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un voyage crrrk mythique crrrk !

crrrk myth-crrrk !

L’écran publicitaire dans le hall d’entrée d’Exiatis-4 crachait en boucle son annonce, parasitée de temps à autre par les haut-parleurs qui pendaient piteusement du bout de leurs fils. L’unité robotique de ménage Numéro 4 n’y prêtait pas attention en dehors du signalement d’un équipement défaillant. Véritable couteau suisse de haute technologie, cette machine d’entretien, et une armée de ses semblables, nettoyaient et maintenaient l’excellente tenue de l’hôtel.

Cependant, Numéro 4 peinait à faire son travail. Une immense poutre d’acier traversait la réception pour terminer sa course dans les bureaux d’accueil. Elle répandait beaucoup de salissure sur le tapis rouge de l’entrée. Numéro 4, malgré sa gêne pour se déplacer correctement en dessous, passa plusieurs fois l’aspirateur dessus et appliqua du shampoing à moquette sans succès. Il notifia l’anomalie au Système Central de Gestion et demanda un remplacement. La réponse arriva sans attendre :

Statut : Refusé.

Incident déjà ouvert, en cours de traitement.

Numéro 4 acquitta la communication.

Un objet au sol interrompit sa progression pourtant bien difficile : une montre de belle facture, au bracelet argenté avec un boîtier doré dont la vitre était légèrement fissurée. Elle entourait un poignet dépourvu de bras. Un halo noir se dessinait sur la moquette autour de cet effet personnel. Numéro 4 enregistra la sous-tâche suivante :

Objet trouvé. Localisation : hall principal.

Propriété d’une personne occupante de l’hôtel.

Directive : interdiction de toucher les biens des occupants.

Instruction : si l’objet est toujours présent à l’issue du traitement du lieu en cours, notifier un objet trouvé.

L’emplacement de la montre consigné, Numéro 4 poursuivit ses opérations. Il se fraya un chemin tant bien que mal entre deux pièces de charpente entremêlées à la manière d’une improbable tresse de métal assemblée par un titan. Il aspira au passage de la terre tombée des restes d’un bac de plantes mourantes. Le robot notifia d’un manquement des équipes de jardinage au Central. Très informé, le système considéra inutile de créer un nouvel incident à ce sujet.

Numéro 4 appliqua ensuite du produit pour redonner son éclat à l’immense baie vitrée de la réception. Ses bras et jambes télescopiques déployaient toute leur efficacité pour ces tâches. Il constata que la plupart des carreaux présentaient des fissures et remonta le défaut de la même façon.

Statut : Refusé.

Incident déjà ouvert, en cours de traitement.

Numéro 4 acquitta la notification.

La destruction de ces vitres ne causait que des problèmes esthétiques, les champs de force confinaient l’atmosphère dans la station hôtelière.

Le robot consciencieux poursuivit sa routine et s’attaqua au dernier élément du planning de cette zone. Le long bureau noir de la réception s’étendait sur une dizaine de mètres. Exiatis-4 était inscrit dessus en lettres aux couleurs multiples et fluorescentes rappelant le style vintage du complexe touristique. Une fontaine murale laissait s’écouler paisiblement de l’eau le long d’une pierre volcanique charbonneuse provenant d’Io, récupérée lors d’une de ses impressionnantes éruptions. C’était, en tous cas, ce qu’indiquait la plaque en dessous. Cette roche humidifiée offrait un spectacle aussi simple que magnifique. Les sillons et leur effet miroir décomposaient la lumière. Plus que de l’eau, c’étaient des arcs-en-ciel qui ruisselaient en cascade. Cette vue émerveillait toujours les visiteurs. Par chance, les trois tonnes d’acier qui s’étaient abattues sur l’accueil avaient préservé cette attraction. L’impact ne se trouvait qu’à moins d’un mètre de la fontaine. Le réceptionniste en dessous ne pouvait pas dire autant. Il ne devait guère avoir eu le loisir de comprendre ce qui lui était arrivé. Numéro 4 essaya de nettoyer les traces de sang, mais celles-ci étaient bien trop incrustées dans le matériau du meuble. Les résidus organiques avaient, quant à eux, été retirés. Il informa le Système Central qu’un remplacement du mobilier était recommandé. Ainsi que du personnel. Ce dernier répondit de la même manière, soulignant qu’un incident existait déjà.

Les radars, sonars et lidars de Numéro 4 balayèrent une nouvelle fois la zone. L’unité consigna en anomalie toutes les parties qu’elle n’avait pas pu traiter. Le robot signala la montre, ainsi que d’autres effets. Sans surprise, le système central les rejeta toutes.

Numéro 4 regarda l’accès externe de l’hôtel, rappelant une région martienne avec son sol ocre s’estompant en un dégradé de rose délavé, fruit de l’imagination fertile du designer. Les rochers érodés, presque affûtés par des millénaires de vents, et la lumière contrastée évoquaient la planète rouge, tandis que la série de cactus bien terriens, brisait le charme. Tout comme les restes calcinés d’une navette de transport étalés sur une centaine de mètres à la ronde parmi d’autres vestiges de vaisseaux spatiaux.

Le robot changea de configuration et ses jambes se replièrent en chenilles. Il se rendit rapidement à la zone suivante.

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