Chapitre 18 (1) - Bonne année mon lapin

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Barbara sauta dans les bras de Rickie qui venait enfin d’arriver.

- Et bien tu en as mis du temps fripon, tu as vu l’heure, où étais-tu passé? Mais mon dieu, ta lèvre, que t’est-il arrivé ?

Rickie l'embrassa sur la bouche sans prévenir.

- Ce soir Barbara, c’est la fête au Petit Marcel. Le Rickie triste et mélancolique que tu as connu est mort et enterré! Alors plus de questions pour ce soir veux-tu” déclara-t-il solennellement.

Il la prit par la taille et la souleva.

- Aaaaaaah, mais t’as les mains froides, tu es fou. Que mon prince charmant me dépose ! éclat-elle de rire.

Rickie fit un tour sur lui-même avant de la déposer sur sa chaise. Il salua les personnes avec qui elle était. Il les connaissait tous, pour les avoir rencontrés au Petit Marcel. Il les prit un par un dans ses bras. Il débordait d'énergie, heureux de passer la nouvelle année à leur côté. Barbara se remit de ses émotions et tous levèrent à nouveau leur verre avec lui. Marie qui s’offrait une courte pause se joignit à eux. Barbara regarda attentivement le visage de son ami. Il pouvait passer du tragique à la gaieté et de nouveau au tragique en l’espace de quelques secondes. Mais ce soir, malgré sa blessure au visage, la tristesse de son regard avait disparu, laissant place à une lumière qu’elle avait cru ne jamais plus revoir. Mais pour combien de temps ? Elle lui sourit tendrement. Rickie lui rendit son sourire au centuple.

La musique du Petit Marcel s’entendait au-delà des portes du café. Le décompte de la nouvelle année retentit et des cris de joie s’élevèrent. C’est à ce moment-là que Paul arriva. Tout engourdi par le froid, il se dirigea comme un fou vers le bar, en scrutant la salle bondée enfumée. L’odeur de sueur, la promiscuité des corps, la chaleur moite prégnante des lieux. Le contraste avec l’extérieur était saisissant. Il enleva son manteau et réussit à atteindre Lucas occupé à servir les nombreux clients.

- Bonsoir Lucas !

- Oh, bonsoir Paul, encore toi ici. Je vais commencer par croire que tu ne peux plus te passer de moi! Bonne année mon lapin, lui répondit-il tout en sueur.

Il se pencha et attrapa à la volée sa cravate rouge pour l’embrasser sur la bouche. Paul pris au dépourvu lui souhaita lui aussi une belle et heureuse année.

- Sois pas choqué Paul. J'aime quand tu rougis. Tu veux boire quelque chose ?

- Oui je veux bien, mais avant tout, dis moi, Tom m’as dit qu’il serait là ce soir, je ne le vois pas.

Lucas s’apprêta à lui répondre quand Paul entendit crier son prénom derrière lui. Il se retourna, surpris et vit à une table des bras levés qui l’invitaient à les rejoindre.

- Barbara, toi ici ? dit Paul en arrivant vers la jeune femme au bras de Rickie.

- Paul, je te présente Rickie, mon meilleur ami.

Paul resta, malgré lui bouche bée en les regardant lui sourire.

- Rickie vient de me dire où vous étiez avant de venir. Je ne savais pas que Marianne et Tristan étaient tes amis. On les a rencontrés lors d’un dîner, peu avant Noël. Ils sont très sympas. Et Rickie vient de me dire que tu avais rencontré ma soeur, Zofia! Wonderful.

- Tu es un très bon danseur et un sacré séducteur m’a-t-elle avoué, poursuivit Rickie, les yeux farceurs, sans laisser à Paul le temps d’assimiler ces informations.

Barbara donna un petit coup de coude dans les côtes de son ami et lui demanda d’arrêter immédiatement d’embêter son nouveau protégé. Rickie mima une douleur atroce et se fit tomber de sa chaise en hurlant qu’il allait mourir. Toute la table explosa de rire. Paul ne put s’empêcher de rire aussi.

Lucas apporta, sur un plateau, la nouvelle tournée de boissons pour la tablée. Tous les convives trinquèrent. Paul resta à regarder toutes ces personnes joyeuses, assises autour de la table. Deux jeunes filles, visiblement très intimes, pouffaient de rire à chaque histoire que racontait un garçon très exubérant et maniéré. Un autre jeune homme, en apparence plus réservé, eut des réparties inattendues qui amusèrent tout le monde. À plusieurs reprises, il ne manqua pas de regarder farouchement Paul, qui n’arrêtait de toucher et de lisser sa cravate, rougissant, à ne plus savoir où se mettre. Il ne savait pas non plus comment se comporter ou quelle attitude adopter. Mais ce qu’il ressentit avant tout, à ce moment-là, c’était uniquement le bonheur que toutes ces personnes partageaient. Bizarrement, Il n’avait pas l’impression d’être de trop, il se sentait même presque à sa place. Et peu importe ce qu’on pouvait dire de lui, il s’en fichait éperdument, assis au milieu de ces gens dont il ne savait rien. A ce moment-là, plus rien n’avait d’importance.

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