Le Choeur
Un film d'Abbas Kiarostami, Le Choeur, narre l'anecdote suivante : un vieil homme traverse le marché qui présente tous les sons, bruits et heurts de la rue, de la ville, de la cité. En Iran. Il rentre chez lui et retire son appareil auditif. Dehors, face à la façade, sa petite fille commence à l'appeler : "Grand-père, grand-père... ". Seulement l'homme n'entend plus rien.
Petits gestes, respiration : c'est filmé comme un documentaire. On dirait un documentaire parce que le "jeu" de l'acteur — est-ce un acteur ? — est si naturel, si anecdotique, si normal, si banal... A l'extérieur, la petite fille a été rejointe pour une camarade, puis une autre, puis d'autres enfants les rejoignent, et encore d'autres. Les voix s'allient : "Grand-père, grand-père...". Il tend son bras, saisit son paquet de cigarettes, gratte l'allumette. Son regard se dirige vers la fenêtre mais ne se lève pas.
"Grand-père, grand-père...", le rythme est devenu régulier, inlassable, incontestable, nécessaire, musical (presque), l'intensité sonore a augmenté. Puis le vieil homme remet son appareil dans l'oreille et se dirige vers la fenêtre.
Tout à coup, ce film court m'a fait souvenir d'un peuple qui hèle son président depuis novembre 2018... Ironie du sort, l'apparence de cet élu n'est pas celle d'un ancien, ni d'un sourd : voilà la supercherie.
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