Sainte Maddi pleine de grâce
A la fin de sa prestation, je ne touche plus terre : l’impression que le temps s’était arrêté pour m’offrir l’antidote à n’importe quelle crise existentielle.
C’est l’applaudissement des spectateurs qui fait éclater la bulle dans laquelle Maddi m’a placé. Et le bruit de ces satanées trompettes dorées des enfants me ramène à une réalité sonore dénotant avec l’entrainante musique dont mes oreilles venaient de se régaler. Le spectacle auquel je venais d’assister avait démontré un pouvoir de soulagement de l’esprit, d’allègement du cœur et d’équilibre des sens, de façon inouïe. J’étais ancré dans un lieu et un moment comme jamais je ne l’avais été auparavant.
Maddi salue le public et descend me rejoindre. Elle me fait l’honneur de me demander, à moi, comment j’ai trouvé ça. Les mots se bousculent, tout comme mes émotions, et je balbutie. Elle sourit et m’embrasse sur la joue, ne manquant pas de me faire rougir. Elle me dit alors qu’elle doit me quitter pour aller se préparer à son travail de pyrotechnie.
Sur le point de la laisser partir, je me rends compte que je frôle la bêtise : je prends alors mon courage à deux mains et lui demande comment faire pour la revoir. Elle sourit et me donne rendez-vous à minuit, au pied de la statue du Cardinal Lavigerie.
Je passe les détails de la suite de cette soirée inoubliable. Mais six ans plus tard, nous formons un couple amoureux et inaltérable, et collectionnons tous les ans les affiches d’annonce des fêtes, théâtre de notre rencontre. Nous nous apprêtons aussi à accueillir un petit Léon.
Ce soir-là, je lui avais demandé la permission de l’embrasser, après avoir longuement discuté avec exaltation partagée. Charmée, elle avait formulé une réponse en basque gravée à jamais dans ma mémoire : « Bai, Jon ! », qui veut dire Oui !
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