Chapitre 54 (2) - Silly boy

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Comme tous les vendredis en début de soirée, le bar était bondé. L’ambiance générale était devenue joyeuse et le volume sonore des conversations avait augmenté sensiblement. La fatigue nerveuse de Tristan le rattrapa d’un seul coup. Il se mit à bâiller. Il refusa une bière de plus et réalisa qu’il ferait mieux de rentrer chez lui. Mais la perspective d’y retrouver Marianne ne l’enchantait guère.

- Tiens, voici les clefs de mon appart, prends-les et restes-y le temps qu’il faudra, enfin si tu veux, dit Paul.

Tristan prit le trousseau de clefs que Paul lui tendait, les larmes aux yeux. Il le remercia, l'embrassa sur le front avant de se frayer un chemin vers la sortie.

- J’espère que ça va aller, dit Paul, soucieux de voir son ami partir.

- Je ne me fais pas de soucis pour lui, il sait ce qu’il fait, il cogite tout ça dans sa tête depuis un bon moment, précisa Tom, convaincu.

- Tu as probablement raison, finit par dire Paul à moitié persuadé.

- Bon et alors, vilain cachotier, tu n’as pas quelque chose à me dire ? plaisanta Tom. Il lui tira gentiment l’oreille.

- Je ne sais plus où me mettre, j’étais terrorisé à l’idée de te le dire...mais tu n’as pas l’air en colère !

- Je ne t’avais jamais dit que j’avais passé toutes mes années de lycée à l’internat? A ton avis, on faisait quoi tous les soirs dans une chambrée à quatre ? dit Tom avec un sourire coquin.

- Ça te dirait qu’on retourne chez toi pour que tu me fasses une démonstration ? dit Paul avec envie.

- Si vous êtes sage monsieur! En attendant, terminez votre bière, dit Tom en lui passant le doigt sur les lèvres pour y enlever un peu de mousse.

- Avec toi Tom, pas sûr que Paul s’assagisse ! dit Rickie qui venait de surgir avec Barbara à son bras.

- Bonsoir vous deux, on a croisé Tristan en arrivant, il faisait une de ces têtes ! dit-elle.

- Vous avez manqué la grande scène de la soirée, annonça Lucas qui venait d’apparaître à son tour.

- Je vous sers quelque chose ?

- Une bière brune pour moi s’il te plaît, dit Rickie.

- Laisse-moi réfléchir... Si tu as une vodka, je ne dirais pas non.

- Barbara, une vodka ? Depuis quand tu connais cette boisson ? s’offusqua Lucas à deux doigts d’exploser de rire.

- Oh ça suffit toi, silly boy ! dit-elle en lui donnant une petite claque sur les fesses.

- Elle au moins, elle sait parler aux hommes, ne put s’empêcher de rajouter Lucas avant de repartir aussi sec.

Tout le monde se mit à rire, signe que la soirée serait à l’image de la bonne humeur qui régnait au Petit Marcel.

La petite lampe de chevet, posée au sol, éclairait doucement la chambre. Encore essoufflés de leurs ébats, Tom rabattit sur eux les draps et la couverture du lit. Il se blottit, la tête posée sur le torse de Paul, pour profiter de sa chaleur corporelle.

- Tu sais Paul, Marianne ne pensait pas ce qu’elle disait pour Tristan et toi…

- Je sais bien, elle est tellement incontrôlable. Tu l’aurais vue déjà au lycée, les scènes qu’elle faisait à Tristan ou à certaines de ses amies. Mais cette fois-ci, j’ai l’impression que Tristan ne réussira pas à lui pardonner. Plus j’y pense, plus ça me paraît définitivement terminé entre eux. Nous avons beaucoup discuté pendant notre séjour. Je pense qu’il a besoin de faire le point sur sa vie, ce qu’il veut vraiment. Il avait le sentiment d’étouffer avec elle, sans parler de son père qui lui met une pression de dingue pour ses études, qu’il n’aime pas au passage.

- Je peux comprendre, côté pression, d’où qu’elle vienne d’ailleurs. En tous les cas, c’est très gentil à toi de lui avoir prêté tes clefs.

- J’ai pas trop réfléchi...

- Justement je trouve ça beau, dit Tom.

- Il va falloir me supporter un peu plus chez toi, répondit Paul à demi-mots.

Tom changea de position et vint s’asseoir à la tête du lit, adossé au mur.

- Autant que vous voulez monsieur...Mais j’y pense, ça fait déjà deux mois que nous nous sommes rencontrés !

- Oui je sais, c’était hier exactement, tu croyais que j’avais oublié ? répondit Paul qui s’adossa lui aussi contre le mur.

- J’espérais que non! Il s’en est passé des choses en deux mois. C’est complètement fou, j‘ai du mal à y croire certains jours quand je me réveille à tes côtés, ajouta Tom.

- C’est pareil pour moi mais à ce rythme là, je ne sais pas si je vais tenir la cadence, prévint Paul d’un ton taquin.

- Je te propose de ralentir alors. Tu reprends les clefs de Tristan. La semaine, chacun chez soi et on se voit uniquement le week-end. Qu’en penses-tu ?

- Ouais c’est ça, tu ne tiendras pas une semaine à ce petit jeu. Mais si tu veux… Dans ce cas là, je te donne rendez-vous vendredi soir prochain au Petit Marcel. Je réserve la table “des rendez-vous à la bougie” pour 20h, ça te va ? répondit Paul qui le regardait droit dans les yeux.

- Mais comment tu sais ça toi ? Et arrêtez tout de suite de me regarder comme ça sinon je ne réponds plus de mes actes ! dit Tom avant de lui sauter dessus.

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