Chapitre 48 (1) - La chatte sur un toit brûlant
Marianne n’aurait jamais imaginé que Tristan soit capable de mettre son projet à exécution - partir seul à la montagne - et ce jusqu'au dernier soir où elle l'avait vu faire sa valise, comme si de rien n’était. La discussion du dimanche précédent avait abouti à une impasse. Tristan n’avait cessé de lui faire des reproches. Depuis quelques semaines, il ne supportait plus ce que leur couple était devenu. Ils étaient seulement bons à s’éviter ou à se blesser inutilement. Ses récriminations s’étaient accumulées et surgissaient aujourd’hui de manière brutale et désordonnée. Débordée par l'émotion et pleine de rage, elle avait contre-attaqué. Une volée de piques acerbes qui avaient touché Tristan, comme elle l'espérait.
Tristan venait de partir, une grosse valise à la main. Elle le regarda depuis la fenêtre, avant de retourner se coucher, les larmes aux yeux. Elle finit par émerger en fin de matinée. Vers midi, la sonnette retentit. C’était Zofia qui passait en coup de vent pour l’inviter à dîner chez elle. Elle accepta avec grand plaisir.
En début d’après-midi, elle se rendit à la bibliothèque. Elle y retrouva Tom, sensiblement à la même heure que la semaine précédente. Ils échangèrent quelques politesses avant que Tom sorte un livre de son sac.
- Je ne savais pas si j’allais te voir ici cet après-midi mais je l’avais emporté au cas où.
C’était La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams. Sa pièce de théâtre préférée.
- Prends le temps de la lire, je ne suis pas pressé.
Touchée par cette attention, elle le remercia avant qu’ils ne s’assoient à une table. Tous les deux sortirent leurs livres, leurs trousses et leurs cahiers, consciencieusement, sans prendre plus de place que nécessaire pour ne pas envahir l’espace de l'autre. Tom se plongea rapidement dans le dernier cours qu’il avait prévu de compléter. Marianne quant à elle, ne savait où commencer. Une fois de plus, elle observa Tom à la dérobée. Elle était curieuse d’en savoir plus sur lui. Plus elle le regardait, plus elle le trouvait attirant. Étonnamment, elle était devenue timide. Une personne comme lui, on avait immédiatement envie de faire sa connaissance. Il dégageait quelque chose qu’elle n'aurait pas su nommer. Elle comprit pourquoi Paul s’en était fait un copain. Elle sourit, pour elle-même et finit par se concentrer sur son cours de littérature américaine. Deux heures s’écoulèrent avant qu’ils libérèrent leur table. Ils se firent la bise et se quittèrent vers dix sept heures.
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