chapitre 6
Les quartiers d’Ogma étaient magnifiques. Ils s’étalaient sur deux étages reliés par l’une de ces moquettes roulantes qu’il n’avait jamais vu nul par ailleurs. Non pas qu’il ait vu grand-chose, ici, tout le surprenait.
Il y avait un espace dédié à la méditation dans leurs propres quartiers ! Et le luxe ne s’arrêtait pas là, une salle d’eau immense et toute équipée, se tenaient au rez de chaussé. Non loin, il y avait une véritable cuisine avec des denrées dans leur propre habitation. Nashran n’avait jamais connu un tel luxe et Ogma non plus, même s’il faisait comme si tout, absolument tout, était acquis… y compris lui.
Et il semblerait que c’était tout à fait vrai. Ogma avait acheté le droit de le faire venir et de le réserver. Pire encore, l’unique carte d’accès qui verrouillait les quartiers était à Ogma et il n’avait pas le droit de sortir. Son seul espace de liberté s’arrêterait à ces deux étages et cette unique fenêtre au verre flouté qui ne permettait pas de distinguer autre chose que des tâches de couleurs.
L’insémination et la ponction aurait lieu exclusivement ici, Ogma avait déjà inauguré le lit, l’espace de savoir, celui de méditation et il parlait à présent de poursuivre dans la cuisine. Nashran ne comprenait pas du tout cette volonté.
Passer d’une vie dans une ville entière avec une petite chambre personnelle à cette espace immense mais sans avoir le droit de sortir… Il n’aimait pas ça. Et Ogma… Ogma se prenait pour un dieu vivant, ce qu’il était devenu en quelque sorte en obtenant le droit de donner la vie.
La porte s’ouvrit dans un cliquetis caractéristique qui brisa la concentration de Nashran à l’étage, le sortant de sa séance de méditation. Il quitta son rêve éveillé où il gérait une zone électrique pour revenir à la réalité brutale de ces quartiers froids. Il se redressa tranquillement pour jeter un coup d’œil à Ogma qui entrait en territoire conquis. Comme toujours il était seul.
- Je suis revenu !
Nashran fit un pas en arrière, se dissimulant à son regard. Il ne se cachait pas réellement. Il s’offrait simplement un peu de temps pour reprendre une contenance et pour lui faire face. Déclarer une guerre ouverte n’aurait aucun sens. Ce n’était pas ça, sa brèche. Ogma était trop fier, trop pédant et s’il lui faisait face, il ne doutait pas que tout serait fait pour le briser de l’intérieur.
Pour le moment, il avait besoin d’un peu plus de données. Juste un peu plus de données avant de décider quoi faire. Alors il se montra, sans sourire, mais avec un air aussi serein que possible comme s’il n’était pas la chose de cet homme.
- Oh tu es là ! Encore à méditer alors ?
- Oui, j’aime beaucoup le confort de cet espace.
C’était vrai.
- Je suis content alors. J’ai eu une excellente nouvelle.
- Ah ?
- Je suis invité à une fête avec les plus grands. Tu vois, tu es avec une personne importante petit veinard.
Tout en parlant Ogma s’était approché de l’engin roulant qui s’était mis en branlante, lui permettant d’arriver en haut en quelques petites enjambées seulement.
- Je n’en doutais pas. Répondit Nashran une seconde avec qu’Ogma ne l’embrasse à pleine bouche.
Le baiser fut long et profond, Ogma aimait glisser sa langue de partout et plus que tout, il aimait le laisser haletant, à bout de souffle. Ce n’était pas désagréable. Il pouvait baiser avec lui sans trop de soucis, mais Ogma était exigeant.
- Tu t’es lubrifié ?
- Pas encore.
- Dépêche-toi.
Nashran ne sourcilla pas, se détournant pour rejoindre la salle d’eau. Une petite zone dédiée au nettoyage interne et à la lubrification avait été aménagé. Le grand jeu d’Ogma était de changer les présélections alors il ne savait jamais à quoi s’attendre.
S’approchant de la canule, il eut un moment d’arrêt en la voyant plus large qu’en temps normal. Il soupira et se déshabilla tranquillement. Il commença par étaler une bonne quantité de lubrifiant sur son anus qu’il tâta gentiment pour le détendre. Il n’avait jamais eu aussi peu de relations sexuelles que depuis qu’il était arrivé dans la zone de reproduction. Le résultat était visible : son corps s’était resserré, refermé. Recevoir la canule en lui le fit frémir alors que ses parois internes s’adaptaient lentement au volume. Peu à peu, un fin voile de transpiration se mit à le recouvrir sans qu’il ne comprenne immédiatement pourquoi. Son ventre se tordit et l’envie d’expulser l’engin se fit de plus en plus forte. Mais ce ne fut qu’en voyant Ogma enfiler un voile recouvrant son corps comme un sous-vêtement qu’il comprit ce qu’il se passait exactement.
Le lubrifiant était agrémenté d’une substance, peut-être chauffante au point de bruler légèrement ou peut-être aurait-elle un autre effet comme celui de le rendre fou de désir. Dans tous les cas, Ogma ne voulait pas ressentir la même chose. Par réflexe, Nashran porta la main à la canule afin de la retirer et d’en limiter les effets, mais le reproducteur lui saisit le poignet avant qu’il n’y arrive.
- Tutuh.. C’est moi qui vais jouer avec ça. Contente-toi d’en profiter mon beau.
Il saisit effectivement la base de l’engin et appuya dessus pour l’enfoncer davantage dans les parois serrées. Ce n’était qu’une légèrement pression, mais elle suffit à faire tourner la tête à Nashran. Il posa ses mains, pour s’équilibrer, sur les épaules de son compagnon qui s’agenouilla devant lui, passant entre ses jambes frêles pour s’amuser avec son anatomie.
Il n’y avait aucune manière de savoir ce qu’il faisait exactement mais il manipula un moment la base de la canule avant qu’un léger cliquetis ne se fasse entendre. Une pression interne l’accompagna, arrachant un cri de surprise à Nashran. Sa tête commençait à tourner doucement et il avait chaud comme si la fièvre l’avait pris.
- Hum… Vas-y couche toi mon beau… Oui ici…
Nashran obéit sans plus y réfléchir, tombant sur le sol froid et dur, allant jusqu’à poser son front dessus pour apaiser la fièvre. Drogué ? Les jeux impliquant des substances n’étaient pas rares et Nashran y avait souvent participé. Ce qui l’inquiétait davantage était de ne pas reconnaitre exactement les symptômes. Son cœur n’avait que peu accéléré, il ressentait une forte envie de sexe et en baissant les yeux sur son propre pénis il le vit arborer une très jolie érection. Néanmoins ce n’était pas tout à fait comme les autres produits qui lui donnaient l’impression qu’il allait exploser s’il ne pénétrait pas quelqu’un immédiatement. Des doigts caressèrent doucement sa fesse avant de venir se poser sur son intimité qui se fit quémandeuse, pulsant à la recherche d’une pénétration quelconque.
Ah, c’était ce genre de drogue, se dit-il. Plus tard, il se demanderait si Ogma le trouvait trop peu investi dans leurs relations sexuelles et s’il devait faire davantage d’effort ou au contraire peut-être moins encore, mais une question se poserait alors : que faisait-on des réceptacles que l’on rejetait ? Où irait-il alors ? Il n’était pas certain d’aimer cette réponse, mais surtout, il était incapable d’y réfléchir pour le moment alors que tout son corps appelait à Ogma à venir s’enfoncer en lui. Maintenant. Brutalement.
Levée d’inhibition ? se demanda-t-il vaguement avant de forcer sur ses jambes pour que le doigt taquin ne pénètre en lui. Les vagues de feux qui l’envahirent chassèrent ses dernières pensées, il se retourna et saisit Ogma pour prendre plus, beaucoup plus. Il l’entendit rire, de ce joli rire joyeux qui lui connaissait, alors qu’il ne résistait pas aux assauts de son réceptacle.
Nashran le chevaucha sauvagement et prit ce dont il avait besoin, faisant coulisser son membre dur en lui jusqu’à le faire jouir. Cela apaisa partiellement le besoin, mais pas totalement, alors il continua malgré les remontrances parsemées de rires de son partenaire. Il parvint à obtenir une seconde jouissance qui laissait Ogma presque choqué avant qu’enfin le produit ne cesse d’agir. Nashran s’arrêta immédiatement, baissa le regard sur le ventre du reproducteur et fut surpris de le voir couvert de sperme. Combien de fois avait-il lui-même joui pour en laisser autant ?
- Attends avant de bouger, n’oublie pas…
Il ne risquait pas d’oublier : il était coincé ici pour ça. Ogma saisit une baguette et tout en se retirant, il l’enfonça en lui. Le voile se répandit immédiatement alors que de son côté, le reproducteur s’essuyait vaguement avec un tissu absorbant, un privilège, avait-il dit. Aucune importance, les pressions et les succions en lui étaient toujours aussi renversantes et même après une partie de sexe aussi importante, il aima ce massage interne délicat.
Le reproducteur, lui, aimait regarder la mécanique au travail. Il se rassit tout près de Nashran pour observer cet instant si étrange. Il se sentait toujours étrangement ému.
- Alors, ça fait quoi de m’aider à donner la vie ?
Nashran resta silencieux un moment. Sa tête tournait encore un peu et il ne se sentait pas trop lucide. Plusieurs réponses lui passèrent machinalement en tête d’un morne et pinçant « ça fait jouir, visiblement » à un mielleux et sarcastique : « oh mais c’est un honneur », pourtant il se retient se souvenant que ce n’était pas ça, sa brèche et répondit sagement :
- C’est plutôt étrange.
Ce n’était visiblement pas la réponse attendue puisqu’Ogma secoua la tête en marmonnant qu’il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait. La chance… se tenir à quatre pattes, une machine fouillant son fondement, l’esprit en vrac, au lieu de devenir gardien de zone électrique. Oui, il était bien incapable de distinguer la chance qu’il pouvait y avoir là-dedans.
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