L'odeur et les caillots du sang dessinent déjà le portrait de la scène. Ses mèches fines et jaunes, mélangées à ses doigts éclaboussés par le sang et penchés du bout de sa tête dans sa propre flaque. Le regard plein de peur. Une sorte de peur ahurie de commotions, une peur déçue qui donnait une allure triste à son regard de pauvre victime assassinée. Le souffle s'éloigne doucement d'elle, les bras qui l'abandonnent et son corps qui tombe docilement en léthargie. Elle lui tient le visage par tout le peu de force qui lui reste pour que ses doigts arrivent au moins à légèrement griffer son visage. Sans qu'elle y arrive, sa main tombe en signe d'abandon de toute tentative de lutte. Dans l'ambiance sombre et cuisante où il se retrouve plongé ; d'une allure de culpabilité ses paupières étaient mouillées et écrasées, sa tête fléchie et pointée vers lui. Il relève la tête et ouvre les yeux. Il regarde dans les siens et se baigne en eux. La gorge sèche, le visage exténué, marqué par un terrible effroi et des affres grimace. Tout en restant pétrifié, il lui tient sa tête pendue du haut de son corps gisant. En réalisant le meurtre, il croupit en prostration.

Il jette son cadavre et retombe sur son dos et recule d'un ébranlement soudain en usant que de ses talons et ses mains. Dos enfoncé contre le mur, le coeur étouffé, il ne voit rien d'autre que la dépouille devant lui. Par ses deux mains, il presse sa tête et la cogne contre le mur tout en pleurant.

L'ébauche du meurtre retrouve l'aube de son amorce au crépuscule. Les mots qui s'échappent, prélude un carnage. Devenu blessant dans leurs propos, le ton se hausse et la discussion devient dispute. Leur rage ne plus se satisfaire des mots, ils deviennent plus tactiles. Il lui tient le bras et elle le tien par le cou. Ils se prennent dans les vagues, ils trébuchent à gauche et à droite, ils se collent et se serrent, virevoltants et agrippés l'un à l'autre, ils se noient dans la dansent, se font dominer par le mouvement et tombent par terre. Elle se jette sur une sculpture en cristal, d'un coup sec elle le cogne avec. Celle-ci le secoue et tombe par terre près de ses jambes ; aveuglé et furieux, plongeant dans une obscure pulsion animale, il l'attrape à son tour et d'une rage folle et meurtrière il l'assène comme avec des coups de marteau sur le visage. Après l'avoir amochée, un soupir s'échappe du plus profond de lui tout en lâchant l'objet de son crime.