La Neuvième Légion
Kael, repensant à cette dernière entrevue avec son père, sourit lui aussi. Il avait l’impression que leur relation avait progressé, qu’il était reconnu.
Keita et Anguel l’attendaient dans le mess, comme tous les matins. Et, comme tous les matins depuis qu’elle l’avait surpris en train d’enlacer Omen dans son lit, Yamfa était absente. Elle prenait désormais son nes dans sa cabine, après avoir fait son yoga. Puis, une fois ses tâches de la journée prises par l’intermédiaire de son utilitaire, la jeune fille se rendait directement au poste qui lui était attribué. Kael ne communiquait plus avec elle.
Les deux ældiens adultes n’étaient pas là non plus – ils dormaient, à cette heure-là – ni Cerin et Aradryan. C’était sans doute trop tôt pour eux de se mêler aux humains. Quant à Ciann, Kael devina qu’il devait encore dormir : son rythme circadien était probablement réglé sur celui des Cours d’Ombre, où on ne se lève jamais avant le crépuscule. C’était donc l’occasion de parler seul à seul avec ses deux amis, entre mâles humains, ainsi qu’aimât se le dire Kael.
— Je suis content de vous revoir, les gars, fit le perædhel en s’installant dans le fauteuil en face des deux membres masculins et humains de son équipage.
Keita posa devant son ami et capitaine sa tasse carcadann. Le visage d’Anguel s’illumina d’un bref sourire, alors qu’il regardait les cheveux de Kael.
— T’es allé dans un salon de coiffure ældien ? Ces tresses te vont à ravir.
— Je me suis fait coiffer par la servante de mon frère, leur apprit Kael en attrapant un paquet de barres briochées. Il en sortit une, et du même coup, repoussa ses cheveux tressés et ornementés derrière son épaule, secrètement ravi de voir ses amis les admirer.
— La servante ?
— Mon frère est prince. Il a donc une servante qui était attachée à lui et prévenait ses moindres désirs. Elle lui faisait même son petit-déjeuner, et elle a menacé de m’attaquer quand j’ai voulu me servir sur la table gargantuesque qu’elle lui avait préparé !
Kael termina sa phrase par un rire bref, avant de croquer dans une barre briochée. Après la finesse de la nourriture ældienne, il prenait grand plaisir aux saveurs brutes et saturées des denrées humaines.
— Ce ne serait pas cette elleth en noir que j’ai vu filer dans les couloirs très tôt ce matin ? s’enquit Keita. Elle portait un plateau en direction de la cabine de ton frère.
La bonne humeur de Kael retomba tout d’un coup. La fynasí… Si c’était bien elle qu’avait vu Keita, elle risquait de les trahir en rameutant les deux chasseurs dorśari.
— Ne t’y trompes pas, les mit en garde Kael, ce n’est pas une elleth. C’est une fynasí, un genre de créature qui sert d’intendante dans les Cours d’Ombre. En fait, je ne sais pas trop ce que c’est. Celle-ci s’appelle Naïat, et elle est d’une loyauté indéfectible envers Ciann. Je me demande d’ailleurs comment elle a fait pour embarquer.
Kael resta pensif, les doigts sur la lèvre.
— Faudra tirer ça au clair, statua Anguel en posant les mains sur la table, reprenant son rôle de chargé de la sécurité. Ça, et la disparition d’Indis.
Keita et Kael échangèrent un regard. Le problème qu’allait forcément poser la Fylasí, la disparition d’Indis… et le passé de meurtrier d’Anguel, également.
Les trois amis rangèrent les reliefs de leurs agapes et se dirigèrent vers l’avant du vaisseau.
Kael en profita pour demander à ses amis comment s’était passé leur séjour sur l’Ulthwë. Ils s’étaient à peine vus sur le vaisseau-monde.
Keita lui raconta – rougissant un peu au passage – que pendant tout leur séjour à bord du Ráith Mebd, il avait été pilotés par la main attentive, protectrice et, il est vrai un peu autoritaire, de sa sœur. Cerin les avaient emmenés dans tous les endroits sensément renommés du vaisseau : « le Narbondel, le dôme de cristal ou la bibliothèque des arbres, expliqua Keita. On a vu les Larmes de Narda, aussi » lui énuméra doctement Keita, visiblement ravi de montrer que sa connaissance du monde ældien n’était plus seulement théorique.
Kael acquiesça machinalement, songeant qu’il ignorait parfaitement à quoi correspondait ces noms. Tout ce qu’il savait, c’était que le Narbondel était cette grande tour qui servait à définir et à marquer le temps dans les villes-mondes, réglées régulièrement par le Roi ou le hiérarque qui remplissait ce rôle, comme Edegil. Une coutume qui datait d’Ultar, un système que la nature trisolarienne rendait fondamentalement instable : nul ne pouvait savoir, à part celui qui observait les mouvements des astres et contrôlait le temps, si une journée allait avoir la même durée que celle de la veille ou même si le soleil allait se lever.
Pour le vétéran, les souvenirs inoubliables du Mebd tenaient surtout dans la nourriture et la beauté envoûtante des danseuses ældiennes, une en particulier. Mais son plus grand sujet d’étonnement restait les « salons de couleurs » dans lesquels les ældiens se rendaient et échangeaient des biens ou des services très précieux dans le seul but de déboucher des globes de verre coloré contenant des liquides, des fumées et des parfums, qui, au grand étonnement du vétéran, les nourrissaient et les enivraient. Keita en profita pour lui dispenser un cours d’exobiologie sur la finesse et l’extrême sensibilité du système nerveux ældien, qui leur faisait apprécier toutes sortes d’expériences sensorielles à des hauteurs inimaginables pour les humains. Lorsqu’Anguel se tourna vers lui et lui demanda si les parfums et les fumées colorées le mettaient en transe, Kael ne sut pas quoi répondre. Il se rendit compte que c’était, de nouveau, une des nombreuses facettes de la vie ældienne qu’il ignorait.
— Je ne suis que semi-ældien, rappela-t-il à ses amis pour éviter de reconnaître une fois de plus son ignorance.
Kael sentait bien qu’Anguel avait envie de lui poser d’autres questions. Visiblement, sa visite sur le Mebd l’avait rendu encore plus curieux des ældiens. Mais – sans doute pour la même raison – il n’osa pas creuser le sujet. Un silence pesant s’installa alors entre les trois amis. Anguel songeait aux mystères et aux merveilles du monde ældien, Keita, à ses sentiments impossibles pour Cerin. Kael, quant à lui, pensait à ce que lui avait dit son père, et à ce qu’il comptait annoncer à ses amis.
Anguel lui raconta que le barde Amryliw avait insisté pour les recevoir et leur chanter la chanson qu’il avait composé sur Kael.
— Cette chanson te décrivait comme un véritable héros, voué à une grande destinée, avait dit Anguel. Elle disait également que tu étais beau comme un dieu et faisais – je cite – craquer le coeur de toutes les femelles… Que tu avais deux femmes humaines et une ældienne, toutes éperdument folles de toi.
Cette anecdote aurait amusé Kael si le barde n’avait pas également chanté sa chanson aux deux chasseurs dorśari. En vérité, ce seul fait était suffisant à l’inquiéter.
Ces deux ædhil ont du être bien déçus, en me voyant enfin, songea Kael. Mais le jeune perædhel était également obligé de reconnaître qu’il avait connu un état de grâce, à bord du Mebd. Pendant ces deux jours, il avait réellement touché du doigt ce que cela signifiait d’être l’un des seigneurs de l’univers, et de se voir attribuer toutes les prérogatives d’un dieu vivant.
Lorsque la conversation ralentit et que le silence retomba, Kael estima que le moment était venu d’annoncer à ses amis son nouveau projet. Pour ce faire, fidèle à son habitude, il se jeta dans l’eau à pieds joints.
— Voilà les gars, annonça-t-il, je veux que vous soyez les premiers à le savoir. J’ai décidé de notre nouvelle entreprise.
Les deux garçons le regardèrent, suspendus à ses lèvres.
— Ce sera les Mondes de la Couronne, au-delà du TNSM de Sibalba, sur les ruines de l’empire d’Ultar. On ramènera des cristaux-cœurs… Et surtout, on profitera d’être là pour prendre un tunnel dimensionnel et retourner sur Æriban, telle qu’elle était il y a plusieurs millions d’années.
Le long sifflement d’Anguel troubla le silence. Kael le fixa, cherchant à discerner chez le mercenaire des traces de méfiance ou de colère. Mais tout ce qu’il lut dans ses yeux sombres, ce fut l’admiration et l’excitation.
— Ce jour où je t’ai vu te jeter sur un type armé sans réfléchir, dans la zone la plus malfamée de Thriton, dit le vétéran, j’ai su que j’avais enfin rencontré un type encore plus dingue que moi. C’est bien, Kael : tu ne doutes de rien !
Kael sourit modestement, mais il sut prendre le compliment pour ce qu’il était.
Mais Keita décida de les faire tous deux redescendre sur terre.
— Partir de Pangu en pleine nuit sur une coquille de noix rafistolée sans même savoir si elle vole et sans l’aval de tes omnipotents parents – au passage, les nôtres se sont désavoués de l’affaire dès qu’ils ont su que les tiens n’étaient pas au courant – c’était déjà risqué. Tenter de se faire enregistrer comme naute en étant à moitié Ældien, encore plus. Sans oublier Rvehk et de l’arrangement qu’on a réussi à obtenir in extremis des deux prédateurs aux dents longues, là. Mais jusqu’ici, on a eu de la chance, Kael. Sibalba et Æriban, c’est d’un tout autre niveau. Je ne parle même pas de la navigation. Mais se rendre là-bas – surtout pour toi – c’est aussi imprudent que le serait une souris décidant d’aller danser sous le nez d’un chat pour aller attraper des miettes de fromage, comme dirait ma mère.
Anguel, le menton reposant dans sa paume, jeta un regard blasé à Keita. Il ignorait ce qu’était une souris, ou du fromage.
— J’ai un nouveau cristal, maintenant, répondit Kael à son ami. Les forces d’attraction du trou noir ne pourront pas m’engloutir.
Keita planta son regard posé dans le sien.
— Et nous, Kael ? Tu te penses assez fort pour résister à l’Abîme, soit… Mais nous ?
— Vous êtes humains, murmura Kael. Vous ne craignez rien.
Anguel soupira.
— Là, permets-moi de te contredire, capitaine, dit-il. As-tu déjà entendu parler de la Neuvième Légion ?
Kael comme Keita se tournèrent vers lui. La Brute avait baissé d’un octave : ce seul fait réclamait de l’attention.
— Non, crut bon de devoir répondre Kael, sachant que c’était bien la réponse qu’attendait Anguel.
— Moi, j’en ai entendu parler… fit pour sa part Keita. Mon père m’a raconté. C’est le bataillon qui a disparu corps et biens, c’est ça ?
Le vétéran hocha la tête.
— La IX° Légion Hispana… L’un des bataillons les plus décorés de la flotte, fleuron de notre armée. Si Singh n’avait pas été un ancien des Ultramarines, c’est d’elle dont en entendrait le plus parler. Avec la XIII° Legio Gemina, la VIII° Augusta et la VII° Fidelis, il s’agit de la plus ancienne de nos légions, dont la création remonte à la Guerre de Fondation. On dit qu’elle fut créée par Ahmed Aden lui-même, sur le modèle des légions romaines de l’antiquité pré-atomique… Par tradition, elle recrutait ses membres sur Terre, dans la ville-décharge au pied du skyhook. C’était le prix que pouvaient payer certains citoyens parmi les plus méritants pour pouvoir accéder à l’espace et aux colonies lointaines.
— D’où son nom, Hispana, précisa Keita à Kael dont les grands yeux topaze n’exprimait aucune compréhension. L’extrémité terrienne du skyhook se trouve à New-Hispana, l’ancienne ville-décharge située de l’autre côté de notre Secteur Autonome d’origine, la Section Asie-Pacifique.
Kael hocha la tête sans trop de conviction. Sa famille était trop déconnectée de la Terre et de Solaris pour qu’il ait été instruit de ces subtilités.
— On dit qu’historiquement, lorsque les Secteurs Autonomes se sont dotés de colonies, au cours de la Reconquête de l’Espace, la Section Panasie-Pacifique a pris Mars – avant de la perdre au profit de Germania au cours des guerres de terraforming – et New-Hispana, pour sa part, alla prospecter plus loin, en dehors du système solaire. L’arrivée des korridites rendit toutes ces querelles caduques pour un temps, mais New-Hispana n’ayant pas encore touché terre, elle possédait une flotte conséquente qui fut tout de suite reconfigurée en bataillon militaire par Ahmed Aden pour aller affronter les premières vagues des exterminateurs et protéger Solaris. Ce furent eux, avec Aden et sa propre flotte, qui firent face les premiers à la menace Korridite. New-Hispana perdit plus de 80 % de sa population lors du premier engagement, mais ceux qui sortirent de là formèrent la IX° Légion : Hispana. Aden leur donna ce numéro car c’était celui de la légion ibérique levée par César lors de la Guerre des Gaules.
— Aden se comparait à ce vieux tyran terrien, précisa Keita à Kael. Ce qui, soit dit en passant, irritait beaucoup les ældiens. Lorsqu’Aden traita avec eux, il dut renoncer à cette appellation de Neo-Cesar : ce fut l’une des conditions que lui imposa le monarque ældien avec qui il négocia. Il paraît que ceux des tiens qui avaient connu Julius Cesar le détestaient. Du coup, il changea d’inspiration et se fit appeler Darius, ce qui convint mieux à ses nouveaux alliés.
— Quelles étaient les autres conditions ? s’enquit Kael.
Keita haussa les épaules.
— Je ne me souviens pas de tout. Certains abrutis mal-renseignés prétendent que les ældiens demandèrent à Aden de leur chanter les rubaiyat en farsi sans buter sur un seul mot et que c’est sa connaissance de cette langue ancienne qui le sauva et fit qu’en plus les ældiens décidèrent de se lancer dans la guerre contre les korridites aux côtés des humains. Mais des sources plus sûres disent que ce qui les décida, c’est qu’Aden s’engagea à leur céder la Terre en échange de leur aide. Ce qui était un marché de dupes, puisqu’elle était devenue inhabitable… Mais les ældiens s’étaient proposés de la terraformer à nouveau, et ils avaient même accepté que certains humains triés sur le volet y retournent, sous leurs conditions.
— De toutes façon, les ældiens se seraient jetés dans cette guerre : tout ce dont ils avaient besoin, c’est d’un prétexte pour le faire, dit Anguel.
— Et les humains ne tinrent jamais parole. Ils n’évacuèrent pas les milliards de pauvres hères qui survivaient sur cette décharge à ciel ouvert qu’était devenue la Terre, et à cause de cela, les ældiens ne purent la terraformer selon leur convenance. Aden se joua d’eux habilement en les dissuadant d’y revenir, et, après s’être retiré du tout nouvel Holos, ils repartirent dans le Dédale. Tous… Sauf un.
Cette fois, Kael leva un sourcil.
— Qui ?
Keita attendit un peu, sûr de son petit effet.
—Cirnnan de la Septième Cour d’Ombre, finit-il par annoncer triomphalement. L’oncle d’Aedhen et d’Aodhann… Il sortit du coin du Dédale d’où il s’était retiré et apparut avec son cair rouillé récupérer ce qui, selon lui, lui revenait de droit. Il récupéra ses anciennes terres, d’où il avait exclu par l’avancée des humains des dizaines de milliers d’années auparavant, réactiva les portails dimensionnels qui les ceignaient et les sortit pour de bon de Solaris.
— Tu veux dire que Cirnnan n’est pas sur Terre ? fit Kael, surpris.
— Si. Il y est. Mais son territoire n’est pas accessible pour les humains, même si on ne peut y accéder que par la Terre.
— C’est le même principe pour Æriban, statua Kael en secouant la tête. Qui que ce fut, quelqu’un a isolé la planète du reste d’Ultar avant qu’elle ne soit dévastée par l’effondrement gravitationnel, laissant à la place un portail dimensionnel. C’est ce portail que je vous propose de trouver. Après, si ça vous amuse, on pourra rendre visite à cette mystérieuse Cour de Tará, le seul endroit de Terra qui soit encore préservé.
— Mauvaise idée, grogna Keita. On dit que Cirnnan est fou à lier, et très hostile envers les humains, mais aussi envers les dorśari. S’il voit ton frère…
— Mon frère n’a de dorśari que l’apparence, objecta Kael. Et vous ne m’avez toujours pas raconté ce qui est arrivé à la Neuvième Légion… C’était le point de départ de cette discussion, non ?
Anguel posa ses deux poings entrelacés sur la table, puis il releva ses yeux noirs sur lui.
— La Neuvième Légion… Elle a disparu corps et biens, tout simplement. Au large du TNSM de Sibalba… On ne l’a plus jamais revue. Du moins, pas sous sa forme originelle. Mais certaines légendes…
— Quoi ? Qu’est-ce qu’elles disent ? s’enquit Kael, avide de nouvelles informations.
Anguel soupira, puis il croisa ses mains derrière sa tête.
— Et bien, pour faire court et synthétique… Elles disent que la Neuvième s’est faite avoir par l’Abîme. Que sa flotte apparaît, parfois, aux voyageurs perdus dans de mauvaises zones de la Trame… Avec son vaisseau amiral en tête, le Cursum Perficio. De loin, le plus terrifiant des vaisseaux fantômes dont j’ai jamais entendu parler.
Kael, comme Keita, regardèrent le vétéran avec une admiration sincère. Il fallait avouer que, sur le côté humain de l’histoire de la Voie, il était incollable.
— Comment sais-tu tout ça ? lui demanda Keita, peut-être un peu vexé de ne plus être la base de données de la bande. Tout ce qui concerne les Cosmo-Légionnaires est complètement verrouillé par le SVGARD. Et ce que tu nous racontes est bien plus précis que ce qu’on apprend par la rumeur.
Dans les yeux d’Anguel brilla une petite lueur mystérieuse.
— Mon père faisait partie de ce bataillon qui a disparu corps et biens dans les parages de Sibalba. Et c’est pour découvrir ce qui lui est arrivé que je me suis engagé dans la nouvelle IX°, les Loups Célestes. C’est aussi pour cela que je cherchai un capitaine assez couillu pour tenter une expédition pareille. Quand je t’ai vu Kael, avec tes oreilles pointues qui dépassaient de tes cheveux blancs, ton regard déterminé et ton audace à la limite de la folie, j’ai su que j’avais trouvé ma nouvelle affectation, Caëlurín Rilynurden-Srsen !
Kael comme Keita gardèrent le silence face à cette déclaration. Puis Kael hocha la tête, en reconnaissance de ce que venait de leur confier leur ami. À cet instant précis, le jeune perædhel songea qu’il ne pouvait avoir trouvé meilleur équipage.
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