Le grenier
C'était la première fois que je montai au grenier. Je possédais la maison depuis cinq ans mais je n'y avais encore jamais mis les pieds.
Arrivée au sommet des escaliers, je fis tourner la clé dans la serrure puis je la poussai. Je pus alors entendre le grincement de la porte qui frottait sur le plancher. Ce n'était rien comparé à celui que mes pas provoquaient. On pouvait voir que l'intérieur de la pièce était marqué par le temps. Les babioles entassées s'accumulaient dans les moindres recoins. Ça et là, de vieux meubles étaient décorés de monticules de poussières tandis que de nombreuses toiles d'araignées parcouraient la pièce. Quelques tapis et draps étaient disposés de sorte à protéger ce qui pouvait l'être. Mon regard se posa sur un drap de satin qui couvrait quelque chose dans un recoin. J'hésitai alors entre faire demi-tour et avancer. Un autre jour, j'aurai sans doute fait marche arrière mais ce jour-là, plus je regardai l'endroit où se trouvait le drap, plus j'avais envie de l'approcher. Sans trop savoir comment, mes jambes m'avaient emmené jusqu'à l'objet recouvert et mes mains tremblaient déjà en dévoilant ce qui se trouvait en dessous.
Elle était là, disposée élégamment sur ce buste. Droite, noire avec quelques plis et ornements, elle l'habillait sans oublier ses franges qui tombaient gracieusement. La robe charleston semblait n'avoir été touchée ni par l'âge ni par l'usure du temps. En l'effleurant de mes doigts, un émoi s'empara de moi. Je me sentais à la fois moi-même, laissant peu de place à la passion, rationnalisant chaque élément de ce monde mais au moindre contact avec le tissu je tressaillais. J'éprouvais le sentiment d'être une personne différente. Alors que cette sensation devenait de plus en plus intriguante, des vibrations dans ma poche de jean me chatouillèrent. Le téléphone me ramenait à la réalité d'ici et maintenant. Je descendis du grenier et pris l'appel.
L'atmosphère étrange que je percevais quelques minutes auparavant disparut alors soudainement.
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