Chapitre 72

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Lucas se redressa en serrant les dents, Luc accourra directement vers son père en l’entourant dans ses bras. Laurène approcha les jambes flageolantes. Clara prit le talkie-walkie.

– Christine, souffla clairement Clara. Votre mari…

Christine débarquait déjà, les traits creusés par l’inquiétude et les yeux brillants. Laurène fondit en larme en voyait sa mère accablée. Nicolas toussait du sang. Sébastien le regarda dans les yeux profondément triste. Il s’agenouilla auprès de son meilleur ami qui lui glissa quelques mots à son oreille alors que Christine s’activait afin de réprimer l’hémorragie comme elle le pouvait. Luc prit la main de son père, Lucas se colla contre lui ne pouvant pas rester debout et Laurène saisit l’autre main. Nicolas approcha le front de Christine et l’embrassa alors qu’elle pleurait.

– Pas toi, sanglota-t-elle. Pas toi, pas maintenant. Pas après tout…

– Christine, souffla Nicolas avec un faible sourire. Ça va aller, ça va aller.

Christine l’embrassa faisant l’effort de sourire mais c’était compliqué. Nicolas sentait ses forces s’échapper de lui. Il tentait de se battre pour rester mais même en sentant son corps aller sur le brancard, il savait que cela n’allait pas le faire. Nicolas aurait voulu pouvoir se battre. Il aurait voulu pouvoir combattre mais la blessure était trop grave. Tout ce qui pouvait ressentir était la tristesse de quitter ses enfants. Le regret de ne pas avoir pu rester avec Luc un peu plus longtemps. Ce dernier lui murmurait de s’accrocher, que ça allait le faire mais lui-même savait que ça ne le ferait pas. Les joues du jeune Dresseur était déjà inondé de larmes et Nicolas le regrettait. Il ne voulait pas voir son fils accablé comme le chagrin comme dernière image.

L’ancien Dresseur tentait en vain de formuler une phrase mais à chaque fois il fut coupé par une toux. Lucas pleurait contre son torse ensanglanté, Laurène tenta d’essuyer le sang en vain. Cette dernière faisait l’effort de ne pas pleurer. Nicolas voyait toute la tristesse dans ses yeux, il remarquait toujours tous dans les yeux de Laurène mais cette dernière ne voulait pas que son père la voit pleurer pour la dernière fois qu’il la voyait. Il méritait mieux que des personnes tristes.

Nicolas leva faiblement la main pour tenter d’essuyer les larmes coulants le long des joues de Luc. De son autre main il serrait Lucas contre lui.

– Ne pleurez pas, haleta-t-il en regardant Luc dans les yeux. S’il-te-plaît ne pleure pas. Je ne veux pas te voir comme ça.

– Papa, souffla Luc. Non, reste. Reste ! s’écria-t-il en approchant son visage du sien. Je t’aime, sache-le, je t’aime.

Tout ce que Luc avait voulu était son père. Tout ce que Nicolas voulait était de retrouver son fils. Ils avaient eu la chance de se retrouver mais jamais ils ne pourraient profiter du reste de leur vie ensemble. Jamais.

– Je… je suis fier de… de vous mes enfants. De vous trois. Je vous aime tous les quatre.

Luc cria de rage en tapant son poing dans la terre. Le corps de son père lui fut arraché de force alors que Laurène le retenait de se cramponner à lui. La jeune fille aussi pleurait mais elle se devait de garder la tête froide. Le corps de leur père fut emporté par des Soigneurs, tout comme Lucas pour sa jambe. Si Clara insista pour le suivre ce dernier l’embrassa en lui disant qu’elle était plus importante au combat et il avait raison. Il lui fit promettre de faire attention et il savait que Laurène veillerait sur elle pour lui. Sa jumelle lui lança un regard compatissant avant de le voir s’éloigner. Lorsqu’elle tourna la tête vers Luc, elle le vit prendre un revolver par terre et vérifier qu’il était fermé avant de l’avancer vers sa tempe.

– Mais ça va pas ! hurla Laurène en éloignant le revolver de la tête du jeune homme. Mais qu’est-ce qui te prends ! Ne fais pas ça !

– Laurène, c’est la seule solution. Je dois mourir !

– Non ! Arrête de dire des bêtises. Les voyants disent toujours qu’il y a plusieurs chemins. Il y a forcément une autre solution.

– Mais quelle solution ?!

– Je ne sais pas mais tu ne peux pas faire ça !

– Mais ça ne sert à rien Laurène ! Papa est mort !

– Mais justement tu n’es pas seul ! s’égosilla la Liée en lame. Que fais-tu de Lucas et de moi ? Tu as un frère, tu as une sœur. Tu n’es pas seul putain ! Je suis là ! Ne fais pas ça. S’il-te-plaît, tu mérites mieux Luc !

Luc regarda tristement Laurène avant de la prendre dans ses bras. Elle avait raison, comme souvent. Savoir son père mort le rendait très mal, cela lui semblait impossible de continuer. Il n’avait jamais connu sa mère, quasiment pas son père. Pourquoi resterait-il en vie ? Il n’avait plus aucune raison de rester. Mais la voix en colère de Laurène l’avait vite ramené à la réalité. Lucas et Laurène n’avaient jamais eu vraiment besoin de lui mais il ne pouvait nier d’avoir une relation forte avec eux, avec Laurène. Mais au-delà de savoir son père mort, Luc se demandait surtout comme ils allaient s’en sortir de cette bataille.

– Laurène ! s’écria Clara qui retirait sa veste en feu. Il faut que tu maintiennes le partage, sinon on va tous brûler.

Laurène jeta de l’eau sur son amie qui avait les cheveux en feu sans pour autant lâcher la main de Luc pour s’assurer qu’il ne fasse rien de dangereux contre lui. Elle jeta un coup d’œil à Valentine et Anna qui se débrouillaient bien. Les deux jeunes filles quasiment dos à dos, Valentine repoussait les attaques pendant qu’Anna soignait un blessé mais la rouquine aussi prenait part au combat. Un dague de sa petite-amie dans la main, la Soigneuse démontrait ainsi qu’elle pouvait aussi se battre ! Laurène espérait qu’elles n’auraient pas besoin d’elle, car la jeune fille ne pouvait pas couvrir tout le monde. Elle sentait ses jambes tremblées qui pouvaient la lâcher n’importe quand. Fournaise devait absolument s’épuiser dans pas longtemps, sinon il allait falloir trouver une autre solution. Une solution viable. Elle sentit les mains de Luc tenir fermement sa taille.

– Je te soutiens et Clara nous couvre, murmura-t-il à son oreille. Fait ce que tu peux.

– Je ne sais pas combien de temps je peux tenir avant de m’évanouir.

– Je serai là.

Laurène cria alors que la barrière d’eau reprit de la figure. Elle puisa toujours plus dans l’énergie que partageait Ignisaqua, dans l’énergie qui s’extériorisait d’elle, dans l’eau qui s’échappait d’elle. Tout partait, absolument tout. La barrière s’éleva haut, toujours plus haut. Elle engouffra Fournaise qui se débattait pour échapper à son élément contraire, elle engouffra toutes les flammes. Laurène maintient son effort jusqu’à être certaine que personne ne brûlerait, mais elle la relâcha lorsqu’elle entendit Anna hurler.

Anna ne hurlait jamais. Et ce son lui glaça le sang.

Laurène lâcha toute sa concentration pour tourner la tête alors que Clara accourut vers ses amies. Laurène sentait la douleur dans ses jambes rien que de les avancer alors Luc la porta presque jusqu’à ses amies. Anna tentait en vain d’arrêter l’écoulement de sang de la carotide sectionnée, mais la coupure était trop profonde. Valentine gémissait, ses mains agrippant la tunique de son amie.

– Anna, murmura-t-elle. Anna, ça va aller.

– Non, gémit-elle. Non. On avait dit qu’on s’installerait dans le sud, que tu acceptais de ne pas prendre de chien…

Valentine eut juste le temps de la tirer vers elle pour l’embrasser. Anna se raccrocha à ce baiser jusqu’à se rendre compte que la langue de Valentine ne danseraient plus jamais avec la sienne dans leur rythme parfait. Plus jamais.

L’adolescente éclata en sanglot en serrant sa copine dans ses bras. Elle espérait que Valentine l’enveloppe de ses bras et la rassure, lui embrasse le front pour la soutenir. Mais les bras de la Persévérante pantelait et ses yeux grands ouverts étaient vides. Anna le remarqua alors qu’elle caressait la joue de Valentine, la main en sang.

– Viens Anna, murmura Sébastien les yeux brillants qui s’apprêtait à prendre le corps de Valentine. Il faut y aller et la ramener hors du champ de bataille. Tu ne peux pas rester là dans son état.

Le père de Clara tenta une main sur l’épaule de la Soigneuse mais cette dernière se dégagea brutalement. Elle balança une dague aux Soigneurs qui comptaient évacuer le corps.

– Anna, murmura Clara.

– Dégagez de là ! Hurla-t-elle en se cramponnant au corps de la jeune fille. Ne la touche pas ! Ne la touchez pas !

– Anna, soupira Laurène en tendant un bras que la rouquine la poussa violemment.

– Ne m’éloignez pas d’elle ! N’osez pas m’éloigner d’elle !

Son poing s’abattit sur le Soigneur qui tentait de l’aider et elle récupéra la dague sur le corps de Valentine et trancha la gorge au premier ennemi qui arrivait vers eux.

– Le prochain qui tente quoi que ce soit je le décapite ! JE LE DÉCAPITE VOUS ENTENDEZ ! s’époumona-t-elle brandissant devant elle la dague. PERSONNE NE TOUCHE A VALENTINE ! PERSONNE !

Les joues d’Anna ruisselaient de larmes et soudain, rien ne comptait. Son statut de Soigneuse ne lui importait plus : elle n’avait pas pu sauver sa copine ! Non, la rouquine poussa un cri déchirant alors qu’elle se lança corps et âme dans le combat. Elle reprenait le flambeau de Valentine. Dans l’espoir de la rejoindre bientôt.

Les deux autres filles la regardèrent, totalement déboussolés. Orpheline d’une amie et pas des moindre. Valentine la blagueuse, celle qui les rassurait, qui détendait l’atmosphère, qui les soutenait. Laurène se remémorait lorsqu’elle la poussait vers Aaron, lorsqu’elle flirtait avec Anna, lorsqu’elle insistait auprès de Clara pour qu’elle aille mieux. La Persévérante faisait toujours tout afin de les couvrir, et elle ne serait plus jamais là avec elle. Clara échappa un juron en pleurant accourant vers Anna pour éviter le pire. Laurène hurla et abattit son poing à terre. L’adolescente était trop en colère. Sa colère la poussa debout toujours les jambes tremblantes.

– Fournaise ! rugit Laurène hors d’elle. Sors de ta cachette espèce de lâche ! Qu’on en finisse toutes les deux !

– Laurène, la ramena Luc. Tu n’es pas en état, et il reste l’Imposteur, et Aaron n’est pas là non plus pour nous aider.

– De toute façon, même si on se bat contre l’Imposteur, il y aura Fournaise pour nous blesser. Elle doit disparaître, tu le sais.

– Et comment veux-tu faire pour détruire l’Imposteur ?

– Je ne sais pas… mais j’ai des comptes à régler avec Fournaise.

– Laurène…

– Je ferais attention.

– Laurène…

– Cela ira, promit la jeune fille qui regardait Fournaise approchée.

Malgré ce qu’elle pouvait paraître, la fondatrice de la lignée feu était bien amochée. Une aile en sang, des écailles arrachées, cependant il y avait toujours cette rage dans son regard, cette rage qui lui donnait l’énergie de venir défier Laurène une dernière fois, mais surtout c’était son ego qui la poussait. L’insolente Liée l’avait défié et humilié par deux fois, alors elle lui devait de lui rendre la pareille. Et le Dieu Suprême serait fier d’elle pour l’avoir tué. Après tout, elle était immense, puissante, alors pourquoi une petite gamine d’un mètre cinquante l’embêterait autant et l’humilierait de la sorte. Puis elle n’avait pas le choix, si elle ne réussissait pas à éliminer la Liée, la Mère serait toujours là, le Dieu Suprême serait obligé de s’en occuper lui-même et il ne serait vraiment pas content. Fournaise l’avait appris à ses dépends, mais il valait mieux ne jamais mettre en colère le Dieu Suprême. Ce fut pourquoi elle fonça sans même réfléchir vers la Liée, les flammes qui apparaissait quand elle rugit. Cependant la Liée bien que fatiguée était prête, elle évita maladroitement les flammes et le champ de bataille entier fut baigné par la lumière. Elle la dirigea contre Fournaise, toujours plus lumineuse, toujours plus brûlante. L’adolescente dirigea la lumière pour qu’elle se concentre uniquement sur Fournaise elle lui donnait la volonté qu’elle la brûle, qu’elle la fonde, qu’elle la détruise entièrement. Laurène en voulait laisser que des miettes pour avoir plongé Aaron dans un état pareil. La Liée cria toute sa rage alors que la lumière devenait de plus en plus concentrée, de plus en plus puissante. La fondatrice de la lignée feu se débattait mais la lumière la suivait toujours sans la lâcher d’une semelle.

Fournaise adorait le feu, adorait le chaud mais elle n’appréciait pas brûler et là, elle brûlait, même pas à cause de son élément, mais tous ça à cause de la Mère qui avait partagé son pouvoir à une incapable ! Elle rageait car elle ne pouvait rien faire contre elle. Mais le Dieu Suprême la vengerait, elle le savait, elle avait confiance, et c’est en pensant à lui qu’elle laissa la lumière céder sur elle, car tout comme l’ombre la lumière était plus fort que le feu donc elle. Laurène n’eut même pas le temps d’être heureuse qu’elle s’effondra au sol, le corps secoué de spasme, Luc la prit dans ses bras. La Liée savait qu’elle forçait trop sur le partage mais c’était la seule solution pour vaincre un dragon. Et il restait l’Imposteur.

– Laurène, je t’emmène à l’infirmerie, déclara doucement Luc en la portant.

– Il reste l’Imposteur ! s’écria la jeune fille. Il reste juste l’Imposteur. Je peux le faire.

– Laurène, ce n’est pas possible là. Il faut juste trouver un moyen de ramener Aaron, mais tu es à bout de force, déclara Clara. C’est dangereux.

– Mais comment veux-tu que je ne me mette pas en danger ? On n’a plus le choix !

Clara hocha la tête en pleurant. Elle avait un bras en sang, une joue entaillée, ses habits trempés du sang de Valentine et de Lucas. Par sa faute Valentine était morte, il était hors de question de voir sa meilleure amie mourir aussi, même si c’était pour tuer l’Imposteur. Mais elle connaissait trop bien Laurène pour savoir qu’elle ne pouvait l’en dissuader. La Dresseuse releva la tête et poussa un cri en reconnaissant l’Imposteur qui survolait le champ de bataille. La Liée se leva, ne tenait plus debout.

– Laurène, commença Luc d’une voix résolue. Je gère.

– Je sais très bien comment tu veux gérer, bougonna Laurène. Et je te l’ai déjà dit, si tu meures, je te réveillerais d’entre les morts pour t’engueuler.

– Laurène…

– Ne fait pas ça !

Laurène vit l’Imposteur approcher, mais aussi l’ombre l’englober. Aaron. Aaron était réveillé ! Mais elle se sentit si épuisée… si vide. La jeune fille sentit un objet se glisser dans sa main. Clignant des yeux, sa vision devint plus claire et elle repoussa le poignard que son grand-frère tentait de lui donner.

– Non ! s’écria-t-elle. Non ! Je ne te tuerais pas, Luc. Tu es mon ami, mon frère. S’il-te-plaît… ne me force pas à faire ça, ni à subir ta mort.

– Mais Laurène regarde ! C’est la seule solution. Tu es épuisée, Aaron vient de se réveiller mais doit être dans un état déplorable ! Le campus brûle ! Nos amis sont morts ! Notre père est mort !

– Ne meure pas aussi !

– C’est la seule solution qui reste ! La seule.

Laurène refusa d’un signe de tête. Elle eut la force de balancer le poignard au loin même si elle savait pertinemment qu’il en avait d’autre et elle aussi. Le jeune Dresseur s’agenouilla à ses côtés, posant un genou à terre alors que le monde se mit à hurler à la mort, alors que certains braves combattants se mirent à prendre leurs jambes à leurs cous. Luc tentait de raisonner sa sœur mais il la connaissait : Laurène était trop têtue, jamais elle ne serait d’accord avec lui.

Un dragon fonça sur eux mais la Liée ne regardait pas. Pourtant une barrière sombre se dressa et le dragon attaquant poussa un dernier rugissement avant de s’effondrer. Luc leva sa veste afin de couvrir sa tête et celle de Laurène de la poussière qui volait. Les deux jeunes levèrent la tête pour voir Aaron tousser. Encore très pâle, tenant à peine sur ses genoux il désigna du doigt une silhouette au loin : l’Imposteur.

– Qu’est-ce que vous faites ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? Souffla-t-il.

Il tituba vers eux sans se laisser tomber au sol puis il fixa le poignard que Luc tenait à la main. Son regard dévia vers Laurène puis Luc et il s’interposa entre les deux.

– Ne la touche pas, avertit-il avec le ton le plus menaçant qu’il pouvait.

– Ce n’est pas moi qu’il tentait atteindre, glapit Laurène.

Aaron se décomposa puis se jeta sur Luc quand il allait abattre son poignard sur son coeur. Les deux jeunes hommes roulèrent et le Lié affaibli peina à le désarmé. Malheureusement, le brun comprenait petit à petit qu’il s’agissait de la seule solution restante mais il connaissait trop Laurène. Elle n’accepterait jamais et elle n’accepterait jamais qu’il le laisse faire sans tenter de l’en empêcher.

– L’Imposteur approche ! S’écria l’adolescente.

Luc fit mine de bloquer Aaron et approcha son visage de son oreille.

– Promets-moi. Promets-moi de veiller sur ma petite-sœur, murmura-t-il.

Aaron le regarda sidéré alors qu’il le repoussa. Laurène ne parvenait plus à utiliser le partage, cette dernière sentait qu’elle allait s’évanouir d’un moment à un autre. Aaron continua d’espéré, il leva les bras pour ralentir l’Imposteur qui fonçait sur eux. Il cria de douleur alors qu’il utilisait un partage qui s’éteindrait bientôt, qui ne devait même pas encore resté. Le Lié savait que ça lui pouvait être fatal mais il devait gagner du temps.

Luc se traîna jusqu’à Laurène. Cette dernière, la joue immaculée de sang, grelottait comme si la fièvre s’emparait d’elle. La jeune Maguy protesta faiblement alors qu’il referma le poignard dans sa main. Luc aussi la prenait, sa main se superposant sur celle de sa sœur.

– Non, marmonna Laurène malgré la fièvre qui la terrassait. Non, arrête. Il y a un moyen.

– Hey, je n’ai pas peur d’accord. Papa n’est plus là, ça ne m’importe pas. Je ne te laisse pas le fardeau, je le partage avec toi.

– Non…

« Laurène, arrête. Tu vas tous nous tuer. Nous avons fait tout ce que l’on pouvait pour sauver ton frère, mais c’est impossible. Tu dois le laisser partir, il en est conscient aussi. Tu ne peux pas sacrifier l’humanité pour lui ! »

« Bien sûr que si ! »

« Non ! gronda la Mère. Luc sait ce qu’il doit faire, il l’a accepté alors soulage-le ! »

Luc posa son front contre celui de Laurène. Des larmes s’échappaient à tous les deux. Le Dresseur assura à la Lié que ça irait, qu’elle était forte et qu’elle s’en remettrait. Laurène savait que ce n’était pas le cas.

– Ne ratons pas, pria Luc. J’ai trop souffert dans ma vie, je ne veux plus souffrir.

Il ne cria pas quand ils enfoncèrent ensemble la dague dans le cœur du jeune homme. Laurène pleura silencieusement alors qu’il se mit à suffoquer. Elle sécha ses larmes pour observer une dernière fois son frère. Ils se regardèrent dans les yeux alors qu’elle tentait d’éponger les filets de sang qui coulaient de ses lèvres jusqu’à ce que sa respiration ralentit petit à petit.

– Je… je veux… je veux juste retrouver papa, soupira une dernière fois Luc.

Laurène ne voyait plus qu’un regard vitreux et elle poussa un hurlement de rage avant de s’écrouler à ses côtés, inconsciente. L’Imposteur tomba d’un coup, si près d’Aaron que le jeune homme fut propulsé en arrière et roula sur quelques mètres, sa poitrine se soulevant mais définitivement inconscient.

Ce fut Lucas et Clara qui débarquèrent en premier jusqu’à eux. Le Lié s’effondra au côté de son frère et sa sœur. Il avait vite compris que son frère était touché pour que l’Imposteur chute. Il avait compris à la vue du poignard logé dans sa poitrine qu’il n’y avait plus rien à faire. L’adolescent s’agenouilla et referma ses yeux grands ouverts. Il resta un moment à fixer le corps inerte de Luc, les larmes aux yeux.

– Repose en paix, murmura-t-il. Tu es avec papa pour toujours désormais.

Il prit Laurène dans ses bras. Elle grelottait et son corps entier était brûlant. Lucas se demandait si elle allait tenir le coup. Non, après papa, après Luc, pas Laurène. Pas sa jumelle. Pas sa moitié ! Bientôt Christine s’effondra à la vue du corps de sa fille, soutenue par Nicolas.

Damien aida Clara a ramené Aaron. Sa poitrine se soulevait mais il ne se réveilla pas. Pourtant, à la tombée de la nuit, une chose était certaine : l’Imposteur n’était plus.

La guerre était achevée.

La prophétie avait été réalisée.

C’était terminé.

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