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Elle se rapprocha de la porte, regardant par l'ouverture vitrée qui remplaçait l'emplacement habituel d'un judas et vit alors de l'autre côté de la rue, les deux sœurs, Divina et Vanessa, qu'elle n'avait pas revu depuis un moment, semblant se disputer. La cadette se mit d'un coup à courir dans sa direction la regardant droit dans les yeux, bientôt rattrapée par son aînée qui lui mit la main devant la bouche, la tirant de force de l'autre côté. Divina tendit la main en sa direction et elle ne put se résoudre à admirer ce spectacle inquiétant plus longtemps, elle ouvrit grand la porte et sortit sur le palier.
- Iséa ! Iséa !
- Mais tais-toi bon sang, tu arrêtes maintenant !
- Qu'est-ce qui se passe ?!
Vanessa tourna la tête vers elle, semblant très contrariée de sa présence.
- Rentre chez toi !
- Mais lâche-là, tu lui fait mal !
Outrée par le manque d'obéissance d'Iséa, Vanessa mit un coup dans les côtes de sa petite sœur, la laissant pleurer à genoux et s'avança vers elle.
Poings serrés, son visage s'émaciait de plus en plus à chaque pas, ses cheveux noirs, lisses et soyeux devenant gras et raides, de plus en plus long, comme si des mois de pousse étaient en train de filer en quelques secondes. Ses yeux autrefois vairon se teintaient désormais tous deux de noir. Ses membres, eux, s'allongeaient, devenant de plus en plus fin, elle n'avait pas fait dix pas qu'elle mesurait déjà le double de sa taille. Ses muscles, trop tendus, commençaient à se déchirer et se disloquer.
Tétanisée, Iséa ne parvenait même pas à reculer, elle regardait dans les yeux, effarée et bouche ouverte, un cri coincé dans la gorge qui ne voulait pas sortir, la faisant suffoquer d'angoisse. À cet instant, la tête de Vanessa – en tout cas ce qu'il restait d'elle – se pencha sur le côté faisant claquer les os de sa nuque et se mit a courir vers elle tel un animal enragé, sur ses quatre membres qui désormaient faisaient le double de leur taille normale, penchée en avant, le torse squelettique et grisâtre, plus qu'apparent sous les guenilles disloquées par le changement de taille soudain.
Iséa bascula en arrière lorsque le bruit d'un énorme choc se fit entendre. Une voiture qui passait par là à toute allure, venait de faucher violemment la sœur de Divina et sans même s'arrêter, continua sa course effrenée à travers la ville, le bruit des girophares le suivant de près. L'une des voitures de police s'arrêta devant les jeunes filles.
- Est-ce que tout va bien ? Bon sang... Cette jeune fille... Mais, qui t'a fait ça ?
Il pointait du doigt au niveau de ses côtes et de son tee-shirt imbibé de sang ou un trou discret était à visible. Divina ne répondait pas et fixait au milieu de la route, le corps de sa sœur, disloqué par la puissance du choc. L'homme en uniforme se retourna vers Iséa et lui fit signe de la main de venir.
- Eh vous là-bas, vous avez vu ce qu'il s'est passé ? Je vais avoir besoin de votre témoignage.
- Je... Je...
Elle regarda ce qu'il restait du corps de la jeune femme et ses membres, complètements normaux – si on éludait le fait qu'il en manque quelques morceaux – baignant dans le sang.
- Écoutez , je vois bien que vous êtes sous le choc, rentrez chez vous d'accord, j'emmène cette jeune demoiselle à l'hôpital, venez demain matin au poste s'il vous plaît d'accord ? Montez.
- Non ! Non !
- Vous devez aller à l'hopital.
Et alors que Divina fut poussée sur le siège arrière de la voiture de patrouille, elle se mit à crier, à l'intention d'Iséa.
- La mort, la mort ! Elle arrive ! Elle est chez toi ! Vite Iséa ! Vite !
- Assister à un spectacle si troublant, si jeune, elle en gardera des séquelles. Ne tenez pas compte des propos incohérents de votre amie. Je l'emmène à l'hôpital Osfort, si vous voulez lui rendre visite. Demain, lorsque vous viendrez au poste, demandez l'officier Argos, je m'occuperais de vous.
Puis après avoir fermé la porte sur les cris de Divina, il monta dans la voiture et partit précipitamment, la laissant seule au beau milieu de la route, sous le choc. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire elle fondit en larmes et se mit à vomir dans les buissons environnants. Elle dut prendre son courage à deux mains pour malgré tout, une heure plus tard environ, se mettre en chemin pour le magasin.
Les pompiers étaient arrivés quelques minutes après le drame, nettoyant toute trace de l'incident, mais au moment où ils s'étaient saisi du cadavre, elle aurait juré avoir vu la tête de Vanessa se tourner vers elle, la regardant droit dans les yeux, torturant son âme encore plus qu'elle ne l'était déjà.
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