CHAPITRE 8 : LE FRUIT DEFENDU
"She's got a smile it seems to me
Reminds me of childhood memories
Where everything
Was as fresh as the bright blue sky
Now and then when I see her face
She takes me away to that special place
And if I'd stare too long
I'd probably break down and cry"
Gun's N Roses - Sweet Child Of Mine - Appetite For Destruction - 1987
Nous sortons de l'avion tous les trois. Je ne sais pas encore ce que l'on va raconter à Thomas, mais elle est avec moi, le reste, je m'en tape, complètement. Stephen est stationné, il nous a attendus. Il sort nous accueillir, ouvre la portière. Jackson et Jessica s'engouffrent en premier. Je lui souris et je le prends dans mes bras, "merci pour tout"! Sa réaction me fait rire, "attends avant de me remercier, tu vas voir les amendes à payer ! "
Je rentre dans la voiture et m'installe aux côtés de Jessica, comme d'habitude, mais maintenant je l'embrasse ouvertement. Je sais que ni Jackson, ni Stephen ne diront quelque chose, ce sont de vraies tombes, tous les deux.
— Que va-t-on dire à papa ? demande Jackson.
— Excellente question ! Je ne sais pas Jackson, je ne peux pas lui en parler pour l'instant, je suis désolé Jessi, il me faut du temps, beaucoup de temps.
— Tu es venu, c'est le principal, le reste on trouvera une solution. Je pense que Jack voulait savoir ce que l'on allait raconter à papa, vu que l'on rentre à nouveau, au lieu de prendre l'avion.
— Exact, c'était ma question. Des idées ?
— Dites-lui simplement que vous avez changé d'avis et que vous voulez encore profiter de votre temps ici, en famille. La famille est ce qu'il y a de plus sacré pour Thomas ! intervient Stephen.
— Excellente idée ! On lui raconte cela ? Tout le monde est d'accord ?
— Ca marche ! On est d'accord !
— Merci Stephen.
— De rien Julian, avec plaisir.
— Tu as dit que tu le savais depuis le début ! Cela se voit tant que ça ?
— Non, pas du tout boss, pas du tout. Il n'y a pas une phrase dans laquelle le nom de Jessica n'apparaît pas, pas une seule. Tu es toujours assis à côté d'elle, tu lui prépares son café le matin, quand tu cuisines, tu fais toujours un plat que Jessi aime, mais non cela ne se voit pas, pas du tout. Nous confirme Stephen, un sourire sur les lèvres, et il ajoute :
Ses réflexions me font sourire, il a raison, cent fois, mille fois raisons. Tout ce qu'il dit est réel !
— C'est pareil pour toi, Jessica. Il n'y a pas une phrase, pas un message sans le nom de Julian. Quand il n'y a plus de chaise, tu t'assieds sur ses genoux, alors que ton père est juste assis à côté. Tu lui sers du vin, tu lui prépares la mousse au chocolat qu'il aime, moitié lait, moitié noir de noir. Vous êtes faits l'un pour l'autre, cela se voit et je pense aujourd'hui que vous avez attendu assez longtemps. Au début, je me suis dit que tu fantasmais sur Julian, normal, un groupe de rock, leurs albums sont toujours dans le top ten, il fait partie des plus beaux hommes de la planète et j'en passe, mais au fil des années, j'ai remarqué que Julian était dans ton esprit tout au long de la journée. C'était vraiment de l'amour, et pas un béguin de jeunesse. Vous êtes bien l'un avec l'autre, alors profitez-en ! Vous êtes heureux ensemble, ne laissez pas passer vote chance. Je pense qu'un amour comme le vôtre ne se rencontre pas tous les jours. Soyez heureux, vous le méritez, tous les deux.
— On fait un deal Stephen, ajoute Jessica.
— Lequel ma grande ?
— J'ai franchi le pas avec Julian, tu franchis le pas avec Emeline !
— Je vis avec Emeline, que veux-tu que je fasse de plus ?
— Sois plus démonstratif avec elle, elle en a besoin. Tu es trop distant, surtout lorsque nous sommes tous ensemble. Tu es la glace, elle le feu, mais elle a besoin de petits gestes.
— Comment tu sais cela ? demande Stephen, impatient de connaître la réponse, mais il n'a pas de chance. Jessica ne se laisse pas démonter et réplique par une autre question :
— Comment tu sais que j'aime Julian ?
— Je vais faire un effort, promis ! ajoute-t-il un sourire aux lèvres.
Nous rentrons à la maison, Jackson sort le premier. Je referme la portière, je prends Jessica sur mes genoux et je l'embrasse, tendrement. Cela me fait un bien fou. Ses lèvres ont le goût du fruit défendu, je veux y goûter, encore et encore.
Jackson rentre, nous le suivons. Nous essayons de nous comporter comme d'habitude. Ce qui est loin d'être facile, mais on fait un effort. Thomas est assis au piano du living, il se retourne quand nous entrons.
— Que faites-vous ici ? demande-t-il à ses enfants, surpris de leur retour.
— On voulait profiter de notre dernière semaine avec vous, papa, réplique Jackson.
— Et vous avez téléphoné à Julian ?
— Bah, oui, à qui veux-tu que je téléphone ? confirme Jessica.
— J'étais dehors, elle a téléphoné, Stephen était près de moi, on est parti les chercher. Je vais déposer vos bagages les enfants.
Jessica s'approche de son père, s'assied sur ses genoux. Il l'entoure de ses grands bras musclés et cela me fait sourire. Thomas a six enfants, mais Jessica a toujours été la préférée, même s'il aime ses enfants tous autant les uns que les autres. Jessica est son bébé, la première née, je ne sais pas, mais il y a quelque chose de spécial entre eux. Elle passe ses mains dans ses cheveux. Nous sortons de la pièce, ils ont besoin de parler quand ils sont comme cela. Je monte les valises avec Jackson dans leur chambre respective.
Quand je suis dans la chambre de Jessi, mon souffle s'échappe de mes poumons, j'ai l'impression d'avoir retenu ma respiration pendant des années. Quel con j'ai pu être, même si je sais que les ennuis ne sont pas résolus, loin de là ! La personne que j'aime le plus au monde est enfin avec moi. J'ai l'impression d'avoir quinze ans et de me retrouver pour la première fois dans la chambre d'une fille. J'ai mis les valises en dessous de son bureau. J'entends la porte qui grince, elle entre et me sourit. Son sourire me fait fondre. Elle s'approche de moi en ayant pris soin de fermer la porte à clé. Son regard est brillant et coquin, et je suis certain que le mien aussi. On s'approche l'un de l'autre, tranquillement. Son corps est à quelques centimètres du mien, je passe ma main dans ses cheveux et j'enlève la tresse qu'elle a faite dans sa crinière. Elle tient de son père, aussi blonde que lui, les mêmes boucles. Elle a des cheveux magnifiques dans lesquels mes doigts se perdent. Mon corps s'est encore avancé, ma main gauche remonte et se dépose sur son visage, je le parcours. Elle a une mâchoire franche, volontaire, de magnifiques yeux verts, pas le même vert que le mien. Chez moi, c'est un vert émeraude, elle c'est un vert nature, un vert olive. De grands cils encadrent ses yeux. Elle a attrapé ma main et embrasse la paume de celle-ci. Je sais, j'ai toujours su qu'il y avait plus que de l'amour père-fille entre nous, et aujourd'hui lorsqu'elle embrasse mes doigts, je peux enfin goûter à cela, sans aucun remord, mais avec des regrets d'avoir attendu aussi longtemps.
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