chapitre 6 (dernier chapitre)
J'avais réussi. Je bougeais et parlais. J'étais de nouveau vivante !
— Mademoiselle Félicia ?
Un premier docteur, le visage stupéfait, entra dans la chambre et me scruta des yeux comme s'il venait de voir un fantôme. Il balbutia quelques mots :
— C'est bien... Vous ? Vous... Vous êtes réveillée ?
Ma bouche se chargea d'un peu d'amertume.
— Oui, Sam. Je suis bien là.... Vous devriez aider votre collègue.
Je lui montrais de la tête Robert, allongé au sol à deux pas de mon lit. Sam l'observa, me regarda une nouvelle fois comme pour vérifier si j'étais bien réelle puis se précipita vers ma victime. Je ne comprenais pas moi même ce qui s'était passé mais peu m'importait, j'étais de nouveau en état de marche et je ne comptais pas me rendormir d'aussitôt.
D'autres personnes entrèrent peu de temps après. L'alerte était donnée. Je restais indifférente durant tout ce temps, face aux regards un peu trop curieux de certains, aux chuchotements incessants dans les couloirs. Le responsable de ce projet entra finalement après une bonne heure, le visage rayonnant de joie.
— Mais qui voilà ! Notre très chère Félicia. Comment allez-vous ?
— Bien monsieur.
— Vous pouvez... bouger, parler sans problèmes ?
— Oui.
— Très bien, c'est très bien...
Il fit une pause pour mieux m'observer.
— Heu... Comment va le docteur Robert ?
— Il s'en sortira, répondit-il simplement, le sourire toujours aux lèvres. Vous n'avez pas à vous inquiéter. Mais c'est vrai que vous nous avez fait une peur bleue. En tout cas, votre entrée en scène était... époustouflante, sensationnelle !
Hector continua de me complémenter, demanda à me faire passer des tests plus poussés puis me laissa, me promettant de revenir très rapidement. La journée se déroula ainsi assez vite. Les jours suivants aussi. J'enchaînais les exercices de rééducation et les tests. Tout se passait très bien, sans soucis. Je leur présentais même d'excellents résultats. Le docteur que j'avais blessé s'était quant à lui rétabli après une semaine de repos et de soins. Je me méfiais juste du docteur Sam, mais j'appris quelque temps après qu'il avait agi ainsi car il voulait sauver sa fille qui était elle aussi dans un état de coma. Je perdis ainsi ma rancœur envers lui, même si j'avais failli mourir réellement. Le plus important était que j'étais là et j'en étais fière. Quant à mon épisode "d'endormissement", les docteurs n'avaient toujours pas trouvé de réponses mais je n'y apportais pas d'importance. Comme le disait si bien Hector, après la pluie, le beau temps, et c'est ce qui comptait. J'étais vivante, pas en chair et en os mais vivante quand même.
J'étais en train de marcher dans un couloir dépourvu de lumières. Il faisait nuit dehors, et je marchais ainsi, en pyjamas. Mes pieds s’arrêtèrent devant la porte d'une chambre qui m'était inconnue. J'hésitais avant de finalement ouvrir. Il faisait aussi noir à l'intérieur ce qui m'obligea à avancer de quelques pas. Je distinguais une jeune fille allongée sur un lit, sous respiration artificielle. L' électrocardioscope indiquait que son cœur battait régulièrement et normalement. Prise de curiosité, je m'avançai d'encore plus près. Je transpirai soudain des mains sans le vouloir. Je fus aussi prise de sueurs froides. Puis, je me stoppai net. Mes battements de cœur s'accélérèrent. Le sien aussi. Je reculai alors. Elle bougea un de ses doigts. Je m'éloignai encore un peu plus jusqu'à me retrouver sur le seuil de la porte. Elle bougea ses deux mains, ses pieds, ses jambes, et ouvrit d'un coup ses yeux. Elle était affolée et respirait difficilement. D'une main, elle enleva son masque et prit de grandes bouffées d'air. Elle se leva ensuite immédiatement après.
Elle chercha du regard une personne qui pourrait lui venir en aide et lui apporter des réponses. Nos regards se vérouillèrent tandis que nos visages se déformèrent plus profondément. Elle me pointa du doigt, choquée, et ouvrit la bouche comme pour me parler mais aucun son ne sortit de sa gorge. Je ne lui parlai pas non plus. Étais-je en train de rêver ? Pitié que ça soit le cas... Sans doute à cause de notre petite entrevue, elle s'évanouit. Je restais quant à moi immobile un court instant puis criais :
— A l'aide !!!
Un docteur se présenta assez rapidement. Il me vit, puis vit au sol la jeune fille qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau. Il était aussi choqué que moi, voire plus choqué. Il ne proconça qu'un seul mot, incompréhensible :
— A-28 ?
FIN...
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