L’homme à la barbe de charpentier s’arrêta près d’un arbre, positionné tout près de l’étang. Il demanda à Lucy d’un air amusé en observant un petit rouge-gorge posé sur une branche assez frêle :

“Que voudrais-tu que cet oiseau face ?

“Heu… Qu’il se pose sur ma tête ?” Répondit Lucy mi-sourire, persuadée d’avoir mal interprété la question de l’homme.

Et pourtant, aussitôt dit, aussitôt fait, l’oiseau vint doucement se poser sur sa tête, faisant par la même occasion craquer la branche sur laquelle il était posé.

“Je suis hypnotiseur, capable de contrôler le mouvement de n’importe quel humain, animal ou créature...”

Lucy n’en revenait pas, se pouvait-il qu’il soit un peu… Comme elle ? Elle avait tant de fois chercher quelqu’un qui puisse lui expliquer ce qui lui était arrivé, cette nuit dans sa chambre… Etait-il vraiment possible que ce soit cette personne qui soit venu la trouver elle ?

“C’est peut-être un simple coup de chance… Ou alors vous l’avez dressé. Qui me dit qu’il ne vous appartient pas ?” Répliqua contre toute attente la jeune fille. ça ne pouvait pas être aussi facile. Celui qu’elle avait cherché pendant quatre ans arrivait devant elle, dans son école, servi sur un plateau d’argent ? C’était impossible, il y avait forcément quelque chose qui clochait...

Sans un mot, l’homme fixa l’étang, puis l’oiseau. Lucy trouva ce comportement très étrange mais ne releva pas, que s’apprêtait-il donc à faire ?

Soudain, le rouge-gorge piqua, droit dans l’étang, comme si une folie meurtrière venait de le prendre. Comprenant ce qu’il venait de se passer, Lucy se précipita vers l’homme à la barbe de charpentier, le suppliant d’arrêter. Sourd à ses requêtes, elle essaya de le ramener vers la rive, paniquée, mais échoua… Elle ne pouvait plonger dans l’étang, une barrière l’en empêchait. Elle ne vit alors qu’une solution… Lentement, elle se concentra, fixant l’oiseau qui était à deux doigts de se noyer complètement et le fit sortir de l’eau pour le ramener au creux de ses mains.

“Vous alliez le tuer ! Cria la jeune fille avec un regard haineux à l’intention d’Astor qui se contenta de sourire. Non mais pour qui il se prenait ? Et puis elle se rappela qu’elle venait de dévoiler son secret à… Un inconnu meurtrier !

“Rassure-toi jeune fille, si je n’avais pas été certain que tu pouvais le sauver, je n’aurais pas agis ainsi… Mais je te l’accord, j’ai pris un risque. J’aurais mis ma main à parier que tu étais un Mage de l’Eau et non de l’Air...”

“Un… Mage ? Décidemment vous n’êtes pas net !

“Lucy, sérieusement, tu veux bien réfléchir deux minutes et arrêter cette comédie ? Ne me dis pas que tu ne me crois pas, je t’ai donné milles raisons de croire que tu étais comme moi… Je ne vois pas ce que je peux faire de plus.”

“… De toute façon, je n’ai pas le choix. De vous croire ! Vous allez le tuer sinon.” Soupira-t-elle en carressant l’oiseau qui essayait de sécher ses plumes.

“Bien, j’espère donc que tu vas considérer ma proposition.”

“J’ai encore des questions...”

“Malheureusement, l’heure tourne, je suis attendu. J’espère te voir mercredi, à bientôt Lucy.”

“Mais attendez j’ai encore beaucoup à…” Elle leva les yeux et remarqua qu’il avait disparu. “Savoir...” Finit-elle en choutant dans l’arbre. “Je le déteste ! Je le déteste ! Il ose essayer de tuer cet oiseau et me raconter une histoire que je suis censée croire et quand je commence à le trouver crédible qu’est-ce qu’il fait ? Bas il disparait. Bravo monsieur ! Et vous voulez que je vous fasse confiance après ? Il en a de bonnes celui-là” Elle continua de s’énerver toute seule jusqu’à ce que la sonnerie de midi se mette à sonner. Elle alla poser l’oiseau derrière un buisson, tout juste avant que son frère, Jean, n’arrive.

“ça va ? Pourquoi tu as raté les cours ce matin ?” L’interrogea-t-il essouflé. Il avait marché vite et en grand sportif qu’il était, c’était un véritable exploit.

“Je, il… Un homme est venu me parler. Il prétend connaitre mes parents...”

De toutes les personnes qu’elle connaissait, Jean était l’une des rares à qui Lucy osait vraiment se confier. En un sens, ils se ressemblaient, ils avaient peu d’amis et étaient un peu différent des autres… Alors ils arrivaient à se comprendre… De temps en temps.

“Tes parents biologiques ?” Demanda le petit génie en remontant ses grosses lunettes rondes trop grandes pour lui sur son nez. “Tu sais que la probabilité dans ton cas je veux dire, que tu rencontres quelqu’un qui connaisse ta véritable famille est infime. Es-tu certaine qu’il t’a dit la vérité ?”

“Bas justement, je n’ai aucune certitude” Elle pensa alors sans le prononcer Parce que monsieur à décidé de partir avant que je puisse lui poser ne serait-ce qu’une question. “Quelque chose me dit pourtant qu’il dit la vérité, je ne sais pas… l’instinc sans doute...”

“A ta place, je ne me fierais qu’à des preuves scientifiques, t’en a-t-il donné ?”

“On peut dire ça comme ça… Mais s’il dit la vérité et que j’accepte, il reste un dernier problème… Je devrais y rester jusqu’à l’automne.”

“Cela m’arrive rarement mais je ne comprend pas ce que tu veux dire. Les technologies d’aujourd’hui sont assez développée pour que tu puisses voyager pendant la durée que tu veux, y comprit à l’autre bout du monde… Alors à moins que tu ne sous-entende un kidnapping...”

“T’inquiète petit frère, c’est mon problème. J’ai encore quelques jours pour y penser.” Le rassura Lucy en posant une main sur son épaule.

“De toute manière, j’ai mieux à penser.” Répondit Jean sans empathie à l’égard de sa sœur qui soupira. “Mercredi, nous aurons une évaluation en histoire. Rassure-toi, c’est facile et passionnant. Savais-tu que Jacque Pelletier avait été le premier homme guillotiné ? C’était en 1792 et il est d’ailleurs relaté dans nos livre d’histoires que...”

Pendant plus d’un heure, toute la pause déjeuner pour être plus précis, Lucy eut droit à une révision complète sur l’histoire française, pour son plus grand désespoire...