Quai numéro trois.

Cent dix personnes descendent du train, quatre vingt dix sept montent dedans.

Et sur ces deux cent sept personnes présentes dans cette fourmilière géante, t'es même pas foutue d'être là.

Trois heures que je t'attends inlassablement, assis sur ce vieux banc de bois, avec cette feuille dans les mains, à la relire des centaines de fois.

On dirait l'écriture d'un ange et pourtant, à cet instant, je te considère comme un démon.

Un diable, à me faire poireauter comme un idiot.

On ne cesse de me regarder, se demandant bien pourquoi un pauvre garçon comme moi se tient là, à pleurer, une clope entre les lèvres toutes les cinq minutes pour évacuer son stress et ses doutes.

Les gens rient et moi je pleure.

J'ai envie de les assassiner, de leur gueuler d'arrêter tout ça, alors que moi, je t'attends, la boule au ventre, les larmes aux yeux et la peau tremblante.

Leur bonheur j'ai envie de leur cracher à la figure, parce que j'ai l'impression que le mien a foutu le camp et ne m'a jamais aimé.

J'ai mal aux yeux à force de pleurer et mal au bide à force de t'attendre.

J'ai le coeur qui va exploser, se détruire d'amour et d'espoir.

J'ai l'impression que ma tête va fulminer, que mon souffle va se couper.

C'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à te détester, à te haïr.

Car tu me laisses derrière toi avec un amour haineux, un amour destructeur, un amour sans amour...