Le chant de la sirène (fini)
Un vent glacial soufflait en ce premier janvier mille-huit-cent-trente, lorsqu’une voiture de police arriva en bord de mer. Un policier emmitouflé dans une parka trop large pour lui permit à sa passagère, une jeune femme blonde, de passer sous le ruban jaune délimitant la scène de crime. De nombreux policiers inspectaient les lieux sous la supervision du commissaire Richards. Le vieux policier s’approcha de la nouvelle arrivante.
— Mademoiselle Redwood ? demanda-t-il.
— Appelez-moi Lina, commissaire Richards, répondit-elle.
— Soit. La femme de Monsieur Winlord nous a appelé hier en fin d’après-midi pour signaler la disparition de son mari et de son fils, parti à la pêche le matin même. Nous n’avons pas pu inspecter la mer pendant longtemps, la faute aux intempéries. Puis ce matin, un homme qui sortait son chien a vu le bateau pris dans les rochers et nous a contacté. Il s’agit de celui du disparu mais aucune trace de ce dernier ou de son fils dans le bateau. J’ai demandé votre concours car je me demande s’ils n’ont pas été victimes d’une quelconque menace inhumaine.
— Puis-je jeter un œil ?
L’officiel acquiesça et Lina se mit alors à la recherche d’indices qui aurait pu échapper aux forces de l’ordre. Elle ne cessa de faire des allers-retours des rochers à la barque, s’agenouillant parfois pendant quelques instants, passant sa main sur la surface du sol. Elle observa la moindre partie de l’embarcation ainsi que le bord de l’eau puis vint faire son rapport au commissaire.
— Je crains que l’on ait affaire à une sirène, dit-elle.
— Une sirène ici ? Elles ne sont pas censées vivre dans les eaux tropicales ? s'étonna son interlocuteur.
— Il peut arriver que l'une d'elles se perde dans les eaux froides mais effectivement il est plus habituel de les trouver dans des eaux chaudes. J'ai trouvé ce qui semble être des écailles d’une sirène coincées entre les lattes du bateau. En outre, il y a une substance visqueuse à plusieurs endroits de la coque, il pourrait s’agir de traces laissées par l'une de ses mains. Néanmoins l’absence de sang indique qu’ils n’ont pas été attaqué sur le bateau, donc je pense qu’ils ont été séduits par son chant. Reste une chose que je n’arrive pas encore à m’expliquer. La présence de griffures à l’intérieur de la barque. Nous devrions rendre visite à la mère de famille, conclut-t-elle.
Lina et Richards se rendirent en hippomobile jusqu’à la demeure de la famille Winlord située dans l’un des quartiers bourgeois des hauteurs de la ville. La villa avait été construite récemment et adoptait ainsi une architecture plus moderne que celle de ses voisines.
La gouvernante qui ouvrit la porte les emmena jusqu’au salon ou se trouvait la maîtresse de maison. Une femme approchant la cinquantaine, vêtue d’une élégante robe blanche et bleue. Les traits de son visage trahissaient une profonde inquiétude qu’elle tentait tant bien que mal de dissimuler.
— Vous les avez retrouvés ? demanda-t-elle en proposant à ses hôtes de s’asseoir.
— Pas encore, dit le commissaire. Mademoiselle Redwood est spécialiste en créatures et nous avons fait appel à ses services pour qu’elle nous apporte son expertise.
— Pensez-vous qu’ils ont été victime d’un quelconque maléfice ?
— Les maléfices n’existent pas, et n’ont sans doute jamais existé, dit Lina. Je ne préfère rien vous dire de plus sur l’affaire tant que nous n’avons pas trouvé d'éléments plus probants car je refuse de vous donner le moindre faux espoir quant à son issue. J’ai souhaité vous rencontrer pour vous poser une seule question : votre époux ou votre fils ont-ils des problèmes d’audition ?
— Oui, mon fils entend mal depuis qu’il a dix ans, suite à une méningite. Mais je ne vois pas en quoi ça peut vous être utile.
— Merci, nous en avons fini. J’espère ne pas avoir à vous déranger de nouveau sans avoir de bonnes nouvelles. Bonne journée. Allons au commissariat, commissaire.
Par le passé, le gros bâtiment était d’une prison servant à l’ancien régime du pays pour enfermer et torturer des opposants. Depuis la chute de la monarchie et l’arrivée de la démocratie, le bâtiment avait été divisé en deux parties. L’une d’elle constituait l’hôtel de ville, l’autre le poste de police. De ce passé sanglant ne restait que deux plaques commémoratives vissés sur les murs de chaque entrée.
Ils se rendirent jusqu’au bureau du commissaire, une pièce au premier étage qui ne contenait qu’un vieux bureau, deux sièges et un porte-manteau. Le mobilier bien que sommaire, encombrait la presque totalité de cette salle exiguë.
— C’est mon bureau provisoire, mon habituel étant en train d’être rénové, s’excusa Richards.
— Il faut lancer des recherches au plus vite, il ne fait plus aucun doute qu’une sirène a enlevé les deux disparus. Rassemblez vos hommes, préparez de quoi protéger vos oreilles et de quoi l’abattre. Je vous expliquerai tout en même temps qu’à eux.
Le policier acquiesça et un quart d’heure plus tard, Lina se tenait devant une quinzaine d’agents dans le réfectoire.
— Bien, commença-t-elle. Le rapt de monsieur Winlord et son fils est probablement l’œuvre d’une sirène. Et si nous agissons vite, nous pouvons encore les sauver.
— Qu’est-ce qui vous dit qu’ils ne sont pas morts ? osa un officier dont la moustache retenait prisonnières des miettes d’un donut.
— Aucune trace des corps sur le lieu de l’enlèvement. Les sirènes tuent dans trois situations. La première pour se défendre. Au vu des éléments du dossier, il est improbable qu’elle ait été agressée par les disparus. La seconde, c’est pour se nourrir et elles mangent toujours sur place donc on aurait retrouvé les cadavres ou au moins du sang. La troisième, qui est donc la plus probable dans cette affaire, est la mort après avoir copulé. Donc si nous nous dépêchons, on pourra empêcher les ébats et donc sauver les deux malheureux. L’idée est aussi simple que dangereuse. Nous allons nous séparer et aller visiter les massifs rocheux et autres grottes qui sont au large car il est probable que l’une d’elle soit l’antre de la créature. J’aurai préféré que nous restions groupés mais le temps presse.
Trois bateaux partirent peu après du port avec à leur bord des forces de l’ordre lourdement armé et aux oreilles protégées par des bouchons d’oreille surplombés par d’épais casques anti-bruit.
Le navire sur lequel était Lina et Richards inspecta trois endroits susceptibles d’abriter la créature, en vain. Ils crurent un instant avoir trouvé un corps immergé mais il ne s’agissait que d’un amas d’algues. Ils ne durent néanmoins pas attendre longtemps avant de voir une fusée tirée d’un des autres bateaux, signal leur indiquant qu’ils avaient trouvé l’antre de la sirène. Le bateau arriva rapidement au niveau d’un petit amas de rocher. L’un des policiers fit signe d’enlever leurs protections auditives.
— On l’a tué, dit-il fièrement.
— Vous avez trouvé Messieurs Winlord ? Demanda Richards.
— Juste son fils. Il est en train de se réchauffer dans la cabine.
—Et le père ? demanda Lina.
— Aucune trace de ce dernier.
— Vous avez fouillé le récif ?
— Nous avons juste fait monter le jeune William et avons tiré la fusée.
— Retournez-y, regardez dans l’eau si vous trouvez du sang ou le corps du père. Et la sirène ?
— Elle est sur le pont, à côté de moi.
— Il faut que je la voie, dit Lina en grimpant sur le second navire.
Elle s’agenouilla, ouvrit sa besace, s’équipa de gants en latex et demanda au policier sa lampe à huile avant de s’accroupir et d’observer le cadavre encore chaud de la créature.
— C’est une jeune adulte, probablement fertile mais quelque chose me chiffonne dit-elle. Commissaire, venez voir.
Un brin réticent, le commissaire soupira et se rendit au côté de Lina et regarda le corps avec un dégoût non dissimulé.
— Si vous ne vous baissez pas, vous ne verrez rien, fit sèchement la jeune spécialiste et continua une fois Richards à son niveau, voyez ses poignets, il y a des marques semblables à celles que peuvent laisser des menottes.
— Ce serait une sirène capturée et qui se serait enfuit ?
— C’est une hypothèse plausible mais j’en ai une autre, un brin tiré par les cheveux cependant. Vos hommes ont retrouvé la sirène qui gardait le fils mais le père est absent et vos hommes que voici semblent bredouille. Je pense qu’on s’en est servi pour attirer Monsieur Winlord. Reste à savoir dans quel but. En attendant parlons au fils puis j’autopsierai la sirène.
— Il faudrait mieux que Madame soit présente non ?
— Pourquoi ?
— Pour que son fils ait la parole plus libre.
— J’avoue ne pas connaître beaucoup de choses à propos des relations humaines, je fais donc confiance à votre jugement, conclut-elle.
Il fut décidé d’interroger le rescapé chez lui en présence de sa mère. Cette dernière fut soulagée de retrouver son fils et ne remarqua l’absence de son époux que dans un second temps.
— Où... Où est-il ? demanda-t-elle.
— Nous ne le savons pas encore mais nous avons espoir de le retrouver assez vite, s’hasarda le commissaire. Et peut-être que William peut nous aider.
— William, commença Lina d’une voix aussi forte et intelligible qu’elle put. Comment vous êtes-vous retrouvé face à la sirène.
— Nous étions parti en bord de mer, près de la crique du Levant pour pêcher avec père. Soudainement, elle est apparue. J’étais émerveillé, je n’en avais jamais vu. Elle a tourné autour de nous puis elle a chanté. Enfin je crois. J’entends mal depuis quelques années. J’ai vu père se lever et, comme hypnotisé, il s’est jeté dans l’eau et j’ai été incapable de le retenir. Puis elle a fermé sa bouche, m’a fixé. J’étais tétanisé mais j’ai compris qu’elle en avait après moi quand elle a posé sa main sur le bord du bateau, j’ai essayé de fuir mais c’était trop tard, je sentais son étreinte autour de ma taille. J’ai essayé de m’agripper au sol mais c’était peine perdue. J'étais à mon tour dans l’eau. Elle a attrapé mon père et nous a amené jusqu’à l’endroit où vous nous avez trouvé. Je ne sais combien de temps plus tard, j’ai vu une barque arrivée. Deux personnes ramaient tandis qu’une autre se tenait debout. Ils accostèrent et la personne debout a mis pied à terre. Il a fait un signe de la main à la bête qui s’est tournée vers moi et m’a craché quelque chose dessus qui m’ôta la vue. Lorsque je pus voir de nouveau, mon père n’était plus là.
Lina ferma les yeux et s’enfonça dans son siège dans un silence de plomb et une poignée de minutes plus tard, les rouvrit.
— La personne qui a mis pied à terre était-elle grande ?
— Je crois qu’elle était un peu plus grande que monsieur le policier.
— Bien. Madame, où votre époux travaille-t-il ?
— Vous l’ignorez ? s'étonna son interlocutrice.
— Je viens d’arriver en ville et les affaires courantes m’indiffèrent.
— Il est propriétaire du port de la ville. Il l’a hérité de son père et l’a développé au fil des ans.
— Intéressant, marmonna-t-elle. Nous pouvons y aller, finit-elle.
Elle attendit que le véhicule quitte la propriété pour exposer son hypothèse au commissaire. Selon elle, quelqu’un se serait servi de la sirène pour kidnapper Monsieur Winlord, peut-être un rival voulant prendre sa place en tant que propriétaire ou un quelconque autre avantage en lien avec le port. Elle écarta une éventuelle demande de rançon car son épouse aurait été contacté peu après le rapt. Le commissaire décida d’enquêter sur ces pistes pendant que Lina s’occuperait de l’autopsie de la créature marine.
La jeune femme avait été conduite à l’hôpital, où se trouvait le laboratoire du médecin légiste. Sous la forte lumière de la pièce, la sirène allongée sur la table d’autopsie paraissait différente. Lina remarqua qu’il lui manquait de nombreuses touffes de cheveux, révélant un crâne marqué par plusieurs hématomes. Son visage émacié avait de nombreux stigmates consécutifs à plusieurs affrontements ou peut-être à une maltraitance. Son buste était marqué par de multiples plaies dont les cicatrisations se révélaient être à différents stades. Sa fine taille laissait apparaître ses côtes sous sa peau terne. Sa queue, longue d’environ un mètre et vingt centimètres comportait des écailles de différentes teintes de vert et de violet. Lina remarqua qu’un certain nombre d’écailles manquaient, elle passa délicatement la main sur la queue et d’autres écailles tombèrent.
Elle attrapa ensuite un scalpel et incisa le corps de la créature en traçant un y partant du torse jusqu’à la base de sa queue. Une odeur de poisson pourrie s’échappa de l’intérieur du cadavre, manquant de faire vomir la jeune spécialiste. Elle se reprit rapidement et sortit les viscères. Elle remarqua que son estomac était presque vide et qu’un reste de placenta était également présent. Elle jugea le reste des organes sans intérêt et sortit de la salle pour se rendre dans le bureau du légiste.
— Docteur, que voulez-vous faire du corps ?
— Laissez-la comme ça, je vais m’en occuper. Un télégramme du commissaire Richards est arrivé il y a une dizaine de minutes. Je ne vous ai pas dérangé comme vous me l’aviez demandé.
— Vous avez bien fait. J’y vais dans ce cas. Bonne journée.
Elle se rendit à pied au commissariat et traversa les rues glaciales et presque désertes d’Everkalt, apprenant ainsi à connaitre certains endroits de cette ville dans laquelle elle venait d’arriver la veille. Le froid aidant, elle hâta le pas et atteint rapidement l’entrée du commissariat. Elle se rendit dans le bureau du commissaire sans prendre la peine de frapper à sa porte et s’assit sur le siège vacant.
— Mon hypothèse était la bonne. Elle a été maltraitée et emprisonnée. Je suppose également que quelqu’un, en voulant à Monsieur Winlord, s’en est servi pour arriver à ses fins. Elle a accouché récemment et c’est sans doute le moyen de pression qu’avait son ou ses tortionnaires pour l’obliger à leur obéir.
Elle finit son discours lorsqu’elle se rendit compte que le bureau était désert et alla interpeller un policier passant dans le couloir afin de savoir où le commissaire était. Ce dernier lui indiqua qu’ils étaient partis arrêter un suspect. Supposant que l’intervention ne durerait pas longtemps, elle décida de patienter dans le commissariat jusqu’au retour de Richards.
Les policiers revinrent avec trois hommes menottés qui furent emmené en cellules. Le commissaire Richards qui arborait un œil au beurre noir lui fit signe de le suivre dans son bureau.
A peine installée, la spécialiste l’informa de son hypothèse.
— C’est bien beau tout ça mais ça ne reste qu’une hypothèse. Ils ont refusé de parler et sans aveu, je crains fort que nous ne retrouvions jamais le disparu, affirma le commissaire. Heureusement que les deux gorilles nous ont attaqué, on a pu les embarquer. J’espère que ça suffira à les faire craquer.
— Laissez-moi interroger le vieil homme frêle. Autant je serai incapable de faire parler les deux autres, que je soupçonne d’être des habitués des tribunaux, autant le vieil homme sera facilement ébranlable. J’aurai juste besoin de deux flacons et de quoi panser mon bras.
— Que comptez-vous faire ?
— Je vais m’entailler le bras et recueillir mon sang dans l’un des flacons tandis que je diluerai dans le second une quelconque boisson. Je ferai boire, si besoin, mon sang au suspect prétextant un poison pour le faire avouer s’il s’avère récalcitrant.
— Je ne peux pas cautionner cela.
— Pouvez-vous cautionner la disparition d’un des hommes les plus riches de la ville ?
Cette ultime question poussa Richards à accepter à contrecœur ce que proposait Lina. Elle se rendit à l’infirmerie et remplit deux petits flacons comme elle l’avait prévu puis se rendit seule dans la salle d’interrogatoire où un vieil homme qui ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante se tenait penaud sur sa chaise. Il fixait le sol au travers de ses épaisses lunettes et ne sembla pas entendre Lina s’installer. Elle analysa son apparence en silence. Des cheveux blancs épars trônaient sur le crâne du vieillard, les traits tirés de son visage émacié trahissaient une profonde anxiété et ses épaisses mains caleuses juraient avec son corps frêle et courbé.
— Où est monsieur Winlord ? questionna Lina.
— Je ne vois pas de qui vous parlez, répondit sèchement le vieil homme.
— Donc vous ne connaissez pas l’un des hommes les plus influents de la ville. Je vais être directe car je n’ai pas de temps à perdre. Dans ce flacon se trouve du sang de sirène mélangé avec quelques extraits de fleurs, dit-elle en sortant le flacon de sa poche.
— Et alors ? défia le vieil homme dans un sourire narquois.
— Et alors, continua calmement Lina. Ce mélange agit comme un poison. Tout d’abord, vous aurez chaud, de plus en plus, puis votre respiration sera de plus en plus difficile. Vous sentirez également vos membres se tétaniser lentement et douloureusement. Si vous êtes chanceux, vous mourrez à ce moment, sinon vous transpirerez du sang qui s’écoulera par l’entièreté de vos pores et orifices. Enfin, vos poumons se rempliront de ce qui vous restera d’hémoglobine et vous vous étoufferez avec.
Le vieil homme commença à blêmir mais brava encore la jeune spécialiste.
— Vous n’avez pas le droit !
— C’est exact mais je n’ai jamais été à l’aise avec les règles. Donc soit vous parlez, soit vous mourez dans cette pièce, seul, finit-elle en se levant lentement.
— Il est dans ma cave ! hurla-t-il en la voyant s’approcha, le flacon ouvert.
— Vous mentez ! cria Lina. Si ça avait été le cas, les policiers l’auraient retrouvé !
— Derrière ma cave à vin, il y a une porte qui vous mènera à lui ! Dans la poche de mon gilet ! Prenez ma clé !
Lina s’exécuta et donna la clé à Richards en sortant.
— Vous venez avec nous ?
— Non, ce n’est pas de mon ressort désormais. Je vais rentrer à mon hôtel, finit-elle.
Le lendemain matin, alors que le soleil venait à peine de se lever, peinant à traverser de ses rayons l’épais brouillard matinal d’Everkalt, Lina prit son petit déjeuner au restaurant de l’hôtel et en profita pour en lire le journal local. Elle y prit connaissance de la libération de monsieur Winlord qui s’avéra se trouver dans la cave du vieil homme. Il avait été séquestré dans le but de lui faire signer des accords permettant à ses ravisseurs de jouir gracieusement d’une place au port ainsi que d’une absence de contrôle sur la marchandise qu’ils voulaient y faire transiter.
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