BRIZBI VARANE *** II ***

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ZYLCON - MAISON DES VARANE

La soirée avait duré jusqu'à tard dans la nuit. Nous étions cinq ou six familles du bord de mer. L'ambiance avait été bon enfant et tout le monde s'était bien amusé. Sur le chemin du retour, la main de mon petit frère dans la mienne, nous remontions les dunes jusqu'à la maison. Lorsqu'on arriva devant le seuil, Saumon n'arrêtait pas d'aboyer. C'était vraiment inhabituel. Mon père tendit son bras à l'horizontale pour nous faire signe de ne pas avancer.

— Chéri, qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Poppy en attrapant son époux par le bras.

Il se tourna vers nous, l'air désolé.

— J'ai... J'ai fait une bêtise, mes amours, confia Willis, le regard coupable.

Sans qu'il n'ait le temps de nous expliquer quoi que ce soit, une voix grave se fit entendre. Il était là, posé dans l'embrasure de notre porte d'entrée, Saumon lui aboyant dessus.

— Allons, allons, Willis. Une bêtise ? ironisa l'homme d'un air faussement amusé.

Ma mère recula d'un pas, se plaçant devant nous en protection.

— Si tu peux me rembourser, alors ce n'est pas une bêtise, Willis, ricana-t-il, un malin sourire sur son visage sombre.

— Je... Je suis désolé, Krest, je n'ai pas la somme que tu voulais. J'ai besoin d'un peu plus de temps, supplia Willis en joignant ses mains devant son visage.

— De quoi parle-t-il, Willis ? interrompit notre mère.

Mon père était affolé et le chien continuait d'aboyer, la situation était confuse.

— Je vais vous expliquer, Mme Varane, prit-il le temps d'indiquer avant de faire un pas vers nous. Votre mari, ici présent, m'a emprunté un peu d'argent. Et malheureusement, il n'a pas l'air en mesure de me le rendre. Sauf que nous avions un deal, Willis. Et je n'aime pas quand mes créanciers ne respectent pas leur deal, répéta-t-il sur un ton menaçant.

— Vous avez augmenté les intérêts de 15 % sans prévenir. Comment suis-je censé faire ? se défendit mon père, complètement démuni.

— Oui. Parce que vous ne me rendez pas mon argent dans les temps. Il est normal que je réclame une compensation, articula-t-il comme un serpent prêt à nous broyer les os.

Toute la famille était terrorisée. Personne ne savait quoi faire.

— P'pa ? murmura Calyss en le tirant innocemment par le bout de sa manche, à la recherche de réponses.

— On va trouver une solution, Krest. Je suis certain que l'on peut s'arranger, rassura notre père en fuyant notre regard.

Saumon n'avait pas cessé une seconde de lui aboyer dessus, ce qui semblait lui taper sur les nerfs.

— DITES À VOTRE PUTAIN DE CLÉBARD DE LA FERMER ! hurla Krest hors de lui.

Malgré deux ou trois appels, Saumon continua d'aboyer. C'est alors qu'un coup de feu nous fit tous sursauter.

— SAUMON !!! gémit Pizos, anéanti.

Notre chien venait de pousser un petit cri et de tomber au sol, raide mort. Mon petit frère engagea une course dans sa direction, inconsolable, quand ma mère le rattrapa pour qu'il n'approche pas de ce Krest.

— Il n'y a pas d'arrangement possible, Willis. Je veux mon argent.

Mon père était haletant, le regard posé sur notre chien baignant dans une flaque de sang. Il se tourna vers nous, Pizos était en larmes, retenu par les bras de ma mère pour éviter qu'il se jette sur Saumon. Calyss et moi nous tenions la main, encore choqués par cette scène irréelle.

— Krest... Je vous en conjure, laissez ma famille en dehors de ça. Ils n'étaient même pas au courant.

L'homme semblait considérer ce qu'il venait de dire, sous les pleurs de mon petit frère encore sous le choc, il était en pleine réflexion.

— Voilà ce que l'on va faire, finit-il par lâcher. Tu me donnes une de tes filles, et on est quittes.

Mon père bondit et changea subitement d'expression.

— Pardon ? grogna-t-il, le regard noir.

— La plus vieille de préférence, insista-t-il vicieusement.

Calyss fut parcourue d'un frisson et se camoufla derrière ma mère, sa main toujours dans la mienne.

— Vous ne toucherez pas un seul cheveu de mes filles, vous m'entendez ?! hurla notre père avec rage.

Mon père venait de faire un pas vers lui, un doigt dans sa direction pour le menacer.

— Du calme, mon grand. Rien de pervers, rassure-toi. J'aurais juste besoin de quelqu'un pour une mission. C'est l'histoire d'une petite semaine. Grand max.… dédramatisait-il sur un ton presque amusé. Rien de bien méchant. Aucun mal ne lui sera fait.

Je connaissais Calyss et je savais qu'elle n'avait pas les épaules. C'était une fille gentille, douce comme un chaton. Alors que moi... J’avais toujours été une dur à cuire. C’était le moment ou jamais d’intervenir. Je me dégageai subitement de la protection de ma mère pour faire un pas dans la direction de notre assaillant.

— Moi, je suis volontaire.

— BRIZBI ! m'invectiva mon père, complètement paniqué.

Il me fusilla du regard, comme si je ne me rendais pas compte de la situation. Comme si je ne réalisais pas.

— Eh bien... Je vois qu'il y a au moins une personne ici décidée à régler vos soucis, Willis, s'amusa Krest en pointant mon père du bout de son canon.

— Non ! Elle n'ira à nulle part, rétorqua mon père, rouge de rage.

Krest était clairement exaspéré par la situation et finit par mettre ma mère en joue.

— Soit elle vient, soit je tire dans le tas, annonça-t-il sur un ton complètement détaché.

— NON ! Non, ne faites pas ça ! supplia notre père en se mettant en travers de la trajectoire de son arme.

— JE VIENS AVEC VOUS ! Ne tirez pas, je vous en supplie, ajoutai-je espérant faire redescendre la tension.

ZYLCON - VILLA DE KREST ZIDUR

C'est comme ça que j'ai été embarqué dans cette histoire. En suivant cet homme, Krest Zidur, dans sa gigantesque villa au bord d'une falaise, je ressentais un mélange de peur et d'excitation. L'endroit, avec ses fenêtres gigantesques surplombant l'océan, semblait être le repaire d'une ordure de première, comme le nid d'un rapace tout en haut d’un arbre. La vue imprenable sur les caprices de la nature offrait un écrin bien à l'abri des menaces, que Krest pouvait voir venir de loin. Sans scrupules, ni valeurs, il ne se souciait que d'une chose : la couleur de l'argent.

Sa mission était des plus simples : je devais attirer un type qui lui devait un gros paquet de monnaie sur un site de rencontre en ligne. Je me montrai de-ci de-là à la caméra, un appât dans ce jeu dangereux. Mais je l'acceptais, je ne me sentais pas vraiment en danger, avec cet écran comme bouclier.

Le type en question, un vieux pervers de septuagénaire, était plein aux as mais trempait dans des histoires pas nettes. Cela ne m'a pris que trois jours pour le convaincre de me rejoindre à l'endroit indiqué par Krest. Mais dans son dernier message, j'avais remarqué quelque chose d'étrange dans ma page de codage. L'adresse IP de mon interlocuteur n'était plus du tout la même que celle habituelle. Un frisson me parcourut l'échine, comme un mauvais pressentiment. Je devais signaler ça à Zidur.

VILLA DE KREST ZIDUR - BUREAU

J'étais devant sa porte, hésitante. Puis, avant même de pouvoir toquer, il ouvrit la porte.

— Qu'est-ce que tu fous là ? lança-t-il en me dévisageant de haut en bas, l'irritation flottant sur ses traits.

— Je... J'ai quelque chose à te dire, hésitai-je, ma voix tremblotante.

— À propos de quoi ? s'impatienta-t-il, les sourcils froncés.

— L'homme à qui je parle.

— J't'écoute, me pressa-t-il d'un ton sec, comme s'il n'avait pas de temps à perdre.

— L'adresse IP n'est plus la même.

Son visage se crispa, une lueur de suspicion dans ses yeux.

— De quoi est-ce que tu me parles ? s'agaça-t-il soudainement, ne comprenant rien au jargon informatique.

— Eh bien, elle a changé !

— Et comment est-ce que tu sais ça ?

— Je l'ai vu dans la page de codage.

Zidur marqua une pause, son expression changeant lentement alors qu'il réalisait que j'essayais de l'avertir d'un danger imminent.

— Et ça veut dire quoi ? demanda-t-il, son ton s'adoucissant légèrement, posant sa main sur mon épaule.

— Une adresse IP permet d'identifier un périphérique connecté au réseau. Cette IP est unique. Cela veut dire qu'il a changé d'appareil, expliquai-je, soudainement pleine de confiance.

— Et pourquoi est-ce qu'il ferait ça ?

— Je ne sais pas... Peut-être n'est-il plus au même endroit ?

— Et comment on peut savoir ça, ma p'tite ? interrogea-t-il d'une voix que je ne lui connaissais pas, teintée de gentillesse.

— En le géolocalisant ! m'exclamai-je, un sourire illuminant mon visage, heureuse de pouvoir utiliser ma passion pour l'informatique.

— Et tu peux faire ça ?

— Oui, c'est un jeu d'enfant, répondis-je en souriant, pleine de satisfaction.

Son regard sur moi changea du tout au tout. Il ne me voyait plus comme une petite fille innocente, mais comme une personne utile. Krest voulut en savoir plus. Il me suivit dans la salle des ordinateurs et s'installa dans l'un des fauteuils, non loin de la baie vitrée. Après quelques manipulations auxquelles il ne comprenait rien, je lui expliquai la différence entre les deux adresses IP.

— C'est étrange... murmurai-je, fronçant les sourcils.

— Quoi ? s'enquit-il en se relevant d'un bond.

— La première adresse se trouve à trois mille cinq-cents kilomètres et la deuxième est dans la ville.

— Ici ? Tu veux dire, dans notre ville ? s'exclama-t-il encore sous le choc.

— Oui. On dirait qu'il est déjà là. À Zylcon.

— Comment est-ce possible ?

— Attendez ! repris-je, une alerte s'éveillant en moi face à quelque chose d'inhabituel.

Mes doigts parcouraient le clavier à une vitesse folle, tentant de résoudre cette énigme.

— Je n'y crois pas ! C'est l'arroseur arrosé ! riai-je comme si la situation était amusante.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— C'est lui qui nous a géolocalisés en premier ! Je crois qu'il avait les mêmes intentions que vous.

MAISON DES VARANE

Après cet épisode, la relation de confiance qui avait toujours été solide entre mes parents se fissura. Mon petit frère ne leur adressa plus la parole, les tenant pour responsables de la mort de Saumon. Ma sœur fut tiraillée entre ma mère et mon père, cherchant à ménager les deux. Quant à moi, j'essayai de passer à autre chose, mais l'ambiance était lourde entre nos quatre murs. Mon père vivait dans la crainte et la culpabilité, tandis que ma mère se sentait trahie. L'équilibre de la famille Varane fut rompu. Plus rien n'était simple ; la communication devint catastrophique. Personne n'osa vraiment me demander ce qu'il m'était arrivé pendant cette semaine de disparition. Ils s'assurèrent simplement que j'étais en bonne santé.

Un matin, je surpris mon père, seul sur la terrasse, en train de pleurer. Jamais je n'avais entendu le son du chagrin chez lui. Il semblait brisé, accablé par les mauvaises décisions qu'il avait prises. Je voulais tellement lui parler, essayer de le réconforter. Mais ce matin-là, j'étais en retard. J'avais raté mon bus. Calyss et Pizos étaient déjà parties. Je n'avais d'autre choix que de faire la route à pied.

Sur le chemin du lycée, une voiture s'arrêta à ma hauteur.

— Hey, le p'tit génie ! lança une voix familière.

Je n'en revenais pas. C'était Krest, cheveux au vent, le bras nonchalamment accoudé à la portière.

— Zidur ? répondis-je, surprise de le voir dans cette décapotable rouge si rétro.

— Tu vas où comme ça ? demanda-t-il innocemment.

— En cours.

L'assassin de mon chien était là, à me lancer un grand sourire.

— Ha... C'est dommage.

Ce simple mot éveilla ma curiosité.

— Pourquoi ?

— Ho, rien... J'avais juste une petite mission pour toi, me lança-t-il, une moue malicieuse accrochée à ses lèvres.

— Encore ?!

— Oui, mais c'est trois fois rien. J'avais juste besoin d'une adresse, et vu notre dernière mission, j'ai l'impression que ce ne serait qu'une formalité pour toi, non ? questionna-t-il, toujours souriant.

— Pourquoi faire ? rétorquai-je, tentant d'obtenir plus d'informations.

— Un gars. Un mec qui me cause quelques soucis, expliqua-t-il simplement.

Je n'avais pas envie de lui rendre service. Mais je repensais à sa petite tape sur l'épaule quand j'avais réussi à percer le mystère de l'autre type. C'était la première fois de ma vie que je me sentais utile, en faisant ce que j'aime : le piratage informatique.

— Si je t'aide, qu'est-ce qui se passe ?

— Trois cents.

— Quoi, trois cents ?

— Trois cents billets. Je te les file.

De l'argent. Il me proposait de l'argent pour passer du temps sur un ordinateur. Mon sang ne fit qu'un tour. C'était comme si mon instinct s'était évanoui. Celui qui vous met en garde, qui vous donne un petit doute pour vous faire comprendre que vous glissez peut-être sur la mauvaise pente. Celui qui avait aussi fait défaut à mon père lorsqu'il avait demandé de l'argent à Krest. Sans le savoir, je venais de mettre un pied dans la tombe de Brizbi Varane, celle que je ne serais plus jamais.

MAISON DES VARANE - TROIS SEMAINES PLUS TARD

C'est comme ça que j'ai commencé à rendre des services à Zidur en échange d'un peu d'argent. Au début, mes parents n'y ont vu que du feu. Mais quand les absences injustifiées ont commencé à s'accumuler au lycée, ils ont commencé à s'inquiéter. Mon père, surtout, ne comprenait plus ce qui m’arrivait, et de mon côté, je devenais de plus en plus secrète. J’en étais déjà à ma dixième mission pour Krest, et mon petit pactole ne cessait de grandir. Les tâches qu'il me confiait étaient rarement compliquées, ce qui m'encourageait à chaque fois à recommencer. Zidur avait même investi dans du matériel de pointe pour que je puisse améliorer mes performances.

Ce jour-là, c’était les vacances scolaires de la troisième lune. Ma sœur et Pizos étaient au rez-de-chaussée avec ma mère, occupés à jardiner dans le potager. Mon père, lui, était sur la terrasse, perdu dans un livre. Plongé dans les pages d’une histoire qui n’était pas la sienne, il ressemblait à l’ombre de lui-même depuis l’incident. Ma mère, encore pleine de rancune, n'avait pas fait un pas vers lui. Elle lui en voulait trop d'avoir mis la famille en danger pour de l'argent.

Le vibreur de mon téléphone me ramena à la réalité : "P'tit génie, j'ai un souci. Encore cette nana. Il faut vraiment que tu me files un coup de main. 850."

La somme me fit écarquiller les yeux. C'était bien la première fois qu'il me proposait autant. Je me hâtai de lui répondre, comme d’habitude, par un simple ok. On avait nos codes, notre façon de communiquer, toujours brève. Je savais exactement où me rendre quand il avait besoin de moi. Je me dépêchai de prendre mes affaires et me dirigeai vers la sortie.

Mais en passant par la cuisine, mon père m’interpella :

— Tu vas où ?

Je le regardai un instant, essayant de lire quelque chose dans ses yeux. Il n’était même plus certain, je crois, que quiconque ici le respectait encore. Son rôle de père lui semblait fragile, presque illégitime. Est-ce que quelqu'un, sous ce toit, estimait encore que Willis Varane avait le droit de demander des comptes ? Malgré tout ce que je pouvais lui reprocher, je l’aimais trop pour l'ignorer. Alors, pour la première fois de ma vie, je pris la décision de lui mentir. Pas par omission, non, un mensonge direct. Frontale.

— Je vais voir Gilda, déclarai-je, les yeux plongés dans les siens, sans tressaillir une seule seconde.

— Ho ? Vous vous voyez en dehors du lycée ? répondit-il, l’air surpris.

— Oui, je vais suivre tes conseils, ajoutai-je avec un clin d'œil.

Un sourire discret éclaira son visage fatigué. Cela me fit sourire à mon tour. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu cette expression chez lui.

— Enfin ! Depuis le temps que tu nous parles d’elle… Ça me fait plaisir, souffla-t-il avec un faible sourire.

— Ce n’est pas facile de dire ce qu’on ressent, tu sais, admis-je, jouant le jeu de cette histoire construite de toute pièce.

— Il paraît. Moi, je n’ai jamais eu ce problème, plaisanta-t-il.

Un silence s'installa entre nous, comme si ces mots n'étaient pas tout à fait exacts. On savait tous les deux que s'il avait été aussi transparent sur ses ressentis, il aurait peut-être parlé de ses soucis d’argent. Il aurait peut-être choisi d'en discuter avec nous avant de se tourner vers Krest. Mais ce n'est pas le choix qu'il fit et aujourd'hui, nous en payons tous les conséquences. Il se racla bruyamment la gorge pour rompre ce silence lourd de sens.

— Je suis sûr que vos sentiments sont réciproques, finit-il par avouer, me regardant avec une tendresse paternelle.

— Je n’en suis pas si sûre… murmurai-je.

— Allons, qui pourrait ne pas tomber amoureux d’une beauté pareille ! lança-t-il en écartant les bras comme si j’étais la huitième merveille du monde. Je souris malgré moi, touchée de le voir me mettre sur un pied d'estale.

— Papa, tu n’es pas objectif. Je suis ta fille.

Il me rendit un sourire tendre, presque ému.

— Brizbi…

— Quoi ?

Il hésita, son visage plus grave, presque inquiet.

— Tu me le dirais si… Si tu avais des soucis ?

Sa question me prit de court. Je venais tout juste de lui mentir pour la première fois, et voilà que son interrogation m’obligeait déjà à recommencer, à mentir une seconde fois.

— Oui, P’pa. Mais de quels soucis tu parles ? Je suis au lycée, je ne vous ai jamais attiré d'ennuis, que je sache ?

— Tu as manqué des cours dernièrement. Ce n'est pas ton genre…

— Ne t'inquiète pas pour si peu. Comme le reste de la famille, j’ai du mal avec tout ce qui s’est passé. Je commets quelques petites erreurs, mais c’est tout. Je ne vous causerai pas de problèmes, sérieux ! Qui n’a jamais séché des cours dans sa vie ? M’emportai-je pour me dédouaner.

Mon père s’avança vers moi et posa ses mains sur mes épaules avec le plus grand sérieux.

— J’ai pris de mauvaises décisions, je vous ai mis en danger, murmura-t-il.

Je vis ses yeux s’embuer ; il luttait pour ne pas pleurer.

— Je m’en voudrais toute ma vie. Mais le mal est fait. Promets-moi simplement de ne pas être aussi idiote que j'ai pu l'être.

J’hésitai un instant. Ce n’était pas une simple bêtise de Pizos à couvrir pour lui épargner une leçon, ni des confiseries à cacher pour que Calyss les grignote en douce dans sa chambre. Mon père me demandait, les yeux fixés dans les miens, de le rassurer, de lui promettre que je ne commettrais pas les mêmes erreurs que lui. Il me demandait de m’engager auprès de lui. Mais il m’était impossible de lui avouer tout ce que j’avais déjà fait, et tout ce que j’envisageais encore. Je tissais moi-même autour de moi un tissu de mensonges, comme une araignée se piégeant dans sa propre toile.

— Promis, P’pa.

C’est sur cette fausse promesse que je quittai mon père.

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