Chapitre 50 :
Ignisaqua s’envola et Laurène se demanda s’il allait rejoindre Brasier…
« Ne t’inquiète pas Laurène, tu t’en sors très bien. Ils comprennent maintenant que tu tiens les rênes. »
« Nous tenons les rênes », rectifia la Liée.
« Si tu le souhaites. Je tiens les rênes des dragons, tu tiens celles des humains. A nous d’en faire bonnes usages. »
Laurène fut troublée d’entendre Ignisaqua parler d’elle comme une leader. Elle ne l’était pas. Elle n’était rien. Non, elle n’était plus rien, peut-être que la casquette de cheffe ne lui correspondait pas, la Liée se rendait compte qu’il fallait quelqu’un pour diriger cette guerre. Et pour le moment, la jeune fille possédait plus de clés que personne.
L’adolescente retourna à sa place alors que les membres de l’organisation se trouvèrent des places assises dans le public. Ils attendaient tous l’arrivé des voyants. Lorsqu’ils arrivèrent, la Liée fut frappée par une chose : c’était tous des personnes âgées. Pas étonnant que Daniel ait dû se sentir si seul ! La jeune fille refoula tant bien que mal la bouffée de colère en elle : à quoi jouait les voyants ?
– A quoi rime cette mise en scène ? déclara un voyant au cache-œil rouge bordeaux.
– Il paraît que vous aidez aussi les ennemis.
– Qui a raconté ses balivernes !?
– Ceux ne sont pas des balivernes ! s’écria Clara sans oser se lever. J’étais là ! J’ai vu e voyant que vous avez laissé au ennemi.
– Moi aussi, ajouta Lucas.
Les voyants commençaient à protester bruyamment. Malgré le profond respect qu’ils avaient gagné auprès du gouvernement, le premier ministre les fit taire d’un regard noir avant de tourner sa tête vers Luc.
– Est-ce vrai ? Si tu nous dis la vérité, je veux bien m’engager à ce qu’on t’aide dans ta quête d’origine.
– Bien-sûr que c’est vrai, répondit-il directement. Notre voyant est beaucoup plus jeune que cette bande de vieillard mais nous en avons un. Sinon nous n’aurions pas su que l’élue apparaîtrait bientôt et qu’il allait falloir attaquer. Nous aurions pas su qu’il y avait trois protagonistes dans la prophétie.
– Ils l’ont envoyé là-bas par un vote, compléta Laurène. Lui-même a dit qu’il n’avait aucune chance car ils voudraient rester entre eux plutôt qu’accueillir un jeune. Il n’a même pas eu le choix.
– On a toujours le choix, répliqua sévèrement Irma. Si ça ne lui plaisait pas, il aurait pu partir et nous aurions choisi une autre personne.
C’était vrai, mais Laurène ne connaissait que trop bien de devoir exécuter une action car on attendait d’elle qu’on le réalise. La Liée avait pleinement conscience que Daniel avait été confronté à cette situation.
– Où se trouve-t-il ?
Évidemment, les autres voyants n’en avaient aucune idée. Laurène jeta un coup d’oeil à Aaron. Pour les protéger, pour les laisser tranquille, la jeune fille ne voulait rien dire. Joyce et Daniel devaient sûrement avoir les ennemis sur le dos… et les voyants n’avaient plus la côte auprès du gouvernement. Daniel et la quête se porteraient mieux s’ils n’apprenaient pas sa localisation. Alors la Liée mentit effrontément, suivie des autres.
Ce manque d’information ne plut pas du tout au gouvernement mais ils ne purent rien répliquer quand Laurène leur répliqua que s’ils avaient été plus attentifs, ils se seraient rendus compte de la duperie des voyants. L’adolescente sentit qu’elle commençait à prendre l’ascendant sur eux. Et elle se sentit tirailler entre la terreur et la sensation de revanche.
– Pourquoi nous mentir de cette manière ? Pourquoi n’avoir rien dit ? s’indigna un des jurés auprès du conseil des voyants. Vous travaillez pour nous. Pour la République.
– Non, ce n’est pas vrai, corrigea Irma. Nous travaillons pour les différents dieux. Nous n’avons aucune dette envers vous et les ennemis mais il est en notre devoir de ne pas favoriser un camp ou l’autre.
– Alors quel est votre but ?
– D’informer, rien de plus. Nous ne sommes dans aucun camp. La suite de la prophétie ne nous regarde pas. Nous pouvons annoncer, aiguiller, conseiller, mais rien de plus. Et tout doit se faire d’une manière égalitaire.
Le premier ministre fit un signe. Laurène se retourna sur elle-même afin de trouver à qui il s’adressait, cependant la jeune fille ne repéra que des militaires Dresseurs qui venaient de sortir de la salle. Ça ne présageait rien de bon, il trafique quelque chose, songea-t-elle. Leur départ avait attiré l’attention de tout le monde. Le premier ministre se leva en toisant sévèrement les membres du conseil des voyants. Laurène se demandait comme ses derniers parvenaient à garder leur calme : à leur place, elle serait terrifiée face à cet homme imposant ! La jeune fille n’avait plus trop peur de lui, mais les voyants avaient tous les droits de perdre pied.
– Vous avez conspiré avec les ennemis, gronda le premier ministre.
– Nous avons maintenu un équilibre ! vociféra le voyant au cache-œil bordeaux.
– Vous avez trahi la République. Pas seulement la communauté des dragons, vos manigances mettent en danger les autres citoyens qui ne sont pas au courant de l’existence de nos compagnons. Il est de mon devoir de vous punir pour que plus d’impair ne soit commis.
Les portes se rouvrirent sur les Dresseurs qui avaient quitté la pièce. Ils revinrent avec de longues épées qui laissa Laurène sous apnée avant qu’elle comprenne. La jeune fille s’interposa en jetant un regard noir au premier ministre. Elle comprenait son point de vue mais en même temps les voyants n’avaient jamais vraiment prêté allégeance à la communauté des dragons.
– Par chance, le don de voyant ne se transmet pas de génération. Elle apparaît aléatoirement, expliqua calmement le premier ministre. Rien ne dérange à tous vous tuer. On retrouvera à un moment d’autres voyants moins pervertis que votre ordre.
Laurène sentit son souffle se couper. Le public resta choqué lui aussi. La jeune fille sentit toute sa détermination s’effondrer.
« Tu n’as rien à craindre, Laurène. Tu es plus puissante qu’eux tous réuni. Tu peux dicter ta loi. », l’encouragea Ignisaqua.
– Vous ne pouvez pas faire ça ! s’époumona-t-elle. Ce n’est pas juste. Ça ne servirait à rien de les tuer sauf à avoir encore moins d’informations sur les prophéties ! Vous ne pouvez pas les tuer juste parce qu’ils n’ont pas été honnête avec nous. Sinon, vous ne valez pas mieux que les ennemis.
Sa dernière phrase entraîna des réactions outragées. S’il y avait bien quelque chose que la communauté n’appréciait pas, c’était de pointé les ressemblances avec les ennemis. Le premier ministre sembla scandalisé par cet affront, mais Laurène campa sur sa position et ne bougea pas d’un iota.
– Elle a raison, la soutint Aaron. Les voyants sont utiles. Monsieur le premier ministre, vous n’êtes pas un meurtrier. Raisonnez-vous.
Le premier ministre serra les dents. Il était à deux doigts d’appeler à nouveau le président, sauf qu’il se rappela que ce dernier avait un entrevu… malheureusement il ne pouvait faire tout le monde.
– Une seule personne, pour montrer l’exemple.
– Non ! s’exclama Laurène alors qu’Irma s’avançait, se portant volontaire.
La Liée aurait dû comprendre qu’il ne l’écouterait pas. Le gouvernement ne l’écoutait jamais. Malgré son statut, ils ne prendraient jamais en compte son avis. Impuissante alors qu’on la retint, elle fit la lame s’abattre sur le cou d’Irma. La tête de la voyante tourna avant de s’effondrer sur le sol. Personne ne prononça un mot dans la salle, ni même les voyants qui fixaient leur compatriote. Il commençait à avoir peur.
« Ils n’ont pas le droit de faire ça ! »
« Laurène, tu peux agir. Tu es bien la seule à pouvoir agir contre eux. »
Quelqu’un devait prendre en main la situation. On lâcha Laurène et cette dernière emprisonna le premier ministre dans une boule d’eau. Ce dernier porta les mains à sa gorge avant que cette dernière fasse éclater la bulle d’eau. Les poings serrés, la jeune fille s’avança et aida le premier ministre interloqué à se relever.
– Vous… vous m’avez attaqué…
– Les voyants ne sont pas nos ennemis. Vous n’avez pas le droit de les tuer, affirma fermement la jeune fille. Les prophéties sont plus claires grâce à eux et tout le monde en a conscience. On ne peut pas se passer de l’ordre des voyants pour le moment.
– Nous parlerons de la prophétie en privée, juste après, lui murmura-t-il à l’oreille.
Il lui donnait les rennes. Elle le comprit. La jeune fille alla se rasseoir à sa place pendant que le premier ministre faisait les cents pas tout en débattant avec les jurés. Laurène n’écoutait que d’une oreille les reproches de l’avocat, trop concentrée à observer les Dresseurs récupérer le corps décapité d’Irma.
– Nous allons placer les voyants sous surveillance accru, annonça le juge. Vous serez tout le temps surveiller. Vous n’irez nulle part sans que personne soit avec vous et lorsque je dis nulle part, c’est vraiment nulle part. Chambre, salle de bain, toilette… vous ne serez jamais seul.
– Laurène Maguy et Luc Laurewce sont relaxés, prononça difficilement le premier ministre en fusillant la Liée du regard. Nous comptons tenir parole jeune Laurewce, de quoi avez-vous besoin afin de retrouver vos origines ?
– On m’a indiqué d’aller au campus nord.
– Bien, vous resterez avec votre… amie. Votre tuteur sera Sébastien Gomez, il a l’habitude des jeunes compliqués. Vous serez sous sa surveillance, si jamais vous faites une erreur, les conséquences retomberons sur Laurène, compris ?
Le jeune homme déglutit péniblement mais hocha la tête. Il ne pensait vraiment pas qu’il s’en sortirait de ce procès ! Dès que le monde commença à sortir définitivement, Laurène se leva et se précipita vers Luc pour le serrer dans ses bras. Ce dernier lança un regard désolé à Aaron qui les fixait. Le Dresseur accepta quand même cette accolade. Laurène se décolla avec un faible sourire.
– Bon tu vas être un peu seul au début, mais je serai là et mes amis aussi ! Puis tu vas voir, M. Gomez c’est le père de ma meilleure amie ! Il est génial, il a été là quand il n’y avait pas mes parents, il nous a beaucoup aidés mon frère et moi. Il m’a beaucoup soutenue lorsque j’ai appris que j’étais l’élue et que je devais prendre de l’avance.
Luc n’avait jamais vu Laurène aussi enfantine, ou heureuse… ou bien même les deux ! Un homme blond avec les même yeux que la jeune fille s’approcha, il posa sa main sur l’épaule de Laurène et tendit sa main à Luc. Ce dernier la serra, cet homme semblait sympathique. Il parlait calmement, il ne le regardait pas mal. Il ne le jugeait pas.
– Merci pour ton enthousiasme Laurène, déclara M. Gomez avant de retirer sa main, et tu sais bien que je laisserai quand même de la liberté, c’est ton ami, pas un monstre.
– Luc, c’est M. Gomez.
Laurène le serra dans ses bras aussi, heureuse de revoir son protecteur. Elle serra vraiment tout le monde dans ses bras. Quand elle laissa le père de Clara parler à Luc en tête à tête, elle passa dans les bras d’Anna, Valentine, Lucas, Clara. Oui, elle resta longtemps dans les bras de sa meilleure amie.
– J’ai eu si peur pour toi, murmura Laurène à son oreille.
– Merci. Merci… sans toi je serai sûrement morte à l’heure…
– Tais-toi. Ne dis pas ça. Jamais ça Clara, OK ?
– C’est vrai pourtant. Tu m’as sauvé la vie, je ne te remercierai jamais assez pour cela. Tu as dû blessé des personnes pour moi et tu dois vivre avec ça sur la conscience…
– Hey, ne t’en veux pas, déclara doucement Lucas en glissant sa main le long du dos de Clara. La culpabilité ce n’est pas pour toi. Tu as été blessée, elle t’a sauvé. C’est normal.
La jeune Dresseuse hocha la tête en séchant ses larmes. Bien que ce soit normal, la jeune fille regrettait que son amie ait un fardeau de plus à porter. Lucas lui embrassa le front avant de poser la tête de sa copine sur son torse. Laurène sourit en s’éloignant, elle n’avait plus rien à faire avec eux pour le moment.
L’adolescente fixa Aaron un petit moment, il ne s’était pas approché comme les autres quand elle était venue. Elle suivit son regard : Luc. La Liée soupira, elle allait vraiment devoir faire les entremetteurs entre les deux ! D’un bon pas, elle s’approcha d’Aaron et s’accrocha à son cou. Laurène se laissa bercer par les battements du cœur du jeune homme. Il battait vite, peut-être trop vite. Elle sentit le poids du jeune homme s’affaisser, se détendre. Laurène n’avait pas envie de se détacher. Elle avait découvert ce cocon une fois, et il lui allait très bien. C’était ce dont elle avait besoin, et il lui donnait. Tout.
Ils furent perturber par un raclement de gorge et se retournèrent, les joues en feu. Un petit homme leur faisait face, tout aussi gêné.
– Laurène, le premier ministre vous attend dans son bureau. Essayez de passer le plus vite possible, je vous prie.
Cette dernière acquiesça, toujours agrippée à Aaron. Ce dernier replaça une mèche contre l’oreille de Laurène.
– Je ne t’avais jamais vu aussi déterminée face au gouvernement, commença-t-il.
– Est-ce mal ?
– Non. Non, il faut quelqu’un pour prendre en main la situation. Et je pense que tu es la meilleure personne pour le faire.
– Pas sans toi.
– Je serai toujours là pour te soutenir, promit Aaron. Viens, je me suis déjà rendue au bureau du premier ministre, je sais où il se situe.
Laurène jeta un regard derrière elle pour s’assurer qu’il n’y ait pas de problème, notamment pour Luc mais le jeune homme discutait calmement avec Sébastien ainsi que le père des jumeaux qui les avait rejoint. La Liée se laissa donc entraîner par son ami qui lui tenait fermement la main. Alors qu’ils tournèrent à un croisement de couloirs, ils tombèrent nez à nez face à Damien. Ce dernier ne s’était toujours pas dissimulé. Il cherchait quelque chose.
– Il faut qu’on parle, s’adressa-t-il à Aaron.
Sauf que le Lié resta figé. Par sa main qui broyait la sienne, Laurène saisit toute la détresse de son camarade. Il respirait à peine.
– Ce n’est pas le moment, déclara fermement l’adolescente. Bouge de là. Le premier ministre nous attend, et tu sais bien qu’il n’est pas commode.
– J’ai des explications à te donner.
Damien ignora totalement l’avertissement de la jeune fille. Il ne fixait que son ancien meilleur ami qui commençait à faire mal à Laurène à force de serrer ses poings.
– Des explications ? Mais Damien… tu fais ce que tu veux, ça ne me regarde plus depuis longtemps.
Sa voix ne fut qu’un murmure et Aaron regrettait amèrement de sentir plus de la déception et de la tristesse que de la colère. Évidemment qu’il ressentait de la colère envers Damien… mais ce n’était pas ça qui prenait le pas. Il secoua la tête, des explications, c’était quelques années auparavant qu’il aurait dû lui en fournir. Pour le Lié, c’était trop tard.
Et même si le Dresseur ne répondit rien, Aaron réalisa qu’il ne parlait peut-être pas de ce qu’il pensait. Il sentit une larme coulée le long de sa joue en comprenant qu’il ne lui donnerait jamais d’explication pour ne l’avoir jamais visité lorsqu’il se trouvait en hôpital psychiatrique. Il ne lui donnerait jamais ses raisons de l’avoir abandonné au moment où il avait le plus besoin de lui.
– Je ne comprends pas, soupira Aaron.
– L’organisation. Certes j’adhère à certaines de leurs idées mais ce n’est pas pour ça que j’y suis rentré.
Aaron ne voyait pas le rapport et la voix de son ancien ami commençait à l’insupporter. Alors, toujours en tenant la main de Laurène, il la fit passer devant lui et traça son chemin. Sauf que Damien lui saisit l’autre bras pour le retenir.
– Je veux te protéger, d’accord ? Tout ce que je veux c’est pouvoir réparer les torts que j’ai causé.
– Tu ne peux rien réparé ! S’écria Aaron en lâchant Laurène et se défaisant de l’emprise de Damien. Ce n’est pas cassé Damien, c’est brisé et on ne recolle rien de quelque chose de briser, on le jette à la poubelle !
Laurène se colla au mur, étonnée et inquiète de la véhémence et de la colère émanant de son ami. Damien resta bouche bée et immobile, fuyant le regard du Lié. Une rafale de vent sortit de nulle part les décoiffaient mais le jeune homme ne fit pas plus attention
– Où étais-tu quand je pourrissais dans l’hôpital psychiatrique parce que je ne parvenais pas à surmonter ma dépression ? Pourquoi ne t’es-tu pas dit « oh mon meilleur ami va mal, je pourrais peut-être le soutenir » ?
Des larmes roulèrent sur les joues de Damien et ça faisait bien longtemps que celles d’Aaron était trempées. Laurène voulut saisir une main pour le réconforter mais il leva celle qu’elle comptait prendre pour pointer un doigt rageur vers Damien.
– Je ne suis plus faible. Je n’ai pas besoin de toi pour me protéger ! Encore moins toi !
Aaron fit quelques pas en arrière, Laurène dut l’esquiver pour ne pas se faire rentrer dedans. Puis sans un regard il s’en alla. La jeune fille mémorisa la direction par laquelle il partait et barra le chemin à Damien qui comptait le suivre.
– Laisse-le tranquille, cracha-t-elle presque. Laisse-le respirer. Ne reviens pas vers lui s’il ne fait pas un pas vers toi. Juste laisse-le.
– Veille sur lui, d’accord ?
– Je n’ai pas besoin que tu me le dises pour le faire.
Laurène rattrapa vite Aaron. Elle comprit que le jeune homme n’était pas enclin à discuter de ce qu’il venait de se passer. Il tapa trois coups à la porte du bureau du premier ministre qui leur ordonna d’entrée. Marc Delaroux les observa un moment avant qu’il leur indique de s’installer sur les fauteuils en face de lui. Le Dresseur scruta Laurène.
– Je suppose que vous savez où se trouve Joyce Lévesques ?
– Oui.
– Et je suppose que vous ne nous le direz pas.
– Elle est là où elle doit être. Elle tente de réaliser son rôle dans la prophétie, à voir le chemin qui se montrera après ça.
Le premier ministre resta un moment silencieux. La situation n’avait rien de simple, maintenant que Laurène était de retour, les ennemis tenteraient à nouveau de la récupérer… la guerre n’était pas prête de se terminer. Loin de là !
« Il est perdu. Ce n’est pas avec quelqu’un comme lui que ça risque de s’arranger? », grogna Ignisaqua dans l’esprit de Laurène.
« Et qu’est-ce que tu proposes, c’est le premier ministre. Personne ne peut le destituer. »
« Fais ce qui te semble juste. »
Mais qu’est-ce qui était juste ? Laurène ne savait plus. Elle pensa à Aaron qui revivait des parties douloureuses de son passé. Elle pense à Clara qui avait miraculeusement survie à sa blessure. Elle pensa à Joyce livrée à elle-même, sans doute dans une peur constante.
– Laissez-nous nous occuper de la prophétie, prononça-t-elle doucement. La guerre fait rage… occupez-vous de gérer l’armée, les batailles, les traités s’il y en a… et on s’occupe de la prophétie. Nous sommes les mieux placés pour.
– Seulement si vous nous laissez…
– Non, coupa fermement Laurène. Je sais ce que vous pensez tous de moi. Que je suis faible, que je ne suis pas assez forte, que je vais juste nous conduire à la fin de ce moment. Et… peut-être que c’est vrai, je n’en sais rien, mais peut-être que c’est faux, vous n’en savez rien. Alors laissez nous gérer, et je ne tolérerais aucun contrôle de nos activités à par nous. Compris ?
Le ministre resta un petit moment muet, à observer cette si petite adolescente fragile qui ne lui lassait pas le choix. Lui, le vieux et vaillant Dresseur se laissait donner une leçon par une novice qu’il n’estimait même pas. Il soupira, comprenant à son regard que ça ne servait à rien de marchander. Il se redressa de son fauteuil, fixant la jeune fille.
– Vous avez carte libre. Mais si tout se passe mal, si jamais les ennemis finissent par gagner, anéanti ou non, le gouvernement vous traquera. Jusqu’à votre mort, ou jusqu’à ce que l’on puisse vous la donner.
– Parfait.
Ils se serrèrent la main et les deux Liés sortirent. Laurène se sentit soulagée que tout ça soit fini pour le moment. Elle aurait du pain sur la planche, mais ils avaient un peu du temps puisque Joyce n’était pas encore de retour.
Pour le moment, Laurène songeait juste à se reposer. Juste un peu de repos. Mais quand en aurait-elle vraiment ? En aurait-elle vraiment un jour ? En passant devant la chambre des autres, elle vit que tout le monde bouclait ses affaires. Une fois arrivée dans sa chambre, Aaron lui rendit son manteau qu’il avait laissé sur son lit. Laurène se sentit soulagée de l’enfiler à nouveau et de sentir le poids de ses armes.
– Je dors où en faites ? Encore dans ma cellule ?
– Je suppose qu’ils voulaient tellement que tu sois coupable qu’ils n’y ont pas pensé, souffla Aaron. Mais t’inquiète, on rentre au campus demain, tu retrouveras ta chambre à ce moment-là. En attendant… peut-être que Clara ou Lucas accepteraient de décamper de leur chambre…
– Ouais c’est possible. Ça fera du bien de retourner au campus, malgré tout. Quoique les cours ne m’ont peut-être pas spécialement manqué.
– Je doute que tu ais encore besoin de cours, tu sais.
– Je sais, mais il n’y en aura toujours tant que je ne te battrai pas. C’est à dire bientôt.
– Crâneuse.
– Toi crâneur-là, tu es le premier à dire que tu es le meilleur.
– Ironiquement.
– Je sais.
– Alors vous deux ! s’écria Valentine en s’immiscent entre eux. Vous allez faire quoi de beaux ?
– Survivre ?
– Mmh, oui ça semble cool, commenta la Persévérante. Vivre c’est grave surcoté, survivre c’est mieux.
Annotations
Versions