CHAPITRE 1 : UNE OBSÉDANTE RENCONTRE

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En ce 30 août 1992 et sous une pluie battante, une silhouette toute fine traverse la pénombre d’une rue du quartier de Whitechapel à Londres. Il est 20 heures au clocher de l’église, tandis qu’elle s’approche d’un portail à peine éclairé, donnant accès à une cour obscure et nauséabonde : des détritus et des vieilles bouteilles d’alcool vides jonchent le sol. Celle-ci appartient à un vieux pub crasseux, où rats et chats sauvages ont élu domicile.

Elle se sent épiée, mais s’empresse d’entrer dans le bar, afin d’y être à l’abri. Certes, l’établissement est loin d’être le plus fréquentable de Londres, mais elle n’a guère peur de sa clientèle qui, pourtant, peut parfois dépasser les limites en laissant traîner une main baladeuse. Cependant, ces derniers temps, il se passe des choses étranges dans le quartier et mieux vaut ne pas traîner.

Elle dépose son parapluie dégoulinant d’eau à l’entrée du couloir, et se dirige vers un placard, aménagé en loge de fortune pour l’occasion. Cette nuit, Chloé ne fera pas que servir, elle fait son show comme tous les dimanches soir. C’est son moment de gloire à elle, il lui permet d’oublier son passé. Dans son esprit, les projecteurs qui seront braqués sur elle ont le pouvoir de chasser ses démons l'instant d’une prestation. D’ailleurs, ce soir elle ne s’appelle plus Chloé Lavigne, mais Tara Sloane, son nom d’artiste.

Elle pénètre dans ce vestiaire et trouve tout le nécessaire pour se préparer en vue de son spectacle. D’ici, on peut entendre les cris et chants des clients alcoolisés, mais le pire reste l’odeur qui s’en dégage. Un parfum aussi dérangeant que familier pour cette jeune femme qui, bien qu’il soit imposant pour des non-initiés, semble presque inexistant pour un habitué. Un mélange de bières et de whisky à moitié vomis dans le couloir, d’urine provenant des toilettes pour hommes, de tabac, l'ensemble associé à la sueur des garnements en furie dans le bar.

Elle met sa veste en similicuir noir sur un vieux porte-manteau en bois. Les gouttes de pluie qui perlent des manches claquent au sol tel un compte à rebours avant son entrée en scène.

Elle se prépare méticuleusement, changeant de vêtements dans un premier temps. Elle se déchausse, puis elle enlève son pull noir à col en V, sa jupe écossaise bordeaux, et son collant de laine opaque. C’est une chaude tenue pour un mois d’août, le beau temps et les températures clémentes n’étant pas au rendez-vous cet été. Elle pose le tout quelques minutes sur un vieux bureau lui servant de coiffeuse.

Elle se place dos à la porte par crainte que quelqu’un arrive à s'immiscer dans la pièce, bien que le verrou soit fermé. Son dos à la peau pâle comme de la porcelaine laisse apparaître un tatouage tribal dans le creux de ses reins, ainsi qu’un autre plus petit, avec l’inscription Live Your Dream and Never Give Up entourant sa cheville gauche.

Elle revêt un pantalon en cuir moulant, un débardeur blanc mettant en valeur son décolleté. Elle chausse ensuite une paire de bottes hautes à talons aiguilles, noires et brillantes, avant de passer du temps sur sa coiffure et son maquillage : tout doit être parfait et l’illusion doit être réussie. Ce n’est pas qu’une simple métamorphose artistique, cela lui permet aussi de se créer une carapace, derrière laquelle cacher ses failles et ses sentiments.

Elle décide de jouer la carte de la séduction, utilisant un vieux miroir taché posé sur le bureau. Toutefois, en se refaisant une beauté, elle observe une ombre se tenir derrière elle. Elle sursaute et se retourne à toute vitesse. Surprise de ne rien voir, elle est persuadée d’avoir aperçu quelque chose à l’instant. Interloquée, elle finit par se ressaisir et termine sa transformation, tout en étant à moitié déconcentrée : son esprit lui joue des tours et lui file une peur bleue.

Enfin, elle apporte une attention particulière au volume de son carré dégradé court et effilé. Elle place ses cheveux blonds, aux racines plus foncées, et les fixe à l’aide d’une bombe de laque en spray. Touche finale : elle met une barrette pour maintenir sa frange et ses mèches sur la droite, afin de dégager son visage et surtout son beau regard céleste.

Dans quelques instants, elle reprendra un titre qui résume ce qu’elle ressent en elle : Mad World de Tears for Fears en piano-voix ! Elle sait que ce n’est pas ce que préfère sa clientèle, mais elle se sent en sécurité en réinterprétant une chanson qu’elle comprend si bien. Ce titre lui rappelle son lourd passé, ses problèmes de cœur et la vision d’elle que le monde lui renvoie. Elle repense aux mains rudes de ces acteurs qui parcouraient son corps sans amour et sans tendresse, qui la transformaient en simple objet de désir devant l’œil lubrique des caméras. Le fait d’avoir une relation sérieuse avec un homme, sans que celui-ci finisse par ne plus la respecter, ou ne plus avoir confiance en elle, est devenu utopique. Cette solitude quotidienne lui pèse, elle rêve d’une meilleure vie, d’un conte de fées comme quand elle était enfant, et prie pour que son prince charmant vienne un jour. Une façon comme une autre d’exorciser ses peines et ses regrets, le temps d’une chanson.

C’est décidé, après avoir contemplé son reflet une dernière fois, elle est enfin prête. Elle se dirige vers la pièce principale du bar, ses talons résonnent à chacun de ses pas au fur et à mesure qu’elle se rapproche. Elle traverse furtivement, ne souhaitant pas se faire attraper par un client ivre, qui serait tenté de laisser ses mains moites et sales lui frôler le corps.

Chloé s’installe près d’un vieux piano marron, posé dans un coin de l’estrade, dont sa vétusté pourrait présager qu’aucune note n’est accordée. Le vernis a totalement disparu, le bois est très abîmé, et des impacts de chocs subis sont apparents. Cependant, pour la jeune femme, ce piano a beaucoup de points communs avec elle : il a pris des coups, mais reste debout.

La salle s’apprête à assister à son show, n’attendant que le début pour hurler et baver devant la belle Tara. Le rideau est tiré, elle se concentre, tremble de peur à l’idée de commencer, souffle et récite toutes les prières qui lui viennent à l’esprit pour se donner du courage. Soudain, le patron du bar, Hank, s’époumone dans un mégaphone tout en s’approchant de la scène :

« Écoutez-moi bande de crétins braillards, c’est le moment que vous vouliez tous, c’est l’heure d’accueillir Tara Sloane mes cochons ! Alors, soyez sages. Le premier qui tente quelque chose de pas très malin aura la chance de payer une tournée générale. Allez, qu’on éteigne les lumières et musique ! »

Il met la pièce dans une ambiance tamisée, allume un vieux projecteur violet fait apparaître la demoiselle d’un geste de la main. Les notes du piano retentissent, et une voix magnifique sort du corps de Chloé. Durant la chanson, elle se livre sans tricher, elle est vraiment touchante. Elle croise le regard intense rempli de tristesse d’un homme assis dans le fond de la salle : ses yeux l’attirent, mais sans savoir pourquoi. Il porte une casquette grise, forme 8 côtes à rayures anthracite, et un vieux manteau en cuir noir. Malgré la passion que transmet la chanteuse, il tente de rester concentré.

Elle ne s’attarde pas sur lui, car elle se sent touchée par la puissance de cet échange, et ne veut pas se laisser envahir par l’émotion ressentie. Grâce à cet homme, elle arrive à faire totalement abstraction des soûlards qui à la fois la huent et l’encouragent. Drôle d’atmosphère, se dit-elle en son for intérieur. Comment peuvent-ils comprendre le sens des paroles et la passion que Chloé met dans sa prestation, tellement ces bougres sont ivres et hébétés ?

Avant la fin de la chanson, il se lève et quitte la salle. Chloé l’aperçoit au loin, et sent une désillusion dans ce départ. Lui, qu’elle ne connaît pas, dont elle n’a rien pu distinguer d’autre qu’un regard, pour qui elle dégage autant d’énergie et de sensibilité dans son interprétation, s’en va sans même lui avoir parlé, la laissant seule dans cet environnement de sueur et de testostérone alcoolisées.

Elle aurait tant aimé le rencontrer, voir son visage, et comprendre pourquoi une aussi belle intensité est née lors de leur échange. Bref, tout un tas de choses qu’elle souhaiterait approfondir, tellement cet instant partagé l’obsède.

Sa prestation terminée, Chloé part dans sa loge et reste assise, là, à penser à cet homme. Elle ressasse ce moment magique qu’elle vient de vivre, prenant de longues minutes après son passage. Hank se dirige vers elle pour l’interpeller assez vigoureusement.

« Hé poupée ! Tu comptes te ramener un jour ? Il est temps de bosser, les clients attendent, alors bouge-toi starlette ! Ah, et puis, c’était top ta chanson, bravo.

— C’est bon, j’arrive ! » répond-elle d’abord dépitée, puis touchée par ces compliments.

Tout au long du service, elle continue de penser à lui, intriguée, mais pas moins effrayée à l’idée de ce moment étrange.

***

Vers deux heures du matin, une fois son travail achevé, la demoiselle va pour se changer dans sa loge de fortune. Elle enfile son manteau, mais elle n’est pas rassurée à l’idée de rentrer seule à une heure aussi tardive. Surtout après les deux assassinats qui ont eu lieu récemment dans le quartier. Un remake des meurtres que connut le pays au XIXe siècle, et dont le modus operandi est identique à ceux de Jack l’Éventreur.

Un mauvais pressentiment l’envahit, mais restant courageuse, elle s’empresse de dire au revoir à son patron, qui n’est plus très frais à cette heure-ci. Un mélange d’alcool et de fatigue sans doute.

« Sois prudente poupée ! Ne traîne pas dans la rue ce soir et rentre directement chez toi. Bonne nuit ! dit-il, tout en titubant à moitié.

— Oui, je vais faire ça ! Bonne nuit à toi aussi Hank » répond-elle.

Elle se dirige ensuite vers la sortie du personnel, et après quelques secondes d’hésitation, tout en tenant la poignée de la porte, elle prend une grande inspiration pour quitter le commerce. Se trouvant dans l’arrière-cour du bar, elle commence à avancer d’un pas lent dans cette ruelle mal éclairée, dans laquelle il est difficile de distinguer tout l’environnement, tellement le brouillard et la pluie sont présents.

Mais elle ne peut rester là, elle doit rentrer chez elle, où elle se sentira en sécurité. Après quelques minutes de marche rapide, ses craintes finissent par la quitter. Encore une centaine de mètres avant d’être arrivée, alors pourquoi quelque chose se produirait maintenant ?

Elle pénètre dans un petit tunnel, sous une voie de circulation, le genre d’endroit lugubre dans lequel personne ne s’aventurerait en pleine nuit. Il est éclairé par des appliques, déposées tous les deux mètres en quinconce sur les murs qui entourent la jeune femme. Certaines fonctionnent, d’autres clignotent, quand les dernières refusent de s’illuminer.

Les briques sont grisâtres, très sales, sombres : un mélange de pollution, de graffitis en tous genres, et de moisi, provoqué par les ruissellements des eaux de pluie, venant de la route au-dessus, lui donnant un ton marron et verdâtre. Sur sa gauche, elle fait attention de ne pas marcher dans une déjection, canine ou humaine, car il est impossible de distinguer avec certitude l’auteur de ce méfait. D’ailleurs, l’odeur lui pique les yeux tellement l’agression olfactive est violente : un croisement d’excréments et de putréfaction.

Sur la droite de la demoiselle, des détritus jonchent le sol, disposés à la manière de petits cailloux déposés là par le Petit Poucet. Ils mènent à une poubelle vétuste et très abîmée, dont les déchets débordent du contenant, ce qui scinde le lieu en deux.

À mi-chemin, elle est prise d’angoisse. Le froid est de plus en plus présent, laissant apparaître une sorte de fumée qui s’échappe de sa bouche. En effet, la température extérieure devient négative d’un seul coup ! Les flaques d’eau gèlent rapidement, tandis que le brouillard s’intensifie, et qu’elle grelotte énormément. Les réverbères commencent à clignoter, augmentant la cadence, jusqu’à faire éclater les ampoules. La jeune femme prend peur et court pour se sortir de ce guêpier.

Tout à coup, elle est interrompue dans sa course et trébuche. Elle ressent une vive douleur au niveau de sa cheville droite, comme si un footballeur britannique de seconde division venait de la tacler avec agressivité.

Elle tente de se relever, mais sa cheville lui fait atrocement mal : un hématome violacé apparaît tout autour. On peut y apercevoir la forme d’une main avec des doigts. En panique et souffrante, Chloé parvient à se remettre debout, mais peine à avancer, quand elle finit par entrevoir la silhouette d’un homme de très grande taille dans la pénombre. Elle mesurait au moins deux mètres de haut, et large comme le croisement de carrure d’un rugbyman et d’un basketteur.

La demoiselle n’arrive pas à distinguer un visage ou un corps dans sa globalité, il faut dire qu’il fait très sombre. Dans ce silence déconcertant, de fortes respirations, accompagnées de grognements d’excitation, raisonnent dans la ruelle. Elle craint pour sa vie et est pétrifiée, ses membres ne répondant plus aux ordres de son cerveau, la laissant immobile, comme si elle était totalement attachée.

Elle ressent des frissons glaçants, tandis que des sueurs froides glissent dans le creux de son dos, puis une douleur de torsion s’empare de ses entrailles, accompagnées de crampes dans tous ses muscles. Tétanisée à l’idée d’affronter la mort, et pensant n’avoir fait que de mauvais choix dans son existence, elle voit défiler toutes les expériences désastreuses qu’elle a pu vivre depuis son enfance, comme la fin tragique et digne d’un thriller de ses parents.

Des flash-back de sa vie d’actrice pornographique surviennent. Ses déboires avec la drogue qu’elle prenait pour oublier ce qu’elle vivait le temps de sa prestation, ainsi que ses petits amis jaloux et violents, ou ses clients qui tentaient de la toucher et d’abuser d’elle quelquefois. La caricature ultime d’une femme qui a fait du cinéma pour adulte, et dont les plus pervers s’imaginent qu’elle s’offrira au premier venu. Bref, toutes ses expériences passées qui l’ont traumatisée et qui lui laissent un goût amer.

L’ombre se rapproche de plus en plus, permettant d’entrevoir un homme. Il porte un long manteau noir, un chapeau haut de forme, un costume d’époque victorienne, troué et vétuste. Son gros orteil du pied droit sort de son soulier boueux, laissant dépasser un vieil ongle jaune et rongé par les mycoses. Son visage semble effrayant, blanc, livide, plein de cicatrices suintantes, comme s’il venait de traverser un champ de barbelés la tête la première. Ses yeux sont à moitié exorbités, d’un ton verdâtre, mélangé au rouge des vaisseaux sanguins oculaires explosés. Ses dents sont limées en pointes, de couleur brune. Il a très peu de cheveux, comme un vieillard grisonnant, qui arrivent en dessous des oreilles.

Arrivant au contact de Chloé, il la saisit par le cou pour la soulever dans les airs, avec des mains de bête, poisseuses et griffues. La jeune femme est totalement désemparée, mais tente de trouver la force de lutter. Aucun son ne sort de ses cordes vocales. Se comportant comme un prédateur chassant une proie, il se met à renifler son visage, ses cheveux, puis sa nuque, s’exaltant de l’odeur de sa victime. Sa langue pourrie lui lèche la joue gauche, le rendant hystérique et déchaîné.

« Je vais t’ouvrir du vagin à la gorge, je dévorerai tes reins et ton cœur après les avoir fait frire. Je te couperai les oreilles pour laisser un souvenir, et l’autre rejoindra mes trophées », lui chuchote-t-il sur un ton lugubre et effrayant.

Au moment de passer à l’acte, une voix retentit de nulle part, s’exprimant dans un anglais approximatif :

« Pas ce soir l’affreux ! »

Une petite détonation accompagnée d’une fumée dense apparaît autour de la victime, et une lumière dorée jaillit de derrière le monstre, devenant de plus en plus aveuglante, semblant affaiblir l’entité et lui faisant lâcher prise.

Elle qui est levée dans les airs, à 1,50 m de hauteur, s’écrase au sol sur une flaque d’eau à moitié gelée. Le choc est terrible : elle se tient la gorge en réponse aux douleurs d’étranglement qu’elle vient de ressentir. Il recule tout en se recroquevillant sur lui-même, au rythme des rayons qui s’approchent.

Deux yeux orange se dévoilent dans le brouillard, suivis par une silhouette dorée, dessinant le corps d’un homme portant une sorte de sceptre avec des pierres luisantes à son extrémité. Le Poltergeist hurle face aux souffrances de cet acte magique, tandis que la jeune femme est à la limite de s’évanouir, essayant de tenir bon, car elle souhaite savoir qui l’a secourue. Elle fixe son sauveur, et plus elle se concentre dessus, plus elle trouve une ressemblance familière à ce regard : l’intensité et la tristesse qu’elle lisait dans celui-ci lui rappellent l’inconnu du bar.

Un homme vêtu d’un manteau en cuir noir, d’un jean sombre, et de bottes marron, toisant environ 1,80 m, avec de larges épaules. Il n’a pas un profil de super héros, non, seulement celui d’une personne tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais qui semble faire des choses hors du commun. Son crâne est rasé de près, et une barbe brune de quelques jours recouvre son visage. Une cicatrice traverse son œil gauche de haut en bas, comme si trois griffes avaient tenté de le lacérer.

Il s’avance vers le prédateur nocturne qui se pliait sur lui-même, en pointant son arme en direction de son adversaire, éclairant de plus en plus fort. Il tend avec son autre main un petit miroir rond à poignée, en bois, comme ceux qu’on trouve chez les coiffeurs, juste à côté de la pierre illuminée, afin de donner plus de puissance au reflet.

« Alors c’est toi le fameux Watcher. Je reviendrai terminer mon œuvre ! » dit la bête dans un dernier éclat.

Le sauveur de Chloé lui répond sur un ton grave et toujours avec cet accent très prononcé :

« Je sais, Jack ! Et je serai là pour te renvoyer d’où tu viens, encore une fois. »

La lumière atteint alors son paroxysme, éclairant l’ensemble du tunnel, avant de s’estomper au bout de quelques secondes, pour finir par s’éteindre violemment, faisant disparaître l’agresseur.

La victime est allongée au sol, encore somnolente, et souffre de sa cheville ainsi que de son cou. Elle assiste à la scène de façon médusée, éprouvant des difficultés pour reprendre le dessus.

« Était-ce un fantôme ? Qui est Jack ? Et que voulait-il dire par "Watcher" ? Qui est cet homme qui vient de me sauver ? »

Alors que mille questions se bousculent dans sa tête, la barmaid ne sait pas quelle sensation ressentir : de la peur, de l’horreur ou du soulagement ? Elle est totalement désemparée et stupéfaite de ce qui s'est produit devant elle.

Elle en oublie même, un court instant, la douleur des sévices subis. L’homme, quant à lui, reste silencieux, ramassant un bâtonnet composé de plantes à moitié consumé, afin de les ranger dans un sac.

Chloé le regarde et ne peut s’empêcher de penser :

« Il se comporte comme si tout était normal ou qu’il venait d’enfiler des chaussettes en se levant le matin. »

À cet instant, ne pouvant plus garder le silence, elle s’adresse à lui :

« Qui êtes-vous ? Que vient-il de se passer ? »

Pendant qu’elle le questionne, il s’approche et ouvre sa main devant sa bouche, diffusant un souffle léger en direction de son visage. Une traînée de poudre blanchâtre forme un petit nuage qui atteint la demoiselle, la faisant taire avant qu’elle ne perde connaissance.

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