13/ Roubõn entre les mondes

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 La tête de Miasma se décrochant de son corps, Malgati avisa Roubõn, agonisant.

 — Ordure, cracha le soldat en le fourrant de coups de pied. Je croyais que vous ne saviez pas mentir !

 Le vieillard toussota, projetant quelques gouttes de sang devant lui.

 — Je n'ai pas menti... quand j'ai dit... que vous étiez un monstre...

 Malgati défit son casque, le jeta au sol, effectua quelques pas en rond, la main massant son front. Ne parvenant pas à recouvrer son calme, il se tourna à nouveau vers l'ancien.

 — Je ne suis pas un monstre. Je viens pour sauver mon ami, pourquoi vous persistez à ne pas comprendre ? Vos dieux ont les adeptes les plus stupides !

 — C'est vous... qui ne comprenez... pas. Vous ne pouvez... rien faire pour lui.

 — Maintenant, c'est sûr que non ! Je suis perdu dans un autre monde sans savoir comment rentrer. Impossible de nous ramener à la maison...

Il fit quelques tours supplémentaires, se grattant le menton cette fois-ci.

 — Je pourrais toujours le libérer, ce sera mieux que d'être enfermé.

 Le serviteur eut un gloussement, qui se transforma en quinte de toux.

 — Qu'est-ce qui te fait rire, vieux croûton ?

 — Les dieux et lui... ne sont pas ici ! Ils sont... dans votre monde !

 Il rit à nouveau, puis cessa, la douleur prenant le dessus.

 — Comment on fait pour rentrer ?

 — Je ne dirais... rien.

 — Tu as plutôt intérêt à tout m'expliquer. Sinon je tuerai tout le monde sur mon passage. Vos divinités ne pourront pas m'en empêcher depuis l'autre monde.

 Le mourant hésita, puis sortit de sa poche un badge muni d'une ficelle en tremblant.

 — Suis la flèche, dit-il. Elle s'illuminera de plus... en plus. Quand elle... disparaîtra... ferme les yeux et plaque-la contre ton cœur... en pensant à toi et... à tous ceux qui t'accompagnent.

 Malgati lui arracha le pendentif des mains.

 — Pas d'entourloupes cette fois.

 — Aucune.

 Le guerrier l'accrocha autour de son cou, puis replaça son heaume intégral sur sa tête. Il saisit son épée et la pointa sur le torse de l'antédiluvien, puis se ravisa.

 — Tu vas crever lentement et en souffrance.

 — Je ne souffre... pas. Je sais que... les dieux attendent... mon âme... dans un endroit meilleur.

 — Bien sûr, bien sûr.

 Malgati allait partir, quand une pensée parvint à son esprit. Il brisa la vitre qui protégeait l'espadon vert et le récupéra.

 — T'es trop beau pour que je t'abandonne chez ces crétins.

 Il vit alors le doyen, une fiole dans sa dextre, s'apprêtant à en avaler le contenu.

 — Hey, c'est quoi ça ?

 Le soldat lui vola des mains.

 — Non, rendez-le-moi !

 — Dis-moi c'est quoi d'abord.

 — Un présent... inestimable... Les dieux... me l'ont confié... pour toutes mes bonnes actions... J'en ai besoin... pour les rejoindre.

 — Tu dois souffrir, pas te suicider, OK ?!

 Son épée d'une main, l'espadon de l'autre, la fiole dans sa tunique, le soldat miséricordieux avança à travers les bois d'un univers inconnu... avant de se rendre compte qu'il ne savait pas où il allait. Il rentra à nouveau dans la maison de Miasma pour se réarranger.

 — De retour... pour moi ? railla Roubõn. Je t'ai... manqué ?

 — Pas du tout. C'est juste qu'avec ça autour du cou, je ne peux pas voir la flèche dessus.
 — Et après c'est nous... les cons ?

 — Ferme-la !

 Malgati se réfugia loin de lui dans une pièce adjacente. Il parvint à trouver le moyen d'enrouler le médaillon autour de son avant-bras gauche. Avant de repartir, il passa de nouveau devant le vieil homme.

 — Pas si con, hein ? s'enorgueillit Malgati.

 — Mouais... Le nœud... Je l'aurai pas fait comme ça.

 — Va te faire foutre, croûton !

 — C'est pas comme si... je pouvais faire autre chose... dans cet état.

 Roubõn afficha un rictus insolent. Sous son heaume, Malgati fronça les yeux. Il jeta son épée, prit l'espadon à deux mains et l'abattit sur les jambes du doyen, qui ne put réprimer un cri.

 — Tu souffrais pas assez apparemment, expliqua le soldat. Allez, on se revoit au paradis !

 — Certainement pas, grogna Roubõn entre ses dents tandis que le guerrier franchissait le seuil de la porte.

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