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Tout était fin prêt. Iséa avait mis toute une semaine pour planifier de A à Z cette journée et elle était certaine de pouvoir parer à toutes les éventualités. Quoi qu'il arrive, aujourd'hui, elle violerait l'intimité de sa mère en pénétrant dans son antre, fouillant du sol au plafond, jusqu'à la moindre ligne du moindre document. L'objectif principal était de retrouver les deux clefs du sous-sol, mais elle désirait également trouver des preuves qu'Anna lui mentait pour la mettre devant le fait et exiger des réponses.

Comme prévu ce matin-là, Anna partit légèrement plus tôt que le reste de la semaine, comme tous les vendredis, espérant ainsi finir plus tôt. Alors, à six heures pile, le réveil de la chambre d'Iséa sonna à en faire trembler les murs, la réveillant en panique. Elle l'éteignit doucement, en le balançant à toute allure contre le mur en face de son lit.

"Merde ! Je vais jamais m'en remettre."

Elle alluma la lumière et s'assit sur son lit, se concentrant pour calmer son cœur qui, lui aussi semblait-il, avait été réveillé en sursaut et en semblait vraiment mécontent, battant à tout rompre et à contre-temps. Lorsque ce fût fait, elle se rendit dans le couloir, et sous un pot de bonzaï qui dépérissait là, elle prit une petite clé bleue.

- Je voudrai le modèle le moins cher s'il vous plaît.

- Nous avons des modèles fidèles aux originaux à prix défiant toute concurrence, vous savez ?

- J'insiste.

- Très bien, c'est pour quoi ?

- Ma mère a quelques soucis d'addiction malheureusement. Je dois m'occuper d'elle et parfois, quand la drogue prends le dessus, ça lui arrive de m'enfermer dans ma chambre et de m'y oublier... La dernière fois, j'ai dû sauter par la fenêtre pour pouvoir aller manger parce qu'elle m'avait totalement oubliée, totalement défoncée... Je vous en prie, je dois rentrer chez moi, c'est possible de faire ça rapidement ?

- Très bien.

Elle ne savait pas si à ce moment-là, ce gros monsieur tout bougon l'avait cru – il ne semblait d'ailleurs pas –, mais le principal était qu'il avait accepté d'imprimer la copie de la clé de la chambre de sa mère, sans demander à avoir en face de lui une personne majeure. Toute honteuse de son gigantesque mensonge, qui mettrait sans doute sa mère dans une position peu flatteuse, s'il était découvert qu'il s'agissait d'elle, elle se remercia néanmoins d'avoir été assez maligne pour avoir pris le bus et fais environ 1 heure de trajet, avant de se mettre à chercher une boutique proposant ce genre de service. Sa mère n'irait jamais jusque là-bas pour y chercher quoi que ce soit alors le risque de se faire pincer était négligeable.

"Imagine, s'ils se connaissent ?... Qu'un jour pour X raison elle va là-bas avec toi ? Et si elle bosse pas loin et passe devant cette boutique tous les jours ?"

Iséa leva la tête et poussa un râle. Son cerveau n'arrêterait-il donc jamais d'envisager toutes les possibilités jusqu'au plus loufoques ? Elle aurait besoin d'une concentration à toute épreuve dans les prochaines heures, pas de divagations ridicules. Ignorant ses pensées, elle prit la clé, traversa sa chambre et ouvrit la porte qui menait au balcon couvert. De là une vue imprenable sur la ville pouvait être admirée, leur maison située au sommet d'une colline, mais elle ne s'y était encore jamais attardée, il faut dire que depuis son arrivée rien ne se passait assez tranquillement pour qu'elle puisse se prélasser à tout-va. Un escalier, quelques mètres devant elle, encadré par deux rampes en verre épais, menait à la pièce qu'elle nommait désormais systématiquement "La Tour". Elle prit une grande inspiration et s'élança sur les marches, jusqu'à la porte verrouillée de la chambre de sa mère.

Elle inséra la clé, la tourna lentement et un double claquement se fit entendre, laissant Iséa plus pâle que jamais. La bonne nouvelle était que la porte était ouverte... La mauvaise, par contre, était que la clé, faite par impression 3D était de piètre qualité, elle avait donc tout simplement cassé... À l'intérieur de la serrure, la tête lui restant dans la main. Elle n'avait plus le choix, il fallait qu'elle trouve ce qu'elle cherchait depuis son premier jour ici et aujourd'hui, sinon Anna allait faire cesser sa pitoyable existence, elle en était certaine. Elle n'était qu'une seule fois rentrée dans les appartements de sa mère, alors qu'elle vivait encore à Rochefourchat et elle se rappellerait toute sa vie de la colère qui s'était abattue sur elle lorsque sa mère l'avait remarqué. À cette époque, elle était juste venue lui emprunter un vêtement – chose qui d'ordinaire arrivait fréquemment et ne dérangeait pas sa mère – récupéré dans son armoire, cette fois-ci elle allait fouiller de fond en comble l'ensemble de son espace privé et sa mère ne manquerait pas de le remarquer, attentive comme elle l'était.

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