Chapitre 69

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Laurène savait qu’elle ne referait plus jamais de teinture de toute sa vie. Les cheveux noirs jais comme Aaron ne lui allait vraiment pas, et les lentilles marron non plus ! Néanmoins elle ne pouvait vraiment pas se plaindre, si elle devait absolument se grimer, Ignisaqua ne pouvait pas bouger depuis tout ce temps, et cela devait être beaucoup plus dérangeant. L’adolescente compta ses lames : il ne lui en manquait pas.

– Dites-moi que je peux enlever les lentilles quand même ! se plaignit la jeune fille à M. Gomez. J’ai les yeux qui brûlent, ce n’est pas normal.

– Les cheveux raides et noirs devraient suffire, nous n’allons pas risquer que tu fasses une allergie. Encore moins alors que la bataille va commencer.

La jeune fille serra les poings pour cette victoire et se hâta de les enlever. Jamais elle ne remettrait des lentilles de sa vie, comment Aaron avait-il pu en mettre pendant des mois ? Une fois débarrassée. On toqua à sa porte et elle se retourna pour voir Aaron. Le jeune homme esquissa une grimace avant de la rejoindre.

– Ça fait étrange… de te voir comme ça. C’est si différent de d’habitude.

– J’espère pouvoir tout retirer bien vite. Moi aussi ça me perturbe… comment tu te sens ?

– Anxieux, je suis anxieux. J’ai essayé de maîtriser les ombres mais ce n’est vraiment pas mon fort. Je vais comme je peux mais je n’aime pas l’idée que je la manie pas bien.

– Tu n’as pas eu le temps, c’est normal. J’espère juste que tu ne feras pas un surcharge de partage.

Aaron lui embrassa le front en lui assurant qu’il y avait peu de risque. Cependant Laurène ne pouvait retirer ses souvenirs de son esprit. Elle avait besoin d’Aaron avec elle. Il avait besoin d’elle aussi. La jeune fille se plaça sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Il fut long, lent. Ils ne voulaient pas se séparer, craignant qu’il puisse être le dernier baiser échanger. Mais il ne pouvait pas le savoir.

Ils rejoignirent les autres dans le quartier vide du bâtiment du campus. Il avait été évacué, cependant certains élèves, la plupart des personnes presque diplômées, avaient souhaité rester pour aider. Laurène se sentait responsable d’eux si jamais ils leur arrivaient quelques choses.

Toutes les personnes regardèrent Laurène, Aaron et M. Gomez débarquer.

– Cheveux noirs raides et courts ! T’as adopté mon style ! s’enthousiasma Valentine en lui faisant un clin d’œil.

– Je ne suis pas certaine qu’il m’aille aussi bien que toi. C’est ton style quand même, c’est à toi qu’il va le mieux.

– Ah je sais que je suis parfaite dans mon style ! s’exclama Valentine en passant un bras autour des épaules de Laurène. C’est pour ça qu’Anna m’aime !

– C’est sur que si c’était pour ta tendance à te jeter des fleurs, ce serait hautement incompréhensible d’être tombée amoureuse de toi, souffla la rouquine amusée. Mais tu as de la chance que je te supporte dans tes bêtises !

– Il faut bien quelqu’un de pas sérieux dans un couple, se justifia Valentine. Regarde Lucas et Clara, Lucas ne sait pas être sérieux ! Laurène et Aaron… heu laisse tomber ils sont plus dépressifs qu’autre chose ses deux là. Mais, nous sommes parfaites !

– Seulement Anna, grommela Lucas en passant sa main dans les cheveux de Clara. Et toi, je reste avec toi pour m’assurer que tu ne sois pas blessée cette fois. Non parce que bon, je ne veux plus de frayeur.

– Je ferais plus attention, promis, assura Clara en réajustant la sangle de son arc. Puis, je sais que tu garderas un œil sur moi, en plus de mon père, donc comment pourrais-je vous faire des frayeurs ?

– On ne rappellera pas ce qui c’est passé la dernière fois alors…

– J’ai peur pour vous, avoua Laurène la main tremblante. Il peut se passer n’importe quoi, on l’a vu avec Clara. Et vous n’avez pas signé pour être dans une guerre, vous battre aussi jeunes. Risquez vos vies.

– Personne ne l’a décidé. On prend le risque c’est tout, parce que tu es notre amie. C’est normal pour nous de te soutenir, puis on est protégé, ça ira. Et si je suis blessée, y aura Anna qui me fera des pansements avec des gestes doux, et des mots doux j’espère.

– Ne dit pas ça ! s’offusquèrent ses trois amies.

– Il faut bien détendre l’atmosphère !

– Pas comme ça ! s’exclama Anna les larmes aux yeux. On en a déjà parlé. Pas comme ça…

Valentine s’excusa directement. Laurène ne l’avait jamais vu se sentir aussi mal. L’adolescente adorait amuser la galerie pour détendre tout le monde mais s’il y a bien une chose qu’elle ne voulait pas faire encore plus, c’était d’angoisser Anna pour rien. Valentine se sentait coupable à l’idée d’avoir pu mettre sa copine mal. Elle l’embrassa en lui promettant que ça irait. Qu’il n’y aurait pas de problème.

– Ils arrivent, signala M. Gomez tendu qui revenait de l’extérieur. Tout le monde est déjà prêt, est-ce que vous l’êtes ?

– On n’a pas vraiment le choix, admit Lucas. Mais il le faut.

Il embrassa Clara comme si elle pouvait mourir d’une seconde à l’autre et qu’il ne la reverrait jamais. Valentine murmurait à l’oreille d’Anna qui prenait sur elle pour se montrer confiante, mais au final, elle restait terrorisée pour ses amies, pour sa copine. Les quatre amies se serrèrent dans leurs bras, jamais elles n’auraient pensé en arrivant ici que cela allait se passer de la sorte. Luc prit son petit-frère dans ses bras alors que Clara s’en alla vers son père. La jeune fille avait déjà perdu une mère qu’elle n’avait au final jamais eu. Perdre son père lui semblait impensable et elle avait très peur à l’idée de se retrouver seule. Sébastien le savait, mais pour avoir participé à plusieurs attaques, et avoir été blessé dans plusieurs attaques, il connaissait suffisamment pour savoir que faire des promesses étaient impossibles. La fratrie se détacha pour aller vers leurs parents au côté de Sébastien.

– Faites attention à vous, murmura Nicolas entourant de ses bras ses trois enfants. Je ne veux savoir aucun de vous mort.

– Cette avertissement compte pour toi et maman aussi, souffla Laurène.

Luc resta un long moment avec son père. Si d’abord il était censé rester avec lui, le fait qu’Ignisaqua ne doive se pointer que dans un moment les avait poussés à le laisser avec Laurène au début. Tous les deux combattaient très bien, et tout les deux devaient récupérer Aaron pour s’attaquer aux demi-dieux. Au moment où ils sortirent tous du bâtiment, un dragon ennemi cracha des flammes sur le toit.

– Ça commence magnifiquement bien, ragea Lucas en colère de voir sa maison partir en feu.

– Il est là ! s’exclama Luc en pointant du doigt un dragon sombre qui approchait. C’est mon dragon, c’est l’Imposteur. Ce qui est bien, c’est qu’il n’a pas l’air de vouloir me chercher.

Ignisaqua n’était pas encore arrivé. Si Aaron monta la fille du Père, Laurène prit place sur Aquaventus. La jeune fille aida son frère à monter avec elle. Pour une fois, elle allait voler avec Luc. Le jeune homme ne voulait jamais car il avait peur d’Ignisaqua. Mais pas d’Aquaventus. Luc se plaça derrière Laurène.

– On fait quoi ? Demanda Lucas. On avance vers l’Imposteur ?

– Mauvaise idée ! s’écria Laurène. S’il me reconnaît ou reconnaît Luc, tout est fichu !

– Alors on fait quoi ?

– On peut s’occuper des demi-dieux, proposa calmement Aaron qui cherchait Fournaise du regard.

– Je vais essayer de leur parler d’abord, insista Luc. Je suis leur commandant, ils sont censés m’écouter. J’ai espoir que sur ma demande ils se retournent contre l’Imposteur.

– On peut toujours essayé, ça ne coûte rien, acquiesça Laurène.

– Et Ignisaqua ? Quand est-ce qu’arrive la Mère ? demanda le Père.

« Brasier est avec moi. Nous arrivons. »

– Bientôt, affirma Laurène. Elle arrive avec Brasier.

– Encore celui-là…

Apparemment le Père n’avait jamais accepté le lien entre Brasier et la Mère. Laurène ne cherchait pas à comprendre, malgré ses doutes, Brasier avait prouvé de quel côté il se trouvait.

Avant même qu’elle n’est pu répondre, Aquaventus s’enfonça un peu plus vers le champ de bataille. Luc dégaina ses dagues, s’apprêtant à se lever, Laurène ne sortit qu’une lame, se laissant une main de libre pour le partage. Luc restait en équilibre, le regard perçant, prêt à attaquer, Laurène ne l’avait jamais vu aussi concentré. L’adolescente cria à Aquaventus lorsqu’elle vit un dragon arriver rapidement, le dragon d’Aaron bifurqua violemment et Laurène attrapa les jambes de Luc pour le maintenir sur le dragon. Elle balança la lame sur un homme qui attaquait Valentine et son dragon. La Persévérante sauta sur le dragon ennemi en chute pour récupérer l’arme de Laurène. Doubiscia récupéra son humaine in extremis et Valentine lança l’arme pour le rendre à Laurène. Aaron utilisa le partage pour dévier deux flèches qui comptaient se figer sur Valentine et Laurène.

– Fait attention ! conseilla la Liée. Ils sortent de nulle part des fois.

– Compris. Laurène, il y a les types masqués, aussi.

– Comment les types ?

– Il y en a deux, regarde là-bas. Dylan et Damien sont avec eux en plus.

Laurène regarda dans la direction que Valentine lui pointait, au niveau de la falaise, elle voyait quatre silhouettes accompagnées de quatre dragons. La Liée jeta un regard à Luc et d’un commun accord ils demandèrent à Aquaventus d’aller vers eux, suivis de Valentine. Laurène forma une boule de feu qu’elle lança en pleine tête d’un assaillant qui allait attaquer Clara de dos. Cette dernière était au sol avec son arc, Lucas au-dessus d’elle sur Terramicus. Ce dernier leva la tête vers elle pour la remercier. Il ne pouvait pas faire toujours attention à Clara, surtout quand il manipulait le partage aussi intensément. Le sol était parcouru de craquelure, certains hommes tombaient dans les failles qu’il creusait. En hauteur, c’était très impressionnant à regarder, presque horrifiant. Lucas se débrouillait vraiment bien mais cela n’empêcha pas Laurène de se faire du soucis pour eux. Valentine, Luc et Laurène atteignirent la falaise, au niveau des quatre individus.

– Que faites-vous là ? demanda Laurène.

– Pour prêter main forte ! Que veux-tu d’autre ? Tu penses sérieusement que je vais dégainer un poignard et te le pointer en plein cœur ? lâcha Damien.

– Et se faire tuer par Aaron par dessus le marché, renchérit Dylan en jetant un regard au Lié.

– On est jamais trop prudent. Je vous garderais à l’œil, déclara ce dernier.

– Je pense que tu n’en auras pas franchement l’occasion, la contredit Valentine. Je crois que tu as beaucoup de choses à faire aujourd’hui, à compter de trouver un moyen d’éloigner les demi-dieux de l’Imposteur !

– Tu m’étonnes, commenta Luc. Allez Laurène, il faut y aller là. Je dois retrouver les fondateurs des Lignés !

– Faites attention à vous ! s’exclama Laurène. Val ça compte pour toi aussi !

Cette dernière leva les yeux au ciel avant de demander à Doubiscia de se rapprocher un peu de la position où Anna se trouvait. Les Soigneurs étaient déployés un peu partout au sol, beaucoup couraient et faisaient des aller-retour afin de trouver de nouveaux matériels dans l’infirmerie qui avait été ravitaillée jusqu’à ne plus en pouvoir. Des lits sur roulettes avaient été avancés à la lisière de la pelouse et ils y portaient des corps. Les Soigneurs les plus vieux procédaient déjà à des opérations d’urgence pour certains combattants.

Valentine lança un poignard pour blesser un ennemi juste derrière Anna. Cette dernière leva la tête et lui cria de faire attention. L’adolescente leva les yeux aux ciels avant de lui crier un ‘‘je t’aime’’. Puis elle débarqua à ses côtés pour la couvrir. Elle faisait tout son maximum pour faire attention, comme elle, comme Lucas, comme Clara. Ce n’était pas parce qu’elle fonçait souvent tête baissée qu’elle n’en avait rien à faire pour autant. La Persévérante comptait bien sauver la vie d’Anna et rester avec elle, et ça passait par couvrir la rouquine.

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