Chapitre 6 :

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Laurène avait très envie d'entrer dans le grand bâtiment, espérant que la chaleur soit présente. Il faisait froid dans le nord malgré la douceur apportée par la mer. Le grand bâtiment était entouré par un gazon d'un vert brillant pour cette époque, cela semblait presque irréel. Des tables en bois usées y étaient disposées tout autour, sans doute pour prendre les repas à l'extérieur lorsqu'il faisait bon. Ce qui n'était absolument pas le cas en cette période. Des entrées différentes ouvraient directement sur un chemin spécifique formé en dalle beige. Un chemin reliait le bâtiment à la plage sur laquelle Laurène percevait de loin des endroits aménagés sur le sable. Un autre chemin le connectait avec le pont pour traverser le fleuve menant à un bois dense de l'autre côté. Un passage partant de la plage menant à un escalier creusé dans la falaise croisait celui du fleuve. Tout les chemins se connectaient pour éviter de passer sur la pelouse, ce que les élèves ne respectaient sûrement pas. Le groupe empruntait le chemin qui reliait l'autre bout de la falaise à la mer, avec évidemment un embranchement pour accéder au bâtiment. Avant de débarquer au campus, Laurène avait eu peur de se perdre, mais elle réalisa que cela ne serait pas trop le cas. Il ne s'agissait pas d'un énorme château. Le père de Clara se retourna vers eux, trépignant d'impatience à l'idée de tout expliquer.

– Il y a une arène un peu plus loin à l'opposé des bois. Certains de vous auront cours là-bas durant certaines années de votre formation. Le bâtiment est séparé en quatre hémisphères mais ne vous inquiétez pas, la cantine est commune, assura-t-il. Les dragons d'eaux se trouvent souvent à la plage ainsi que quelques hybrides. Ceux de terre au-dessus de la falaise et ceux de feu dans la forêt. Les dragons des vents sont souvent en liberté.

– C'est quoi le bâtiment en haut de la falaise ? questionna Laurène qui ne pensait qu'à cela.

– Il s'agit du sanctuaire. Certains d'entre nous, pour ne pas dire la plupart des Dresseurs ont des croyances. Vous comprendrez avec l'histoire de notre société. Pas d'inquiétude, il ne vous arrivera rien si vous ne croyez pas. Mais évitez d'offenser les doyens et les Voyants.

– Les Voyants ?

– Je garde cette explication quand vous serez assez immergés mais vous avez d'autres chose à savoir actuellement.

Un vieil homme à la tenue jaune brillante avec une femme aux vêtements verts foncés brillants bavardaient assis sur une table en bois. M. Gomez les salua avec un grand respect perceptible alors qu'ils passèrent devant eux pour aller vers la plage. Laurène et Lucas en déduire qu'ils étaient importants.

– La convention des couleurs peut-être ? proposa Valentine. J'espère que ce ne sera pas obligatoire de s'habiller de cette manière ! Je déteste les couleurs flashy.

– Seulement pour les cérémonies et plus tard dans votre métier. À chaque début de formation, chaque personne reçoit un premier bracelet selon sa catégorie et son niveau. Plus on grimpe dans les échelons, plus on a de bracelets et plus les couleurs sont foncées, exposa M. Gomez.

– Ces niveaux sont-ils les mêmes pour tous ? demanda Anna.

– Il y a des variantes mais c'est relativement proche. Les Dresseurs ont 4 niveaux : initié, accompli, expérimenté et méritant. Je vais partir sur la base de ces niveaux-là. Les Persévérants ont le niveau novice avant initié. Les Soigneurs comptabilisent 3 niveaux, ils n'ont pas le niveau méritant et le niveau accompli est le dernier, juste avant il y a compétant. Pour les Liés, le deuxième s'appelle maîtrisé, juste après on revient aux niveaux accompli, expérimenté et méritant.

– Les niveaux ont une signification, je suppose ? supposa Lucas.

– Oui, et vous devriez vous concentrer sur votre catégorie. D'ailleurs, Anna, Valentine. Persévérante ou Soigneuse ?

– Soigneuse ! fit Anna.

– Persévérante ! renchérit la brune.

– Es-tu certaine Val ? Cela peut être dur, s'inquiéta Clara.

– Je suis prête pour cela. J'ai réfléchi. Ne vous inquiétez pas les filles.

Anna sembla déçue par le choix de son amie mais elle ne s'exprima pas. La relation des deux jeunes filles était assez ambiguë même si personne ne le remarquait à quel point et osait leur en parler. Clara et Laurène l'avaient saisi, mais elles n'imaginaient pas comment cela pouvait être aussi ambigu. Anna se faisait de soucis pour son amie.

– Clara prendra donc la couleur jaune des Dresseurs, Anna le vert des Soigneurs, Valentine le blanc des novices Persévérants. Pour Laurène et Lucas, cela sera le bleu des Liés.

– Pourquoi ses couleurs ? insista Lucas qui cherchait une certaine logique.

– De vieilles conventions qui perdurent. Les Dresseurs sont considérés comme les plus importants dans les anciennes pensées donc sa couleur se rapproche du doré pour prouver son statut. Les Soigneurs sont très proches de la faune et de la flore d'où le vert. Tout persévérant ne parviennent pas à continuer leur apprentissage, d'où le blanc car ils peuvent très bien retourner chez les Soigneurs. Pour les Liés c'est plus compliqué...

– C'est-à-dire ?

– Il fallait une couleur qui les sépare des Dresseurs mais aucune ne semblait leur correspondre d'instinct, alors ils ont décidé de choisir le bleu car le violet la couleur opposée au jaune leur semblait inadéquate parmi les autres et la plus proche était le bleu.

Les jumeaux décidèrent de ne pas se casser la tête à y réfléchir ! Le père de Clara leur fit visiter la plage, là où les dragons d'eaux jaillissaient de l'eau de mer de la même manière que les dauphins. Il y avait quelques élèves en compagnie de leur dragon ainsi que des adultes. Ils s'approchèrent de la forêt sans y entrer, elle paraissait mystérieuse mais pas effrayante, cependant Laurène n'aurait eu aucune envie de s'y aventurer seule. Puis ils pénétrèrent enfin dans le bâtiment pour le grand plaisir de leurs corps gelés. Il n'y avait personne, l'unique pièce était vide. La salle commune se structurait en deux espaces clairs : la cantine avec des tables, ainsi qu'un espace réservé pour la détente avec télévisions, canapés, livres etc... Sur leur gauche, il y avait une porte jaune ainsi qu'une porte verte. Les quartiers se différenciaient grâce à la couleur de la porte. Celui des Liés se trouvait au fond du côté droit juste en face des Dresseurs ; les Persévérants logeaient donc en face des Soigneurs. Au fond, il y avait quatre réserves de nourritures pour dragons selon leurs espèces. Puis, juste au milieu un escalier en fer descendait.

– Où mène l'escalier ? s'étonna Laurène en s'approchant pour observer.

– À une grotte avec une nappe phréatique. Il s'agit d'un lieu sacré car c'est ici que tout type de catégories se lient aux dragons, expliqua-t-il. On appelle ce moment la cérémonie d'apparantage. On ne sait pas pourquoi c'est ce lieu étrangement...

– Quand aura lieu la nôtre ? s'impatienta Clara.

La jeune Dresseuse attendait ce moment depuis toujours, on l'avait préparé à cela depuis son jeune âge. Clara trépignait d'impatience à l'idée de devenir une Dresseuse à part entière, d'être lié à un dragon. Sans comprendre, les jumeaux redoutaient un peu cette cérémonie. Tout ce monde là leur était encore très récent trop inconnu... alors se lier avec un dragon dès leurs arrivées quasiment ! Cela les impressionnait.

– Demain, en début d'après-midi, mais je n'ai pas encore l'heure exacte. Bon, je vais vous laisser vous habituer à votre quartier, je dois aller parler au conseil.

– Pourquoi ? s'inquiéta sa fille. L'attaque était si grave que cela ? Je n'en avais pas l'impression pourtant.

– C'est par rapport à ce qu'a dit l'homme, devina Laurène.

– Tant que vous n'en parlez pas, il n'y aura pas d'ennuis. Lucas, je vois ta tête, et si tu veux ne pas paniquer, je te déconseille fortement de demander à ta sœur. Cela t'angoisserait plus qu'autre chose.

Le jeune homme ne prit pas en compte l'avertissement de l'adulte. Dès que ce dernier fut parti, Lucas asséna des tonnes de questions à sa sœur. Évidemment cette dernière suivait les conseils de monsieur Gomez.

– Attends, il suffit que Leau passe près de la mort pour devenir protecteur... t'es sérieux Lucas ? grogna Valentine.

– Je me souciais déjà de Laurène, se défendit-il. Mais on n'avait pas de problème avant !

– C'est cela et...

– Bon, heu... si on allait inspecter nos quartiers et rencontrer nos colocataires ? intervint Anna pour calmer le jeu.

– Très bonne idée, ajouta Laurène en attrapant le poignet de son frère.

Les deux se mirent à protester mais Lucas céda lorsque sa sœur l'emmena de force avec elle. Il sentait qu'elle ne souhaitait pas de dispute. Elle observa les autres entrer et son frère ouvrit la porte et la laissa y aller avant lui. Le salon était grand. Leurs pieds glissaient sous le carrelage bleu ciel. Un grand écran plasma s'accrochait au mur et le canapé posé sur un tapis bleu foncé paraissait confortable. Quelques étagères avec des livres parsemaient les autres murs.

– Faut pas détester le bleu ici, lâcha Lucas. Je suppose que c'est normal puisque c'est la couleurs des Liés.

– Grave... Où sont nos bagages ?

– Mme. Gomez a laissé des gens s'en occuper. Relaxe ! Ils sont sûrement en sécurité dans notre chambre. Puis il n'y a rien d'important donc ce n'est d'aucune utilité de les voler.

– Salut...

Les jumeaux n'avaient pas prêté attention à la jeune fille assise sur le canapé. Elle semblait avoir le même âge qu'eux, ou dans les alentours. C'était une jeune métisse aux yeux noisettes coiffée de tresses africaines qui lui arrivaient jusqu'à dans le dos. Lorsqu'elle se leva, Laurène eut la bonne idée de remarquer qu'elle avait au moins vingt centimètres de plus qu'elle... la Liée s'habituait toujours à être la plus petite, sauf que c'était déprimant à chaque rencontre. Laurène croisait les doigts pour rencontrer un jour une personne aussi petite qu'elle, histoire de se sentir moins seule, moins différente.

– C'est vous les nouveaux ! s'enthousiasma-t-elle. Je ne suis arrivée qu'hier donc je ne connais personne, mais c'est habituel. Je suis Joyce ! Joyce Lévesque.

– Enchanté Joyce ! Moi c'est Lucas Maguy et elle c'est Laurène, ma sœur jumelle.

Cette dernière la salua à voix basse, toute timide. Joyce restait assez à l'aise avec les inconnus, elle était assez confiante. La jeune femme se retrouvait toujours face à des inconnus, cela lui facilitait la tâche. Lucas, lui appliqua le conseil de sa sœur à la lettre : se faire des amis. Laurène le laissa faire, soulagée qu'il puisse ne pas se sentir seul. Elle écouta et répondait une fois sur deux. Elle n'avait jamais dû se trouver des amis après la maternelle, donc elle ne savait pas approcher les étrangers. Pire, elle les craignait, et elle angoissait. Ce n'était pas une phobie sociale, Laurène n'approchait juste jamais les gens. Elle laissait venir à elle.

– Juste... Rassure moi, je ne suis pas le seul garçon ?

L'inquiétude de son frère fit sourire les deux filles. Laurène se dit qu'elle pouvait peut-être faire un effort finalement. Elle la croiserait tout les jours et partagerait sûrement ses cours. Puis, Joyce avait l'air sympa, autant que l'impression soit réciproque.

– Tu n'es pas le seul, il y a Aaron, assura Joyce. Il est en dernière année, à seize ans, de deux mille deux je crois... beaucoup de personne parle de lui car il a été le seul Lié pendant deux ans.

– Cela devait être dur la solitude, commenta Laurène quoique personnellement, cela ne l'aurait peut-être pas dérangé.

– Il a fait sa première année hyper jeune par rapport à nous, releva Lucas. À treize ans environ, non ?

– Ouais, dire que j'ai le même âge que lui mais que je débute... l'âge ne veut vraiment rien dire ici pour les Liés, ajouta Joyce.

Laurène commença peu à peu à entrer dans la conversation elle-aussi, poussée par son frère mais aussi par Joyce qui souhaitait en savoir plus sur eux. Au final, Joyce était hyper gentille. Puis Lucas décida de trouver sa chambre et s'installer. Il prit la porte de gauche.

– Viens ! Je les ais vu déposer tes affaires dans une chambre, lança Joyce. Promis je ne suis pas allée fouiner.

La porte de droite menait sur un large couloir avec des portes de chaque côté. Joyce la conduisit tout au fond et lui indiqua la dernière porte de droite avant de la laisser se familiariser à l'endroit. Le parquet grinçait, ce qui ne la dérangeait pas. Les murs étaient rouges pâles et le lit ainsi que les autres meubles présents prenaient différentes teintes de cette couleur. Comment avait-il su que le rouge était sa couleur préférée ? Sûrement Monsieur Gomez par le biais de Clara. La valise de Laurène avait été posée sur le lit à baldaquin. Il n'y avait qu'une fenêtre au plafond. Comme cela sentait le renfermer, elle voulait l'ouvrir mais même en déplaçant la chaise du bureau pour monter dessus, elle fut trop petite. Agacée elle jura et sortit de sa chambre pour demander de l'aide à son frère. Elle commencerait vraiment à en vouloir à sa mère si elle n'avait pas une poussée de croissance insensément sous peu ! Laurène claqua la porte, prête à aller dans le dortoir des garçons mais lorsqu'elle fit quelques pas, on la tira par terre et elle sentit une lame près de son cou, pratiquement au même endroit que quelques heures plus tôt. Elle eut un flash de l'attaque précédente, cela lui glaça le sang.

– Pas encore, murmura-t-elle inquiète.

– T'as fait quelque chose à la fille ? T'es qui ? lâcha une voix grave.

Laurène releva la tête, prenant d'une main la lame du couteau espérant être capable de l'éloigner d'elle. C'était un jeune homme à peine plus âgé qu'elle qui l'attaquait. Sa peau blanche était du style à bien bronzer au soleil. Il avait les yeux bleus mais Laurène analysa la présence de lentilles et ses cheveux noirs jais semblaient n'en faire qu'à leur tête. Sa poigne maintenant Laurène au sol exerçait une pression hélas trop forte pour qu'elle puisse rivaliser. Cependant, Laurène se redressa légèrement et lui asséna une violente baffe qui le déséquilibra.

– Tu veux que je fasse quoi ici, idiot ? cracha Laurène en se relevant.

– Infiltrer les Liés pour les tuer peut-être ? Si tu en étais une, tu saurais qu'on est en danger.

– J'en suis une mais je ne suis pas au point d'être si débilisée par la paranoïa que toi !

– Je te préviens, fit l'adolescent d'un ton ferme. Si je découvre que tu fais partie de nos ennemis, je te tue.

Jamais Laurène n'avait été menacée de mort, encore moins deux fois dans la même journée ! Mais les remarques du fameux Aaron l'énerva plus qu'autre chose : elle n'allait pas s'entendre avec lui. Rien que de voir ses joues lui donnait l'envie de le baffer. Il s'agissait sûrement aussi de la colère envers ses parents qu'elle balançait sur le premier inconnu détestable. Elle envoya son poing dans la figure du jeune homme sans lui casser quoique ce soit.

– J'ai été attaquée ici et heureusement M. Gomez m'a sauvé la vie sinon je serai au main des ennemis. Alors laisse moi tranquille, je ne t'ai rien demandé.

Juste avant qu'il réplique, Lucas débarqua.

– Salut mec ! s'exclama-t-il enthousiaste. T'as rencontré ma jumelle Laurène. Je suis Lucas !

Le plus âgé lâcha une salutation, penaud, et toisa l'adolescente. Il ne semblait toujours pas lui faire confiance et la considérait toujours comme une ennemie. Cette dernière l'ignora, elle ne voulait plus avoir affaire à lui. Elle se massa la gorge, les deux couteaux avaient appuyé quasiment au même endroit et cela la perturbait. Puis elle se dirigea vers son frère, reconnaissante qu'il soit arrivé pour les empêcher de s'entre-tuer.

– J'ai besoin de toi, je suis trop petite !

– T'es comme maman, marmonna Lucas.

– La ferme. Si je ressemble à nos parents un jour, je refuse de vivre comme cela, lâcha Laurène.

– À toute à l'heure Aaron ! lança Lucas.

Heureusement que Lucas n'avait pas obtenu les gênes de petites tailles de leur mère. Laurène tenait son sauveur. Le frère et la sœur restèrent un moment dans la chambre.

– Il a l'air sympa, hyper puissant et fort ! s'extasia Lucas en parlant d'Aaron.

– Il m'énerve avec son comportement de M. Parfait ! grogna Laurène absolument pas prête à mettre de l'eau dans son vin.

– Qu'est-ce que tu racontes ? Bon, OK il a l'air renfermé mais il n'a pas l'air méchant. Puis il a été seul durant deux ans, voir trois recrus débarquer cela doit être déstabilisant. C'est parce que tu as déjà les filles que tu ne veux pas socialiser ? Pourtant tu m'as dit de me faire des amis !

– Car tes amis à toi tu ne les as pas ici, soupira Laurène. Je laisse juste les autres faire le premier pas... c'est tout.

– Aaron a l'air d'avoir cette mentalité aussi. Je n'ose même pas me dire comment cela va évoluer.

– En rien. Il m'a attaqué avec un couteau car il pensait que j'étais une ennemie ! Ces mêmes ennemis qui auraient pu me tuer aujourd'hui.

– Laulau, il ne sait pas ce que tu as traversé, puis il a l'air solitaire et l'a été, alors c'est normal qu'il ait été effrayé s'il n'a pas été prévenu de notre arrivée !

– Je ne l'aime pas ! Comme veux-tu que je m'entende bien avec un garçon qui était sur le point de me tuer ?

– Cela va être compliqué de gérer la cohabitation avec vous deux, commenta Lucas désespéré.

– Je m'en fiche. C'est un psychopathe ce mec.

Cela fit rigoler Lucas. Il s'approcha de sa sœur et la prit dans ses bras. Laurène humait son odeur, un mélange de cannelle et de lessive. Elle n'avait jamais compris, seule la lessive imprégnait ses vêtements à elle.

– Pourquoi donc ?

– Parce que tu n'as pas eu une journée facile, et aussi pour que tu arrêtes de stresser. Même si je comprends car on se trouve dans un endroit nouveau.

Ils retrouvèrent Joyce et Aaron dans le salon ainsi que le père de Clara. Ce dernier semblait entretenir une bonne relation avec les deux autres Liés mais il avait l'air proche d'Aaron. Peut-être parce que M. Gomez n'abandonnait jamais un adolescent seul. Il lui avait dit que les histoires familiales n'étaient jamais simples chez les Liés. Il faisait potentiellement référence à Aaron. Laurène se disait qu'elle devrait sûrement se montrer clémente envers le jeune homme mais elle porta la main à son cou, la sensation du couteau revenait. Lucas prit des nouvelles de la blessure et l'adulte se leva puis demanda à Laurène de le suivre. Ils sortirent juste dans la salle commune et s'installèrent à une table. Il n'y avait encore personne, donc ce n'était pas dérangeant.

– Que pense le conseil ? s'enquit Laurène.

– Ne t'inquiète pas. Il n'y a aucun signe valable donc ils pensent juste qu'il ne s'agit pas de toi...

– Je connais vos expressions... il y a un « mais », n'est-ce pas ?

– Pour être certain, il faut laisser le temps passer et prouver que tu n'as rien à voir.

– Je suis la personne la plus banale du monde. Je ne me démarque en rien. Il n'y a aucune raison pour que je devienne ou sois importante. N'est-ce-pas ?

– Ne te dénigre pas Laurène. Tu as tes qualités comme tes défauts et tu es unique comme chaque personne, assura M. Gomez. Cependant tu n'es pas la personne qu'ils cherchent. Et crois-moi c'est pour le mieux. Pour toi, ta sécurité et celle de tes proches, dont tes parents.

M. Gomez lui sourit et se leva. Laurène se demandait pourquoi cela devait être si terrible d'être la personne qu'ils recherchaient, comme si cette personne serait frappée d'une malédiction irréversible.

– Bon courage Laurène pour ton intégration. Avec Lucas, cela sera sans doute plus simple. À demain...

Lorsqu'elle revint, son frère reprit son interrogatoire. Elle se contenta juste de dire qu'elle n'était pas en danger et cela parut satisfaire son frère. Puis, à dix-neuf heures, c'était l'heure du dîner. Aaron ne sortit pas avec eux mais il promit de venir à leur table. Les jumeaux présentèrent donc Joyce aux filles et ils commencèrent à manger. Clara et Anna avaient toutes deux fait connaissance de leur colocataire de chambre, les Soigneurs et les Dresseurs ayant un quota plus élevé. Valentine avait croisé quelques personnes mais elle n'avait pas encore sympathisé. Elle se vantait d'avoir une chambre pour être toute seule et cela lui faisait un malin plaisir de narguer les autres avec Laurène.

– Et toi Joyce, d'où viens-tu ? demanda Clara en choisissant entre riz et pâtes.

– Je viens d'Italie. Mes parents déménagent beaucoup, précisa-t-elle en remarquant leurs mines ébahies. Je suis née au Canada, à mes trois ans mes parents sont allés au USA. Puis à mes sept ans c'était le Japon et à mes neuf ans en France. Puis l'Italie... mais mes parents sont français donc c'est ma langue maternelle.

– La chance ! J'aimerai tellement voyager, fit Clara rêveuse.

– Woaw, c'est lui l'autre Lié ? Laurène tu devrais le pécho, lança Valentine en voyant Aaron surgir. Je te jure tu dois le pé... aïe Anna ! Tu m'as fait mal avec ta claque !

– C'est un con, lâcha la Liée laissant ses amies stupéfaites.

– Elle le déteste, éclaircit Lucas.

– Bah pourquoi ? Papa m'a toujours dit qu'Aaron était gentil même si très timide et méfiant, répliqua Clara.

Laurène vit tout de suite que M. Parfait séduisait bien ses amies. Cependant, plus elle le fixait, plus elle ressentait les deux couteaux contre sa gorge. Ce fut insupportable. Impossible de ne pas revivre ce qui c'était passé et le mal de tête revint rapidement comme une douleur revenue à cause d'une pensée. Elle se leva.

– Bon heu... je suis fatiguée. La journée a été longue donc je vais aller dormir.

– Tiens, fit Clara en lui lançant une boite. Tu t'es prise une pierre pointue en pleine tête. Ne me fait pas croire que tu n'as pas mal à la tête.

La Liée la remercia avec un sourire forcé puis elle s'éloigna. Demain, la journée serait plus reposante, du moins, elle l'espérait car elle avait besoin de souffler un peu.

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