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Sibérie, 30 juin 2002

Laboratoire, troisième sous-sol

Salle de torture

Dans l’obscurité la plus totale, Asta se réveilla les membres gourds. Un frisson traversa son corps nu. Elle tenta de se rendormir en se maudissant de n’avoir pas pensé à fermer ses fenêtres et d’avoir ainsi créé un courant d’air. Elle n’y parvint pas.

Mettant ses courbatures sur le compte de son intervention au Congrès mondial de l’IA et de la robotique humanoïde puis de la douce séance de sexe dans sa limousine, encore comblée par ce souvenir brûlant, elle tendit la main pour sentir le contact chaud et rassurant du corps d’Angus à côté d’elle. Son geste fut brutalement interrompu dans un cliquetis.

Un métal froid lui brûla la peau et elle comprit qu’elle était attachée.

Elle rit.

— Angus, j’adore les jeux de rôles au lit mais…

Elle s’interrompit en sentant contre son visage le souffle chaud d’un ricanement. Un corps nu se blottit contre elle et la réchauffa.

Son cœur sur le point d’exploser, elle soupira d’aise.

— Oh, Officier Angus… haleta-t-elle, impatiente.

Jusqu’à présent, elle avait toujours dû supplier Angus pour qu’ils fassent un jeu de rôle pendant l’amour. Angus était un grand romantique, mais il manquait aussi cruellement d’imagination et préférait les bons vieux missionnaires ennuyeux. Jamais encore elle n’avait réussi à le convaincre de l’attacher. Cet instant était donc une immense victoire pour Asta.

Les lèvres humides se posèrent sur les siennes. Fougueuse, elle inséra la langue, dans une demande silencieuse d’obtenir bien plus. Les mains chaudes explorèrent son corps et la firent se consumer de désirs encore inassouvis.

Un doigt entra en elle. Les lèvres descendirent, embrassèrent le menton, la clavicule, descendirent encore… La langue titilla son téton droit. Les dents le mordillèrent. Tout recommença avec le téton gauche alors qu’un deuxième doigt entrait en elle. Le temps passa et le plaisir monta encore et encore.

Elle avait le souffle court quand elle répéta le nom d’Angus, comme une supplication. Le sexe dur s’aligna à son entrée et la pénétra d’un coup sec et brutal. Surprise, elle cria de douleur et de plaisir mêlés.

Angus avait toujours été lent en doux, et elle adorait ça chez lui, mais sa brutalité la combla comme jamais.

Il ne fut pas doux et elle sut qu’elle aurait mal encore quelque temps le lendemain. La façon dont les menottes tintèrent alors qu’elle haletait l’excita. La violence des coups de rein d’Angus rendit l’amour encore plus merveilleux à ses yeux. Sentir Angus la prendre avec force lui donna la sensation de découvrir un tout autre homme. La puissance de sa jouissance fut telle qu’elle en souffrit.

— Oh, Angus… le supplia-t-elle de continuer dans un sanglot de douleur et de plaisir mêlés.

Dans un grognement guttural, il se répandit en elle en abondance, puis, tout transpirant, s’effondra sur elle.

— Oh, Angus, c’était le meilleur sexe de toute ma vie…

Un éclat de rire lui répondit et elle sourit. Mais ses traits se figèrent lorsque la lumière s’alluma. Elle n’était pas chez elle, et ce n’était pas Angus qui lui faisait face.

Sibérie, 11 août 2019

Quelque part au cœur de la forêt

Puits des Âmes Perdues

Asta écarquilla les yeux. Elle dut lutter contre elle-même pour ne pas se jeter au cou de l’homme qu’elle recherchait depuis de si longues années et qu’elle aimait avec toujours autant d’intensité. Désormais, elle était la directrice du CSSI et elle devait rester digne, respectable et forte devant ses agents.

Le regard d’Angus sur elle lui brûla la peau et elle sentit ses mamelons pointer douloureusement alors que les souvenirs de leurs nuits d’amour ressurgissaient malgré elle.

— Matricule 952348, laissez-moi seule avec le Fantôme.

— Madame, le protocole exige la présence d’un a…

— J’ai créé le protocole, je peux très bien le modifier. Laissez-moi seule avec le Fantôme, je ne le répèterai pas, Matricule 952348. Allez inspecter le Puits des Âmes Perdues avec les autres.

— Bien, Madame.

L’agent s’éloigna à contrecœur, observant les alentours avec méfiance, mains sur l’étui de son arme, prêt à dégainer, pour s’assurer de la sécurité de sa directrice.

Sans un mot, Asta, d’une démarche hésitante, s’approcha lentement d’Angus. Il était sale, mais semblait en bonne santé. Elle déglutit et, d’une main fébrile, lui caressa la joue pour en essuyer de la boue. Il frémit à son contact.

Sibérie, 11 août 2019

Laboratoire, premier sous-sol

Bureau de Vladimir, pièce secrète

— En Enfer, Aukje, en Enfer…

Aukje frémit d’horreur. Vladimir avait prononcé ces mots d’une voix douce et basse, mais elle sentit la dangereuse menace qu’il voilait ainsi. Une fois de plus, elle déglutit.

— Je ne comprends pas, Vova…

Sa tentative de rendre Vladimir sympathique en l’appelant par son surnom échoua lamentablement. Toujours effrayée, elle sentit sa gorge se nouer et elle fut incapable de parler davantage.

— Je refuse que le Projet lune soit un échec, Aukje. Et sans la pute bleue… J’ai dû violer encore et encore sa pute de mère pour la créer et elle s’enfuit ! C’est inadmissible, et tu es fautive !

Vladimir gifla Aukje si fort qu’elle manqua tomber à la renverse. Les larmes aux yeux à cause de la douleur, elle plaqua ses mains contre sa joue.

— Je ne comprends pas, Vova… répèta-t-elle en pleurant.

Ces simples mots provoquèrent la fureur de Vladimir qui déchaîna ses pieds et ses poings sur Aukje.

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