Les pieds de sa mère encore chaussés étaient là, devant elle, se balançant à une trentaine de centimètres du sol, au-dessus d'un petit tabouret qu'elle avait renversé. Ses yeux, exophtalmés, presque sortis de leur orbite à cause de la pression du sang et grand ouverts, semblaient emprunt de terreur. Son visage était devenu d'un mauve dérangeant et boursouflé, ses lèvres aussi bleues que des myrtilles, figé dans une expression de douleur. L'odeur était putride, acide et attaquait les yeux et la gorge d'Iséa. La pièce entièrement vitrée agissant telle un four sur ce corps désormais sans vie, permettant la prolifération rapide des germes et bactéries. Les mouches s'en delectant, on pouvait déjà percevoir de petits gigotements dans la plaie que la corde fin avait faite au cadavre, tombant parfois de celle-ci sur le sol, se tortillant. Le plateau glissa des mains d'Iséa, brisant la vaisselle et répendant autour d'elle son contenu. Ses jambes se dérobèrent sous elle et elle tomba dans un gouffre froid et sombre, s'écrasant sur le sol, au milieu des bouts de verres et de porcelaine s'enfonçant dans sa peau. Sa vue se troubla et s'obscurcit, par les larmes et la conscience qu'elle perdit à cet instant.