Crise mal entendue
Le côté magnifique des Français est de ne jamais jouer à l’héroïsme.
Leur désespoir est absolument grec dans sa tranquille beauté. [1]
AB206 serait de près AC230, lui même à côté de AC222 proche de AB188. Ils avaient relevé leur casque et tenaient leur matraque prête à l'emploi. A l'angle de la rue de l'Étoile, à couvert du regard des manifestants, ils attendaient deux ou trois types vêtus de noir, encagoulés, grands, rapides. L'échange fut bref. Les "kamikazes" repartirent en direction du monument. AB188, AB206, AC222 et AC230 les suivirent bientôt de près, toutefois en préservant une distance de "sécurité" approximative de cinquante mètres.
Les gilets Jaunes voulurent s'interposer entre les hommes en noir et le bâtiment public. Une femme fut bousculée, un homme plaqué au sol, un autre reçut une claque. Les hommes déterminés jettèrent sur les murs des grenades de peintures : jaune, ocre, vermillon, vert. Aucun goût privilégiant Soulage.
Les CRS restèrent derrière les arbres, faisant mine de ne pas s'apercevoir des violences. Les instructions avaient été claires : les manifestants devaient — en plus de leur gilet — endosser la responsabilité et la culpabilité des saccages matériels et républicains.
Chers (esclaves) journalistes,
Le cerveau aime les raccourcis, les pensées automatiques, et quand il doit choisir entre facilité et vérité, bien trop souvent, il choisit la facilité. Appréhender un objet mental dans son intégralité nous est impossible. [...] Parce que le cerveau est partisan du moindre effort, l'immense majorité des gens n'essayent pas d'agrandir leur conscience. C'est là une source infinie de maux humains. [...]
Car la clé de tous les débats, de toutes les décisions, de toutes les politiques, c'est la magnanimité, la grandeur de la conscience. Le tout-venant politicien est d'une pusillanimité sans nom, incapable de penser les choses dans leurs nuances, manipulant des objets comme "France", "les Français", "l'avenir", "l'économie", "l'emploi", sans en avoir l'ombre d'une représentation mentale précise. Ceux qui ont donné, puis exécuté l'ordre du feu nucléaire sur Nagasaki et Hiroshima n'avaient pas la conscience assez grande pour se représenter seulement les activités d'un pâté de maison de ces villes, même sur quelques jours, mais ils ont brûlé deux villes entières, familles, histoires, chairs et émotions, parce qu'ils étaient trop inconscients. [2]
A pardon ! Je me confonds en génuflexions... excusez-moi mesdames, messieurs les journalistes, c'est à Manu que j'adresse cette lettre, et à Bribri, tiens pendant qu'on y est, ça fait un moment qu'on la voit plus ?
Et quand on pense que AB188, AB206, AC222, AC230 et les trois hommes en noir sirotent un petit pastis en terrasse pendant que Bonnallala met ses doigts dans la chantilly... avec Epic Wœrth...
[1] John Dos Passos, L’Initiation d’un homme (One Man’s Initiation, 1917), (George Allen & Unwin Ltd., 1920 et Éditions Rieder, 1925 et John Dos passos, 1969), éditions Michel de Maule, Paris, (1989), 2011, p.44.
[2] Idriss Aberkane, Libérez votre cerveau ! Traité de neurosagesse pour changer l'école et la société, éditions Robert Laffont, Paris, coll. "Réponses", créée par Joëlle de Gravelaine, direction Dorothée Cunéo, 2016, p.91.
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