Chapitre 45 - Séquelles
Rickie avait passé sa journée sur son nuage, heureux et léger. Il quitta l’imprimerie à dix-sept heures, marcha quelques minutes et prit un bus qui le mena directement à l'hôpital. Catherine le vit monter les larges marches en ciment vers le hall du bâtiment. Elle écrasa sa cigarette d’un geste nerveux. L'ascenseur les déposa au sixième étage. Le professeur, en charge de Marc, leur avait donné rendez-vous dans son bureau qui ressemblait davantage à un cagibi. Une remise sans fenêtre, où gisait une montagne de dossiers médicaux. L’ homme, à la barbe fournie et aux yeux alertes, s'excusa du désordre et les pria de prendre place, en leur indiquant deux sièges, situés en face de son bureau. Sans préambule, il leur annonça que Marc était dans une phase délicate de réveil.
- Il n’est pas impossible que monsieur Ducan se montre agité. Les yeux peuvent s’ouvrir ou faire des mouvements, sans pour autant qu’il soit conscient. L’agitation n’est pas synonyme de souffrance, rassurez-vous, nous faisons le nécessaire pour qu’il ne souffre pas. Son coma est amené à se dissiper lentement. Les cellules de son cerveau vont se remettre progressivement à fonctionner et les transmissions entre elles reprendront. Le réveil se fait petit à petit.
- Aura-t-il des séquelles ? demanda Catherine.
- Chaque cas est différent, vous savez. Heureusement pour lui, il est probable qu’une perte de motricité ou de coordination survienne dans les prochaines semaines ainsi que des troubles de la concentration, de l’attention, de la mémoire et du langage. Son caractère peut changer aussi. Tous ces troubles affectent beaucoup le psychisme du patient et tout cela aura sûrement des répercussions sur ses proches. Dans tous les cas, attendez-vous à ce que sa personnalité soit altérée, dans un premier temps. Certains souffrent de stress post-traumatique mais d’autres à l’inverse considèrent leur vie différemment.”=
A la fin de l’entretien, ils remercièrent le professeur de leur avoir accordé du temps et d’avoir répondu à toutes leurs questions. Sans attendre plus longtemps, il se leva et leur donna une poignée de main cordiale et énergique. Ils prirent congé. De nouveau, Catherine remercia une Rickie d’être venu voir Marc si souvent. Elle devait le quitter, des papiers administratifs l’attendaient à l'accueil. Rickie descendit au troisième étage pour rendre visite à Marc. Mais avant de rentrer dans sa chambre, il resta quelques minutes dans le couloir. Il prit conscience des paroles du professeur, soulagé mais avec une appréhension nouvelle quant à la suite. Ce jeudi était à marquer d’une pierre blanche supplémentaire. Il resta un long moment à son chevet pour lui rapporter mot pour mot la conversation exceptionnelle qu’il avait eu avec son père le matin même. Il pourrait être fier de lui.
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