— Ma mère me tape sur les nerfs.

Abby lâcha un lourd soupir et croisa le regard interrogateur de Max, dressé devant son plan de travail à préparer un repas de dernière minute. Pour se faire pardonner de son mauvais comportement, il avait invité sa belle voisine à venir manger quelque chose qu’il avait dû improviser sur le moment.

— T’imagines pas comme elle peut être égocentrique, infantilisante et surtout invivable ! Grrr…

Elle aurait pu résumer le tout en utilisant le terme toxique, mais elle se retint de toutes ses forces, mordant furieusement dans sa lèvre inférieure. Dieu qu’elle était craquante quand elle faisait ça ! Luttant contre ses pensées obscures, Max lui adressa un regard plein de compassion.

— Si tu veux tout savoir, mon père est un gros con lui aussi.

Bingo. Le pauvre petit asticot semblait avoir gagné à la loterie avec des grands-parents comme eux ! Abby posa les coudes sur la table, les mains sous son menton : Tom ne lui avait pas non plus parlé de son père, elle avait juste appris à le connaître par le biais des articles de la presse qui ne faisaient que le vénérer.

— Il est arrogant, ambitieux et carrément toxique. Il a longtemps cherché à faire de moi le prototype du fils parfait, mais j’en ai eu marre et je suis parti. J’ai quitté la maison, ma famille et mes études pour me construire une nouvelle vie.

Il n’en revenait pas de se livrer ainsi à elle, lui qui n’avait jamais partagé sa vie privée avec les autres. À croire qu’Abby avait quelque chose qui le poussait à parler sans crainte. Ou peut-être cherchait-il à éviter de commettre les mêmes erreurs que son frère ?

— Je sais pas pourquoi, mais je l’ai appelé aujourd’hui… Il avait même pas l’air surpris et encore moins ému. Il a juste gardé son éternel air impartial et m’a clairement dit que c’était pas le bon moment pour me parler.

Abby se sentit terriblement désolée, elle voulut le prendre dans ses bras mais ne le fit pas pour une raison inconnue. Finalement, elle décida de renchérir, espérant un peu décharger le fardeau de Max.

— Ma mère a jugé bon de me dire qu’elle avait quitté mon père et qu’elle sortait avec un autre homme, sans même penser une seule seconde à ce que je pourrais ressentir.

Ex æquo, balle au centre. Tori Montgomery et Caleb Ella n’avaient de loin pas gagné le prix du meilleur parent de l’année.

— Désolé pour ta mère…

— Désolée pour ton père…

Elle lui sourit tendrement.

Il lui sourit timidement.

Et l’odeur de cramé les ramena à la dure réalité.