'appréciait pas vraiment que l'on se moque de ses amis.

- Geto-san...

Yuta repoussa la main du maître des fléaux, prenant un ton presque caverneux :

-...vous pouvez dire tout ce que vous souhaitez sur le monde entier, mais...

Il attrapa son sabre, et Reiketsu se tendit :

-...je vous interdis de dire du mal de mes amis. Et je n'aiderais pas quelqu'un qui les insulte.

Geto recula, l'air faussement gêné :

- Allons, allons, tu ne vas pas m'en vouloir d'être un petit peu extr...

- SUGURU !!!

Rei se retourna : c'était Gojo, accompagné du directeur Yaga et d'autres exorcistes. Que faisaient-ils tous ici ? Il n'avait pas été informé... Cela devait venir de là haut ; quelqu'un avait tenté de l'évincer en le jetant dans la gueule du loup. Malheureusement pour eux, l'exorciste brun avait a ses côtés beaucoup trop d'alliés pour tomber devant le puissant maître des fléaux.

- Nous avons de la compagnie, on dirait... Maintenant je vois pourquoi les première année sont aussi exceptionnels !

- Éloigne-toi de mes élèves, gronda-t-il.

- Hmm... Tout le monde ! Ouvrez grand vos oreilles et écoutez ! (il ouvrit largement ses bras, l'air un peu fou) Le 24 décembre, moi et mes camarades performeront la parade des mille démons ! Nous relâcherons sur Shinjinku à Tokyo et sur Kyoto plus de 1000 malédictions qui auront pour ordre d'exterminer tous les non-exorcistes !

Il lança un regard entendu à Rei, qui grinça des dents.

- Si vous ne voulez pas voir ce monde transformé en enfer, continua-t-il, vous devrez m'arrêter en mettant votre vie en jeu... Afin que nous puissions nous maudire entre nous jusqu'à la toute fin !

- Geto ! cria l'une de ses suiveuses. Le magasin va fermer !

- Déjà ? Bon bah... (il fit un signe de la main amical vers Gojo, tout à fait en adéquation avec sa mise en scène précédente) À plus, Gojo ! Ces filles m'ont dit qu'elles viendraient seulement si je les emmenais manger des crêpes à la rue Takeshita... Ah là là, pauvre de moi : obligé de rester dans un endroit rempli de singes...

- Tu crois qu'on va te laisser partir ? gronda Gojo avec un ton méconnaissable.

Soudain, la pression dans l'air se fit intense, et l'énergie occulte émanant de Geto s'intensifia.

- Essaie.

Soudain, des douzaines de fléaux apparurent tout autour d'eux, tous plus horribles les uns que les autres, et prêts à répandre la mort et la destruction.

- Je vais prendre congé, minauda Geto. Après tout, je consacre mon temps libre à mes petits élèves...

Il se tourna ensuite vers Reiketsu, qui lui lançait un regard haineux.

- Ne va pas croire que j'en ai terminé avec toi, mon petit Prince : je commence lentement à comprendre comment fonctionne le Roi. Et lorsque j'aurais tout saisi...

Il lui fit un signe sur la gorge assez éloquent, et la fureur s'empara de Reiketsu ; ce dernier arma son bras, un éclair rugissant se forma dans sa main, et il balança de toutes ses forces le projectile crépitant. Malheureusement, un fléau bondit pour servir de bouclier, se désintégrant au passage, tandis que Geto et ses sous-fifres s'envolaient dans le ciel.

* * *

Les malédictions avaient été exorcisées rapidement, sachant que Gojo Satoru était présent sur les lieux. Après cela, les exorcistes de Tokyo ainsi que Reiketsu se réunirent dans la salle d'administration de l'école d'exorcisme. Kiyokata Ichiji, assistant du directeur Yaga, présenta la situation à tous les exorcistes présents dans la salle.

- Geto Suguru est un maître des fléaux de grade spécial capable de la maîtrise des malédictions ; il peut absorber et contrôler les malédictions naturelles, mais pas celles que les exorcistes produisent. D'après nos informations (Ichiji ajusta ses lunettes, tournant une page de son dossier), il a créé un culte religieux et récolte les malédictions de ses croyants.

Une ambiance morne s'installa chez les exorcistes ; de tous les maîtres des fléaux, ceux qui étaient des gourous étaient considérés comme les pires des parias.

- Si l'on compte les malédictions qu'il possédait déjà, on peut supposer qu'il puisse en posséder au moins 2000 au bas mot, expliqua l'assistant.

Des murmures jaillirent dans les rangs des exorcistes, et même Reiketsu sentit une goutte de sueur froide ; sachant que dans toute sa carrière, il avait exorcisé au plus 3000 fléaux, alors qu'il était considéré comme le plus "bosseur" des exorcistes, la Parade de la Nuit aux Mille Démons représentait un chiffre colossal, quel que soit l'exorciste.

Enfin, ils avaient Gojo, donc Tokyo devrait pouvoir se débrouiller.

- Statistiquement, ajouta le directeur Yaga, presque la totalité de ces fléaux ne dépassent pas le second grade, et Geto doit au moins avoir une cinquantaine d'exorcistes à son service.

- C'est effrayant... (venant de Gojo, ça voulait dire que c'était une catastrophe) Mais bon, on ne déclare pas une guerre si on est pas sûr de gagner.

- Bordel de merde... Yakuseki !

- Oui, M. Yaga ?

- J'imagine qu'on aura besoin de toi, à Kyoto ?

Le jeune homme opina du chef, persuadé que la situation dans sa ville serait bien compliquée sans un Gojo Satoru. Il se leva et s'inclina :

- Je suis vraiment navré de vous faire faux bond.

- Relax, max, fit le plus fort des exorcistes en rigolant. On sera bien content de ne pas voir ta jolie frimousse abîmée.

- Donne ce message à Gakuganji, fit Yaga en tendant un papier cacheté à Reiketsu, ignorant les mimiques grotesques de Gojo. Si on coordonne nos données, on s'en sortira plus facilement.

- Je ferais le nécessaire, répondit l'intéressé en prenant le papier, puis s'inclina une nouvelle fois : Merci de votre hospitalité, et bon courage à vous.

Il sortit de la salle de réunion, puis peu après de l'enceinte de l'établissement...

- Attendez !

Il se tourna : c'était Okkotsu, haletant. Sur son visage, on pouvait lire différentes émotions, de la colère à la tristesse, en passant par une sorte d'admiration. L'exorciste sourit, puis lança :

- T'as intérêt à assurer, Okkotsu.

Se retournant, il commença à marcher.

- Vous... Vous allez prendre soin de vous, d'accord ? hurla le gamin tandis qu'il levait son bras pour dire au revoir sans se retourner.

- De même, petit. À la prochaine !

En marchant jusqu'à la gare, il s'alluma une cigarette pour chasser tout ce stress.

"Vous ne devriez pas fumer, Yakuseki-sensei." résonna la voix d'Okkotsu dans sa tête. Il sourit, écrasant la cigarette dans son poing avec de l'énergie occulte avant de la jeter éteinte dans un poubelle.

Allez, mon petit Rei : tu vas montrer à quel point on ne réveille pas le tonnerre qui dort.

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