Never observait son ami qui dormait paisiblement dans leur grand lit. Il avait l’air étrangement serein. Leur séance, si particulière, si tabou même, avait eu l’air de lui faire énormément de bien. Il y avait retrouvé le jeune homme combattant, inventif, créatif et amusant qu’il avait rencontré au début. Nashran était encore tout cela et c’était un véritable soulagement, mais pire encore, Nashran était allé au-delà. Il avait fait le nécessaire pour le réparer, pour le réconcilier non pas avec la reproduction comme tant d’autres avaient essayé avant lui, mais avec l’amour charnel. C’était sans doute pour ça qu’il s’était réveillé avec un sexe gorgé de sang, palpitant d’envie à la simple idée de recommencer.

Aujourd’hui, il retournerait au milieu des machines. Johan serait là à nouveau. Never se prit à sourire en repensant à la tête qu’elle avait fait quand Nashran lui avait dit qu’ils avaient changé de programme et que rien de ce qui avait été collecté ne serait utilisable. On aurait dit qu’elle avait croqué dans un citron. Hilarant ! Mais cette fois-ci, elle obtiendrait satisfaction. Cette fois-ci, elle obtiendrait son matériel génétique et pourrait travailler pleinement sur ce nouvel échantillon. L’idée était angoissante pour les répercutions qu’elle aurait. Un enfant allait naître, un enfant qui vivrait une vie un peu similaire à la sienne, malheureusement. Mais la séance de la veille avait au moins permis de le rassurer sur le fait que Nashran ne souffrirait pas sous les machines, au contraire, il allait y prendre beaucoup de plaisirs. Ça l’avait également rassuré sur un point tout à fait différent. Il pouvait avoir une sexualité en dehors de la reproduction. Il pouvait lui aussi prendre du plaisir, donner du plaisir, faire l’amour, … Oh il ne pourrait pas rejoindre les orgies qui avaient cours un peu de partout et d’ailleurs il n’en avait pas envie. Le poids des attentes des autres étaient simplement ingérables, mais avec Nashran, il se sentait en sécurité.

Nashran papillonna un instant des paupières avant de les ouvrir tranquillement. Il mit un instant avant de revenir pleinement à lui, mais paru soulagé de découvrir Never à ses côtés. Un grand sourire vint courber paresseusement ses lèvres.

- Bonjour toi… murmura le réceptacle.

Never hésita un instant avant de se pencher pour poser ses lèvres sur celles de son ami. Un baiser tendre fut partagé, agrémenté de bisous lents, puis ils se séparèrent.

- Hum… Ca c’est un très bon réveil. Sourit Nashran.

- Oui…

- Et une journée pleine de promesses.

Le reproducteur se rembrunit vaguement avant que son amant n’ajoute :

- Je compte bien prendre mon pied en tout cas. Et j’espère arriver à t’offrir tout autant de plaisir…

- Ca, je n’en doute pas.

Nashran lui sourit encore et se rapprocha de lui pour venir se blottir contre son torse nu. Il se frotta un instant, faisant glisser son visage sur sa peau douce, puis il soupira d’aise. Le contact de Never parvenait vraiment à le détendre et à lui faire oublier tout ce dont il ne voulait surtout pas se rappeler. Sans vraiment réfléchir, il commença à embrasser le pectoral de son ami et se détendit un peu plus encore lorsque les bras de Never se refermèrent sur lui dans une étreinte tendre. Un baiser se posa sur sa tête et il se sentit fondre. C’était tout ce qu’il pouvait espérer. Douceur et respect.

- On devrait s’arrêter avant que ça ne dérape non ? suggéra-t-il malgré tout.

- Je ne sais pas trop… avoua Never, le surprenant.

- Tu ne sais pas ?

- Et bien… quelqu’un m’a parlé de sexe récréatif.

- Ah oui ? Du sexe récréatif ? Quel drôle de concept. Peut-être qu’on devrait essayer alors ?

- Peut-être oui.

Nashran releva le visage et trouva la bouche de Never. Le baiser fut moins délicat, un peu plus pressé et envieux peut-être. Leurs langues se trouvèrent et se caressèrent avec une gourmandise qui n’avait rien de simulé.

Lorsqu’ils se présentèrent, plusieurs heures plus tard, pour effectuer le deuxième round de la journée sous contrôle médical, Never avait encore les joues un peu rougies et l’impression que tout le monde savait ce qu’ils avaient fait ensemble. Nashran lui, était juste un peu plus à l’aise encore, simplement embêté par le lourd prix que son ami allait payer pour lui. Etrangement, il avait suffisamment confiance en Never pour savoir qu’il le ferait. Il l’aurait fait le premier jour, seul et inquiet, au milieu des machines. Il le ferait maintenant en sa compagnie.

Johan les attendait, la bouche un peu pincée, encore marquée par « la mauvaise blague » de la veille mais excitée malgré tout à la simple idée d’obtenir ces échantillons. Elle avait décontaminé toute la pièce et revu tous les instruments avec soin. Never ne reviendrait pas. Ce serait peut-être la dernière fois qu’elle pourrait obtenir ce trésor de la génétique et si ce n’était pas le cas, ça resterait assez rare pour être véritablement marquant dans sa base de données. Alors elle ressentait vraiment de la pression.

- Je vous laisse comme la dernière fois mais… pas de blagues ?

- Nous serons sages. Assura Nashran en souriant un peu tristement.

Elle acquiesça sans interroger Never, prête à le croire. La pièce n’avait pas changé, mais Nashran hésita un peu plus en rentrant dedans. Cette fois-ci, cela allait demander de véritables efforts à Never jusqu’au bout. Comme la première fois, Nashran chercha une stratégie pour le détendre mais son ami semblait en avoir moins besoin : il lui avait déjà prouvé, par l’expérience pure et dure, qu’il n’allait pas le faire souffrir. Dans quelques minutes, quelques dizaines de minutes s’ils décidaient de faire durer, Nashran gémirait, halèterait, ses joues seraient rougies et son regard voilé, il crierait peut-être mais ce ne serait que du plaisir. Faute de mieux, il allait faire jouir son partenaire.

- J’ai souvent du mal à….

Never baissa les yeux sur son entre-jambe, sans savoir comment finir sa phrase.

- Tu n’avais aucun souci ce matin.

- Non, pas quand tu me prends.

- Je te prendrais là aussi. Je le ferais juste un peu différemment.

Le reproducteur acquiesça sans vraiment y croire. Nashran s’approcha de lui, le caressa à travers ses vêtements, flattant ses côtes et l’embrassa dans le cou. Il aimait particulièrement cet endroit sensible et doux. Ce simple baiser parvint à détendre Never qui le prit dans ses bras avec tendresse. Avoir déjà fait l’amour à son ami rendait les choses beaucoup plus faciles à ses yeux, mais il avait quand même un peu le cœur lourd lorsqu’il se déshabilla doucement, s’offrant au regard de Nashran. Le réceptacle ne fit pas le moindre commentaire, suivant seulement le rythme de l’effeuillage pour découvrir tout autant de peau que son partenaire. Bientôt, ils furent totalement nus tous les deux.

- Je dois d’abord faire la préparation… est-ce que tu veux bien ?

- Je vais m’occuper de toi, assura Never.

Nashran lui offrit un sourire doux et apaisé, puis il grimpa sur l’ilot central et saisit l’équipement sans aucune appréhension. Il devait se lubrifier un peu, insérer le dispositif de lavement et suivre le protocole. Il pouvait simplement demander à ce que les choses soient douces ou pas. Il ferma les yeux et souffla un peu pour introduire le tube en lui. Il ne demanda pas à Never de s’en occuper, ce qu’il attendait de lui était assez différent et l’autre homme sembla parfaitement le comprendre.

Never s’approcha et caressa avec tendresse les cuisses écartées de son ami, le flattant et l’aidant à se détourner de la sensation fort peu plaisante. Pour l’avoir vécu, il savait maintenant qu’un poids inconfortable s’installait dans le ventre de Nashran. Afin de l’aider, il laissa ses doigts revenir sur la face interne de ses cuisses, caressant la peau sensible. Nashran écarta un peu plus les cuisses, s’offrant tout en le regardant avec curiosité. Never lui offrit un sourire, se pencha pour l’accompagner d’un baiser alors que ses mains remontaient à l’intérieur de ses cuisses fines pour venir frôler son sexe sensible. Nashran sursauta sans vraiment le vouloir, se collant davantage à sa bouche. A l’intérieur de lui, la pression augmentait, mais il ne pensait plus qu’à leurs langues qui venaient de se rejoindre. Elles se caressèrent avec une application avide, comme pour se cartographier l’une l’autre. Nashran poussa un gémissement, lorsque les mains de Never vinrent s’emparer de son sexe pour le masturber sans détour. En quelques mouvements il réussit à le faire se déployer, offrant une longueur nouvelle aux caresses.

Le reproducteur s’éloigna légèrement, coupant court au baiser, un sourire un peu taquin venait éclairer son visage. Aujourd’hui, il se sentait prêt à explorer des pans entiers de sexualités au côté de son ami. Nashran n’avait pas parlé de sexe récréatif pour rigoler, mais parce qu’il avait envie de partager ces moments là avec lui. Ce n’était pas une question de reproduction mais de plaisirs. Fier de cette constatation, Never osa. Il se pencha et approcha son visage du sexe tendu de son ami. Il n’était pas particulièrement gros. Il avait déjà vu, au cours des orgies, des sexes plus épais, plus long, plus foncé, plus… n’importe quoi. Par contre, c’était le premier sexe qui lui faisait envie. Il avait envie de le prendre en lui, de le recevoir entre ses hanches une nouvelle fois, de le sentir coulisser à l’intérieur et venir caresser des coins si sensibles qu’il en jouirait encore. Ce n’était pas ce qui était prévu, mais l’envie elle, était là. Alors il finit de combler la distance pour venir embrasser la pointe de son sexe. Nashran frémit et poussa un petit cri, lorsque la langue de son ami vient s’enrouler autour de son gland. L’instant d’après, son sexe était englouti dans la bouche chaude. Sans pouvoir s’en empêcher, Nashran posa les mains sur ses cheveux doux et fit de son mieux pour ne pas remuer.

A l’intérieur de son corps, le lavement se poursuivait lentement, lui tirant des frissons et des sueurs froides. A l’extérieur, juste là, au niveau de son sexe, c’était un volcan qui l’englobait faisant naître un feu terrible dans ses reins. Le corps tordu entre les deux sensations violentes, il faisait juste de son mieux pour reprendre sa respiration et ses esprits, mais c’était sans compter sur Never qui se mit à bouger.

- Ah ! gémit Nashran, incapable de retenir ses cris.

Never le suçait, le tirant plus loin dans sa bouche, puis il reculait, l’embrassait, le taquinait et le reprenait avec force. Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, Nashran bascula vers l’arrière et laissa ses hanches remuer en douceur. Il fit de son mieux pour ne pas étouffer son ami, mais c’était vraiment dur et soudain, Never s’arrêta sans prévenir, le laissant alangui et essoufflé. Never embrassa son ventre, contournant son sexe parfaitement bandé à présent, puis il redescendit entre ses cuisses en souriant contre sa peau. Un peu hésitant, il alla chercher le tube qui s’enfonçait dans le fondement de Nashran et le saisit pour le remuer légèrement, provoquant un petit cri surpris. Il l’embrassa à nouveau, comme pour l’apaiser, mais il continua à bouger le dispositif en douceur. Quand il eut l’impression que le corps de Nashran était un peu plus détendu, il vint poser ses doigts au niveau de la jonction avec la machine et appuya légèrement, forçant l’anus contracté à s’ouvrir doucement. Il le travailla avec une lenteur excessive, prenant simplement plaisir à le voir se détendre.

Never n’annonça pas la suite du programme parce qu’ils la connaissaient tout les deux. Il essaya de retrouver simplement le plaisir naturel qu’ils étaient capables de trouver ensemble et tira doucement le tuyau pour l’extraire du ventre de son ami. Nashran haleta, un peu choqué de la sensation pour le moins intense et à peine le tuyau lui échappa-t-il qu’un doigt le pénétra avec force. Il couina. Ca ne faisait pas mal. C’était simplement inattendu. Il écarta un peu plus les jambes, se laissant préparer en silence. Au bout d’un petit moment, Never se redressa et l’observa avant de demander :

- Tu aimeras ?

- Oui…

Never acquiesça et approcha son propre sexe, qui avait fini par se bander sans qu’il n’y touche, simplement à la vue de l’érection charmante de son ami. Il vint le glisser au plus proche de son intimité, qu’il butina avec une douceur des plus évidentes. Les yeux grands ouverts, il cherchait à décrypter l’état de Nashran à son expression. Il n’appuya pas réellement plus, mais l’entrée était tellement prête pour lui, qu’elle s’écarta et le laissa rentrer. C’était chaud, englobant, accueillant, … Une partie de lui se sentait vraiment à sa place et il eut seulement envie d’avancer davantage. Une autre partie, plus consciente des conséquences, avait déjà envie de fuir et de s’extraire. Il ne le fit pas parce qu’un soupir délicieux venait de glisser le long de la bouche de Nashran. La vision à elle seule le fit avancer, s’enfonçant davantage dans sa chaleur.

Il se mit très lentement en mouvement, cherchant à caresser son partenaire plus qu’autre chose mais le corps de Nashran lui rendait chaque contact en venant le masser sur toute sa longueur. La chaleur grimpa dans son corps, rendant ses mouvements un peu plus rapides, un peu plus fluides et exigeants. Nashran gémissait clairement maintenant et cette seconde voix chargée de désir, c’était la sienne. Never prenait du plaisir dans cet acte qu’une partie de lui réprouverait toujours. Il accéléra juste pour entendre Nashran couiner plus fort.

Nashran remua, tirant sur ses bras pour l’attirer à lui et amener leurs bouches à se rejoindre. Lorsque leurs lèvres se collèrent, les hanches de Never firent une embardée et sans même le vouloir, il jouit avec force, se répandant dans le conduit chaud qui l’accueillait. Comme le bon reproducteur qu’il aurait dû être après suivi autant de leçons, il jeta ses reins en avant, s’enfonçant plus loin encore et verrouillant la pénétration le temps de la jouissance. Ses testicules se contractaient et le long de son conduit, le sperme voyageait pour venir se répandre au fond de Nashran. Never gémit, grogna, couina, mais il ne lâcha pas les lèvres de son partenaire, continuant à l’embrasser durant tout le temps que dura sa jouissance.

Il l’avait fait. Il l’avait fait. Cette seule pensée n’arrêtait pas de revenir le hanter alors qu’il redescendait lentement du haut du plaisir pour être fauché par cette froide constatation. Nashran le caressait, comme pour le rassurer et sous ses doigts, Never tremblait car il l’avait fait. Il avait joui. Il avait offert la vie à un nouvel enfant alors qu’il pensait sincèrement que ce n’était pas une bonne chose pour l’enfant en question. Les risques qu’il ne soit pas heureux lui paraissaient simplement trop grand. Il baissa un peu plus la tête et se laissa reposer sur le corps de son compagnon. Doucement, il finit par admettre à voix haute :

- Tu le vaux.

Il saisit la baguette et termina la procédure tout en savourant une sensation tout à fait surprenante. Entre leurs ventres, un liquide épais s’était répandu. Nashran avait joui quelque part au milieu de ce moment intime.