Le rire de Valentine

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V

“-Hé, salut toi.”

Bradley, le mari de Judith, était là, les yeux en larmes. Un sourire forcé se dessinait sur son visage.

“-Je… Qu’est-ce que je fais ici ? Où est Valentine ?

-Tu… tu es à l'hôpital et, Valentine, je ne sais pas où elle est, personne ne le sait.

- Mais… mais c’est impossible ! Mes parents, ils… ils devaient la chercher, ils l’ont peut-être reprise. dit Judith pleine d’un espoir qu’elle savait faux.

-Non, non… Bon, je dois te laisser, il y a des policiers qui veulent te parler.

-Mais, mhh…”

Judith était perdue, elle ne se souvenait que de très peu de choses : l’appel de ses parents, elle essayant d'appeler sa fille, et puis… et puis plus rien. La chose qui l'inquiétait le plus était qu’elle ne savait où était sa fille. En voulant se lever, elle fit tomber le vase de fleurs qui était sur la table de chevet à côté d’elle.

“- Attention madame, allongez-vous. Je me présente : je suis l’inspecteur Herlant, je suis chargé de l'enquête sur la disparition de votre fille. J’ai… je voudrais vous poser quelques questions.

-Allez-y !

-Bien, votre fille, Valentine Pauline Émilia Rosbergue a disparu ce 17 mars.

Nous sommes le 18. Autrement dit, cela fait 24 heures que votre fille a disparu.

Vos parents, Gabin et Louise Senommer, ont déclaré être allés chercher Valentine à l’école à 16h20. Ils ont précisé que vous le leur aviez demandé, car vous aviez du travail. Arrivés devant la grille de son école, ils ont attendu une trentaine de minutes, avant de vous téléphoner. Vous leur avez dit d’attendre Valentine, et vous avez raccroché. Est-ce exact ? Ou avez-vous des choses à préciser ?

-Non, non c’est correct.

-Bien ! Pouvez-vous me dire ce que vous avez fait hier entre 14h00 et 17h00 ?

-Mais, oui bien sûr, mais hier, elle était à l’école, hier, elle était à l’école à 14h00 !

-Hem, nous essayons toutes les pistes possibles.

-Mais vous avez été voir, vous avez été voir à l’école ?

-Oui, vous savez quoi, je reviendrai et, je vous expliquerai.”

Judith ne savait plus, elle ne savait plus quoi penser. Elle repensait au mauvais caractère que sa fille pouvait avoir, mais aussi - aussi ! - à tous les bons moments qu’elles avaient pu vivre toutes les deux. Maintenant, Judith était là, dans cette chambre blanche, à l’odeur de médicaments. Elle pleurait toute seule, perdue dans ses souvenirs magnifiques et plongée dans la tristesse de la perte de sa fille. Elle pleurait et pleurait encore, pas une seconde ne passait sans qu'une larme ne coule, pas une minute sans que des rides n’apparaissent. Ces rides qui arrivaient étaient comme un chemin creusé par l'eau, ses yeux étaient rouges, ses paupières étaient si lourdes que Judith devait se battre pour ne pas fermer les yeux. Fermer les yeux, voir du noir, ne plus rien voir. Ne plus être consciente de la disparition de sa fille. Faire abstraction de tout ce monde qui venait et partait, qui la regardait pleurer, puis baissait la tête, comme pour dire : "Désolé pour votre fille !”

“Désolée”, c'est ce que Judith n'arrêtait pas de penser, "Désolée, ma chérie ! Désolée de n'être pas venue ce jour-là !". S'enfermer dans ses pensées, faire comme si rien ne s'était passé, faire comme si Valentine n'avait jamais disparu, cela ne revenait-il pas à faire comme si Valentine n'existait pas ? Voilà ce que voulait dire "fermer les yeux" pour Judith. Voilà pourquoi elle les gardait ouverts.

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