— Abby ? Abby… Abby ! Réveille-toi.

Affichant une moue boudeuse, Abby ouvrit difficilement les yeux, mais les écarquilla gros comme des soucoupes aussitôt qu’elle reconnut la silhouette penchée au-dessus d’elle.

— Max ?!

— Raté, c’est Tom.

Son cœur aussi rata un battement. Elle se releva d’un bond, manquant de percuter le front de Tom.

— TOM ?! Mais !!! Qu’est-ce que tu fais ici ?! Et comment t’es rentré chez moi ?

— C’est pas important, t’en fais pas pour ça. Alors… comme ça, tu connais mon frère ?

Bien sûr que c’était important ! Ce n’était pas comme si son ex l’épiait pendant son sommeil ! Déchirée entre la folie et le rêve, la belle au bois dormant fit quand même l’effort de répondre à sa question.

— On est voisins, on s’est déjà croisés quelques fois... Mais… pourquoi tu m’as jamais dit que t’avais un jumeau ?

— Bah, la famille c’est compliquée, tu sais… On a pas eu la meilleure des éducations avec notre père. D’ailleurs, en parlant de ça, le bébé va bien ?

Mais au lieu d’attendre une réponse, Tom se rapprocha du ventre d’Abby et le caressa tendrement. Le contact de sa paume sur sa peau lui procura une agréable chaleur, qui commençait sérieusement à lui manquer dans sa vie de tous les jours…

— Hé p’tit bonhomme, t’es sympa avec ta maman j’espère ? Je… suis désolé d’être parti, de t’avoir laissé… Mais tu sais, je pense à toi tous les jours, tout le temps. Je vais revenir, promis.

Il se releva, dévoilant un sourire triste, comme si ses propres mots l’avaient brisés, et s’adressa à la mère de son enfant :

— Laisse-moi du temps, d’accord ?

Puis, il lui déposa un baiser affectueux sur son front, glissant ses doigts dans ses boucles toutes roses.

Du temps, sérieusement ?! Il se foutait d’elle, là ? Abby fronça les sourcils, leva la main et voulut la diriger droit sur le visage de Tom, mais une autre l’empêcha d’arriver à son but in extremis.

— Ah non, pas cette fois ma belle !

Cette voix… Elle crut rêver (certainement ce qui était en train de se passer finalement, tant cette histoire était dingue). Devant elle, se tenait toujours la même silhouette fine et musclée, la même belle gueule ravageuse, mais plus rien avoir avec Tom. Non, c’était…

— Max ?!

— Sérieusement Abby ? Tu rêves de moi dans ton lit ? Et à moitié habillé, en plus. Intéressant…

— Dégage tout de suite de ma chambre toi !

— Tu m’en veux encore pour tout à l’heure ?

— Évidemment ! Tu m’as rejetée comme une vieille chaussette, alors que… Pourquoi t’as fait ça ?

— Oh tu sais, un truc de famille…

Tiens donc, ça sentait le réchauffé tout ça.

— Mais je suis désolé, je voulais pas te traiter comme ça. Tu sais, c’est hyper con, mais même si on se connaît à peine, j’ai pas envie que tu sortes de ma vie... Je veux pas faire comme Tom.

— Alors pourquoi t’as fait ça ? Je veux une vraie réponse !

— Je pourrais te donner un million de raisons, toutes aussi stupides les unes que les autres, mais pour ça, va falloir que tu traverses le palier et me le demander en face.

Il ponctua sa phrase d’une petite caresse sur le dos de sa main, avant de la fixer d’une telle intensité que son âme fut soudain transpercée. Puis Abby ouvrit les yeux, pour de vrai.

Est-ce que tout ça était insensé ? Oui.

Est-ce qu’Abby aurait dû se rendormir ? Tout à fait.

Est-ce qu’elle était sur le point de suivre à la lettre les paroles d’un songe ? Complètement…