Chapitre 1
En Janvier 2019 :
Laurène Maguy rebroussait encore une fois le chemin du lycée avec ses trois amies. L’établissement étant encore bloqué par des élèves rebelles pour X raisons stupides, elles n’avaient pas réellement eu le choix. Il fallait forcer pour entrer et cela n’aboutissait jamais. Les professeurs ne faisaient pas cours à quelques élèves malgré leur bonne volonters. Puis la jeune fille savait que son frère jumeau l’en empêcherait… cela allait être encore tendu ce soir entre lui et leurs parents ! Ces derniers commençaient à en avoir marre de leur fils qui n’en faisait qu’à sa tête, et l’adolescent s’en donnait à cœur joie. De plus le temps de janvier ne fut pas clément avec elles en cette matinée et la pluie tomba alors qu’elles attendaient à l’arrêt de bus. L’atmosphère humide était lourde en plus du sol glissant qui n’épargnait pas les personnes, Laurène y compris.
Du haut de ses quinze ans, bientôt seize, Laurène mesurait moins d’un mètre cinquante. Elle avait une corpulence normale et une peau très blanche qui lui valait toujours des coups de soleils en été. Elle ne cachait pas sa légère acné qui s’en allait doucement mais l’adolescente prenait l’habitude de dissimuler sa touffe châtaine bouclée en l’attachant tout le temps en une natte ou queue de cheval. La jeune fille rabattit sa capuche sur sa tête lorsque l’averse débuta. Pas question que ses cheveux n’en fassent qu’à leur tête après, ni de mouiller tout son dos après. Il n’y avait pas d’arrêt de bus, du moins, aucune structure pour échapper à la pluie froide. Elle espérait donc que le bus arrive bientôt pour ne plus subir se déluge. Laurène n’appréciait pas vraiment le froid.
– Où est-ce qu’on va du coup ? interrogea Anna.
Anna, n’étant pas frileuse, ne portait pas de veste. Ses cheveux roux ondulés se retrouvaient déjà remplis d’eau, elle allait devoir se changer. Elle était une fille toute fine qui paraissait fragile. Ses yeux bleus océans suivaient la bande d’amis du frère de Laurène qui rejoignait eux aussi l’arrêt de bus.
– Pas chez moi, affirma Valentine. Mon petit frère est malade donc ma maison est occupée.
Valentine avait les yeux sombres et la cicatrice qui lui coupait le sourcil droit lui donnait un air dur. Ses cheveux bruns raides coupés au carré à ses épaules n’adoucissaient pas cette impression. Sa grande taille dissuadait aussi d’embêter le groupe d’amies. Dans la bande, elle prenait plutôt le rôle de protectrice et elle le tenait à cœur.
Les trois jeunes filles se tournèrent vers Clara. C’était une jeune fille plus petite que Valentine. Elle avait les cheveux blonds raides et des yeux noisettes. D’origine espagnole elle avait une peau légèrement bronzée. Les garçons lui tournaient depuis la fin du collège, cependant cette dernière les ignorait toujours, les repoussait gentiment en espérant qu’ils cessent. Elle aurait pu avoir un petit-ami facilement, elle n’avait juste qu’à choisir, mais Clara souhaitait restée seule, toute seule. Quelqu’un hantait inlassablement ses pensées et elle ne pouvait pas et ne voulait pas s’en défaire.
– Alors on passe la journée chez moi comme d’habitude, conclut cette dernière avec enthousiasme.
Pour faire passer l’attente, Valentine et Clara jouaient à récupérer une pièce que l’une d’elle lançait. La blonde perdait toujours car son amie était plus grande. Anna et Laurène restèrent calmes en les observant. Cette dernière perdue dans ses pensées faisait abstraction de la réalité. Elle ne vit pas son homologue masculin s’approcher. Elle sursauta donc quand une paire de yeux verts similaire aux siens fut tout proche de son visage : Lucas, son jumeau. Il était pratiquement son double masculin. Les mêmes yeux, mêmes lèvres épaisses, même nez petit… lui avait juste les cheveux raides mais de la même couleur.
– Qu’est-ce que tu me veux ? Tu ne me parles jamais en public, grommela la jeune fille sans regarder son frère.
Laurène aurait aimé se montrer gentille avec son frère, mais elle devait bien se l’avouer qu’être ignorée par lui hors de la maison la blessait plus qu’elle ne voulait bien le laisser paraître à tout le monde. L’adolescente se demandait souvent pourquoi il agissait ainsi, ce qu’elle avait pu faire. Mais elle n’en savait rien du tout.
– J’ai cassé mon portable… et je ne connais pas le numéro de maman pour lui dire que je rentrerai plus tard que prévu.
– Tu es vraiment un bouffon de ne parler à ta sœur que pour cela, lui reprocha agressivement Valentine.
Lucas l’ignora et évita sa tape sur la tête. Il gratifia sa sœur d’un sourire forcé lorsqu’elle lui passa son téléphone et il lui rendit le temps d’écrire un message. Sans un mot de plus, il s’éloigna retrouver ses amis peu fréquentable. Sa sœur le regarda lassée. Enfants, il étaient proches tout les deux avec Clara. Malheureusement tout avait dégénéré au collège sans que Laurène ne sache pourquoi.
– Je n’aime pas ce qu’il est devenu. Il m’inquiète, commenta Clara qui le fixait.
– Il m’inquiète depuis encore plus longtemps et je n’ai rien pu faire, soupira Laurène.
– Tu as déjà prévenu tes parents qui ont essayé de lui poser des limites et cela n’a pas fonctionné. Je ne crois pas que tu puisses faire autre chose, souffla doucement Anna. C’est comme cela Leau.
– Appeler Laurène par son surnom alors qu’il pleut ! Brillante idée Nana ! s’écria Valentine.
– Et me rappeler ma chute dans le lac…
– La meilleure chute de tout les temps ! assura Clara.
Laurène ne partageait pas du tout leur avis. Cet événement lui marquait plus une de ses pires hontes de sa vie qu’autre chose. Ses amis adoraient la chambrer avec cela justement ! La pluie s’arrêta quand le bus arriva. Le trajet dura un bon bout de temps à cause des embouteillages mais les quatre amies atteignirent leurs villages dans la matinée. Elles avaient déjà eu le temps pour milles sujets de discussions différentes et furent bien contentes de poser les pieds au sol. Anna passa se changer chez elle puis le groupe se dirigea chez Clara.
Anna n’habitait pas loin de chez Clara contrairement à Valentine et Laurène même si elles habitaient toutes dans le même village. Laurène connaissait le moindre recoin de la maison de Clara comme si elle y vivait. Les deux jeunes filles se parlaient depuis la maternelle, donc évidemment, elles avaient passé de longues heures l’une chez l’autre. Lucas aussi traînait avec elles avant qu’il déraille. Cette époque-là manquait à Laurène tout comme à Clara. Néanmoins la petite adolescente se sentait comme chez elle lorsqu’elle allait voir Clara. La pluie tomba toute la matinée mais heureusement quelques rayons de soleils percèrent les nuages gris et noirs. Vers midi, on pouvait voir un peu plus le bleu glacé du ciel.
Clara avait fait à manger et le quatuor passa toute l’après-midi au chaud à l’intérieur. La jeune fille s’évertuait à rendre l’ambiance conviviale. Cela fonctionnait mais les filles n’oubliaient pas qu’il pouvait se passer des choses étranges dans la demeure de leur amie. Cela n’arrivait pas fréquemment, mais assez souvent pour qu’en 13 ans d’amitié Laurène le remarque de temps à autres. Des équipements étranges comme d’énormes scelles trop grandes pour un équidé traînaient dans certaines pièces ou des bruits faisant froid dans le dos qui ressemblaient à des rugissements provenaient du jardin ainsi que des catastrophes du types inondations et début d’incendie suite auxquelles Laurène était priée de rentrer chez elle. L’adolescente n’obtenait jamais de réponses claires voire même des réponses tout court. Clara répondait les mêmes réponses vagues à chaque fois ou alors les événements restaient très mystérieux. Laurène avait donc abandonné de découvrir ce qu’il se passait chez son amie, tout comme Valentine et Anna qui ne s’interrogeaient même plus la dessus. Cet abandon avait soulagé Clara mais la jolie blonde restait toujours sur ses gardes.
Sauf que ce jour-là ce fut différent. Laurène n’aurait jamais imaginé que ces petits incidents répétitifs aient une raison spéciale et encore moins que cela change sa vie et celles de ses amies du tout au tout. Malgré le froid de l’hiver, Clara avait laissé la porte-fenêtre menant à son petit jardin entre-ouverte. Le vent froid faisait grelotter Laurène mais elle s’abstint de le dire car les autres avaient trop chaud. Les quatre amies jouaient à un jeu de cartes lorsque Valentine renifla plusieurs fois avant de prendre une expression préoccupée.
– Je sens de la fumée. Clara, tu devrais vérifier si ce n’est pas chez toi que ça brûle, prévint rapidement la grande brune.
– En hiver ? s’étonna Anna.
La principale concernée paraissait plus nerveuse qu’étonnée. À force, elle devait être habituée. Clara sortit donc dans son jardin et revint avant de prendre son portable.
– C’est mon cabanon qui a pris feu, annonça-t-elle d’une voix calme comme s’il s’agissait de l’évènement le plus banal au monde (ce qui l’était pour Clara). Restez-ici, j’appelle mon père.
– J’appelle les pom…
– Non Anna, non, la coupa vivement son amie en cherchant le numéro de son père. C’est dix fois rien, le jet d’eau suffira amplement.
Laurène se leva à son tour pour y aller mais la blonde lui barra le passage, la nervosité prenant le pas en réalisant que sa meilleure amie voulait sortir. Surtout pas elle, se maudissait-elle.
– Je gère, vous n’avez pas à faire cela à ma place.
– On a le droit d’aider. Il faut gagner du temps pour limiter les dégâts, rétorqua Laurène.
Clara refusa catégoriquement et Laurène ne comprenait pas l’attitude de son amie. À chaque évènement pareil, cela paraissait suspect mais Clara réagissait toujours de cette manière : elle les mettait à l’écart. La jeune fille semblait inquiète à l’idée que sa meilleure amie entre dans son jardin, ce qui paraissait invraisemblable. C’était sans compter sur Valentine qui tira son amie par le bras pour leurs permettre de passer. Malgré les flammes, le froid saisit immédiatement les jeunes filles. Seul le haut du cabanon brûlait pour le moment.
– Il y a quoi dans ton cabanon ?
– Seulement des jeux.
– Comment peut-il brûler sans rien à cette époque de l’année ? lâcha Valentine.
Laurène n’en avait aucune idée. Étrangement Clara ne partit pas prendre le jet d’eau alors Anna s’en chargea. Au même instant, Laurène vit une ombre dans le ciel. Elle n’aurait su l’identifier. La « bête » était haut dans le ciel mais pas autant qu’un avion. Cela ne ressemblait pas à un oiseau car beaucoup plus grand et la jeune fille était persuadée d’avoir aperçu une queue. Après le passage de ce volatile inconnu, une grande quantité d’eau tomba spécifiquement où elles se situaient et éteignit le feu. Elles étaient trempées mais tout allait bien. Laurène ne croyait pas au hasard. Clara savait forcément ce qui allait se passer mais Laurène ne pouvait pas en parler maintenant. Les autres penseraient qu’elle devenait folle !
Néanmoins Laurène comprit qu’elle ne l’était pas lorsqu’elle vit une bête sortir incognito du cabanon. Elle n’avait jamais vu un animal comme celui-ci auparavant. Il ressemblait à un énorme lézard de dix mètres avec des écailles rouges remplies de piques et une queue enflammée. Le coupable de l’incendie se tenait devant elles ! Et Clara devait sûrement être en courant. Laurène eut un pas de recul et se frotta les yeux, croyant rêver. En presque 16 ans d’existence, elle n’avait jamais rien vu d’autre de ressemblant ! Il ressemblait à un animal imaginaire lorsque l’on contait les histoires. Rien de très réel pourtant.
– Mais qu’est-ce que… les filles vous voyez cela ? s’exclama Laurène stupéfaite en se retournant vers ses amies.
– Heu… non Laurène. Pour le coup je ne vois pas, la contredit Valentine suivie d’Anna.
Cela perturba la jeune fille qui se sentit idiote. Devenait-elle folle ? Pourtant elle était persuadée du contraire, tout lui paraissait bien réel. Ses amies ne la voyaient pas et elle si… qu’est-ce que cela signifiait exactement ? Cependant la bête tourna autour de Clara et elle remarqua bien que son amie avait conscience de la présence de l’animal. Non, elle n’était pas la seule à le voir, elle n’était donc pas folle et cela la rassura que sa meilleure amie semblait familière à cet animal.
– Clara… qu’est-ce que c’est ?
Cette dernière releva sa tête, ses yeux brillants. Or, Clara ne pleurait jamais. Donc la situation était importante. Les trois autres s’inquiétèrent sur le champ. Anna lui demanda doucement ce qui n’allait pas pendant que Valentine força gentiment son amie à rentrer au chaud. Laurène s’affolait aussi mais observa la bête éviter les trajectoires de ses deux amies qui ne la voyaient pas. Cette créature fascina Laurène. Elle avait envie de s’approcher d’elle, de lui parler, de la toucher.
– C’est un dragon, un dragonceau, minauda enfin la blonde.
Valentine laissa échapper un rire nerveux, se demandant si Clara n’était pas droguée. Anna poussa un cri d’étonnement ne comprenant rien. Pour Laurène, tout devenait compréhensible. Quand elle avait vu la bête, elle avait senti qu’elle devait la reconnaître. Cette sensation n’était plus présente mais une autre la remplaçait. Une sensation indéterminable, comme si cette fascination prenait le pas sur tout. Comme si quelque chose s’était passée dans son corps : une réaction. Pendant un vif instant son corps se réchauffa alors qu’il faisait vraiment froid. Pendant un vif instant elle sentit une partie d’elle se briser. Mais pendant un vif instant elle sentit une partie d’elle endormie s’éveiller. Un lien unique se forger. C’était très étrange et cela ébranla la jeune fille.
– Laurène ! l’appela Valentine en claquant des doigts devant son visage. On a besoin de toi là ! Impossible de calmer et faire parler Clara.
Laurène tenta de prendre la situation en main. Heureusement Clara ne resta pas longtemps dans son mutisme. Mais le temps des explications ne venait pas encore tellement ce qu’elle minaudait à Laurène demeurait confue. Elle attrapa les mains de l’adolescente avant de dire :
– Je suis désolée… je suis si désolée Laurène. J’ai commis une terrible erreur. Je suis désolée Laurène.
Clara ne pleurait pas mais paraissait désemparée, en état de choc. Personne ne comprenait pourquoi. Valentine et Anna observaient le bébé dragon en silence. Laurène sentait qu’elle seule pouvait prendre en main la situation actuellement, mais elle n’avait pas la moindre idée de quoi faire. Tout était nouveau pour elle aussi comme pour Anna et Valentine.
– Vous le voyez maintenant ? questionna Laurène.
– Oui… mais pourquoi l’as-tu vu avant nous ? Ce n’est que quand Clara a évoqué sa nature qu’il a soudain apparu dans notre champ de vision, expliqua Anna perdue.
– Je ne sais pas, admit Laurène. Seule Clara peut nous donner une explication.
Malheureusement cette dernière baragouina qu’elle n’était pas autorisée à leur en révéler plus. Valentine, Anna et Laurène n’arrivèrent pas à lui faire cracher le morceau. La châtaine s’empara du téléphone de leur amie, entra le mot de passe qu’elle connaissait et s’éloigna pour appeler le père de Clara. La jeune fille connaissait ses parents et la mère de blonde l’intimidait beaucoup trop. En revanche, elle appréciait beaucoup son père qui par ailleurs était très bon ami le sien. C’était trop dire qu’il pouvait être comme un second père pour elle, mais Laurène le connaissait depuis toujours, il donnait toujours de très bon conseil, il aidait toujours. Cet homme empathique se vouait à corps perdu pour les autres et pour assurer le bonheur du plus grand nombre qu’il pouvait.
– Clara ? Le dragon n’est pas venu éteindre les flammes ?
– Bonjour M. Gomez, commença Laurène. L’incendie est terminé. Pas de problème de ce côté-là.
– Laurène ? Où est ma fille ? Tout va bien à la maison ?
– Tout va bien, c’est juste que… Clara a parlé des dragons et Anna ainsi que Valentine ne les voyaient pas donc elle a paniqué. Et… je ne sais pas pourquoi, mais elle n’arrêtait pas de s’excuser auprès de moi. Pourquoi moi spécialement ? Il n’y a rien de grave… n’est-ce pas ?
– Elle a parlé des dragons aux autres…
– Elle ne voulait absolument pas, la défendit Laurène qui avait peur de commettre une gaffe. Elle a tout essayé pour cacher le dragon de nos yeux. C’est moi qui l’a vu et j’ai demandé parce que je pensais qu’Anna et Valentine le voyait aussi, mais en faites non… est-ce que je suis normale monsieur ? Est-ce qu’Anna et Valentine iront bien ?
– Tu es parfaitement normale Laurène, ne t’angoisse pas pour cela. Mais tu l’as vu donc la situation est d’autant plus urgente car il s’agit de toi. J’arrive, annonça M. Gomez. Dis à Clara de se détendre. Elle a fait une grosse bêtise en vous parlant des dragons mais le mal est fait. Je viens vous clarifier la situation.
***
Ce n'est pas mon chapitre préféré mais étant le tout premier, j'ai énormément apprécié l'écrire. C'est le début de l'histoire, l'excitation nouvelle de la commencer et cette sensation est vraiment très cool ! Je voulais rendre les choses fluides, d'où le fait qu'on rencontre nos personnages et que le changement dans leurs vies commencent dès maintenant. Cela ne fait pas trainer les choses et cela peut donner une impression de "soudain" ce qui retranscrit leurs vies à ce moment : elle va changer.
Déjà je vous remercie vraiment pour votre lecture c'est très gentil et j'espère que vous apprécierez même si les revirements ne seront peut-être pas ceux que vous espérez ! À l'heure actuelle, la première partie est déjà terminée et la deuxième est en cours d'écriture. Je tenterai de poster tout les dimanches, mais si je n'ai plus de chapitre en stock, je ralentirais et ferai surement une pause entre les parties (il y a déjà certains bonus de prévues entre les parties) !
En tout cas j'espère que ça vous plaira ! Et je vous souhaite une belle semaine et à dimanche prochaine !
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