Chapitre 49 (2) - Faire des choix
Paul et Tristan se réveillèrent de bonne heure, le lendemain matin qui était un mercredi. Ils prirent un petit déjeuner copieux. Ils quittèrent l’hôtel à neuf heures en direction de la poste. Arrivé devant la boîte aux lettres, Tristan hésita à la glisser à l'intérieur. Paul la lui prit des mains et la posta lui-même. Tristan le remercia. Après avoir loué leur paire de raquettes, ils choisirent une randonnée plus courte que prévu, en raison de la météo annoncée. Contrairement aux jours précédents, le temps s’était un peu couvert, la vigilance était de mise. Vers midi, ils firent une pause devant un point de vue touristique qui dominait toute la vallée. Tristan sortit de son sac à dos le pique-nique que l’hôtel leur avait préparé. Ils mangèrent leurs sandwichs en profitant du paysage. Paul ressentait encore les courbatures des premiers jours mais il avait l’impression que ses jambes n’étaient plus que du muscle tellement il les avait sollicitées. La beauté de la montagne enneigée. Il mémorisa le paysage dans sa tête et se promit de ne pas oublier cette vue magistrale. L'incomparable air de la montagne. Il se sentait à la fois fatigué et en pleine forme. Il sortit de son sac sa thermos et proposa une tasse de café à Tristan. Après une ultime pause méditative, Tristan indiqua le panneau qu’ils devaient suivre.
- On ferait mieux de ne pas trop tarder, ça commence à se couvrir sérieusement. Ils indiquent deux heures pour le retour, ça devrait le faire si on marche à une bonne allure.
Au bout d’une heure, la neige commença à tomber doucement. Leur souffle formait des nuages dans l'air qui s'était refroidit. Les randonneurs qu’ils croisaient se faisaient plus rare.
- Tristan, je commence à fatiguer sévère. On en a pour longtemps ?
- Encore une petite heure je pense. On ferait mieux d'accélérer un peu car j’ai peur qu’il se mette à neiger davantage.
Leur rythme devint plus rapide mais la prévision de Tristan s’avéra pire que prévue. En quelques minutes, de gros flocons s’étaient formés et la neige tombait sans discontinuer, doublée d’un vent brutal.
- Allez, on se dépêche Paul.
- Ouais ça va, je fais ce que je peux” cria Paul qui, bientôt, n’arriva plus à distinguer la silhouette de Tristan devant lui. Les flocons tourbillonnaient rapidement. Il n’apercevait plus très bien le chemin à suivre et dû se fier aux balises que formaient de hauts sapins.
- Attends moi Tristan, il neige trop, je ne vois que dalle.
- Je suis là, magne toi.
Paul avait beau accélérer, ses forces commençaient sérieusement à le lâcher. Il avalait de la neige et ne voyait plus du tout Tristan à présent.
- Tristan attends-moi… Tu m’entends ?
Pas de réponse.
- Tristan, c’est pas drôle, Tristaaaan ! cria-t-il.
Il redoubla d’efforts. Mais rapidement, il dut s’arrêter quelques minutes tant il était essoufflé. Il profita d’une accalmie pour avancer. Le silence de la montagne l’envahit. Il n’entendait que ses pas crisser dans la neige. Malgré la fatigue, il continuait à être émerveillé par le paysage, par cette neige qui recouvrait lourdement les arbres. Il était là, en pleine forêt, avec son meilleur ami. Quelle chance ils avaient!
Arrivé à un carrefour, il ne vit aucun panneau qui indiquait quel chemin suivre. Il tourna sur lui-même, désorienté. Son poul s'accélèra. Surtout Paul, reste calme. Cherche ce fichu panneau et choisis le bon chemin. Il fit difficilement quelques pas dans la neige. Celle-ci lui arrivait maintenant jusqu'au mollet. Il avait de plus en plus de mal à mettre un pied devant l’autre. Il devait vraiment lever la jambe très haut tant il y avait de neige. Il s’arrêta de nouveau, exténué. Surtout ne t’arrête pas, ce n’est pas le moment de te refroidir. Il prit son courage à deux mains. Il avait le visage souriant de Tom en tête. Faire des choix dans la vie. Enfin décidé, il prit à droite. Il avait fait une centaine de mètres lorsqu’il crut entendre une voix. Il s’arrêta pour en être sûr.
Le bruit du vent laissa place à un grand silence autour de lui. Seul le son ouaté de la neige qui tombait. T’entends des voix maintenant, ce n’est vraiment pas le moment Paul.
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