42/ Bataille pour la discrétion

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 La tactique établie consistait à prendre rapidement en tenailles les guerriers du campement. L'effet de surprise, espéraient-ils, suffirait à avoir raison du nombre.

 Au pas de course, Malgati dessina une croix avec ses épées, découpant les torses de deux ennemis en même temps. Quatre soldats venaient sur lui. Il ne réfléchit pas plus qu'à l'accoutumée et fonça dans le tas, oubliant qu'une partie de son armure était à découvert. Il broncha quand une lame perça son flanc, puis tua celui qui l'avait blessé. Il extermina le dernier, et préféra marcher pour limiter sa douleur, devenant le premier des attaquants à s'être arrêté de courir... mais pas le premier à tomber.

  Yora tenait son espadon sur l'épaule, et portait de larges embardées pour toucher à coup sûr. Avec la portée fulgurante de cette arme, ses adversaires n'avaient pas la moindre occasion de l'atteindre. La "stratégie" de l'humain n'était pas si mauvaise. Puisque les membres de l'armée de Karathris couraient, les ennemis n'avaient pas toujours le loisir d'anticiper. Leurs contre-attaques s'en retrouvaient confuses. La confiance gagnait la chasseresse quand Kyr, un fantassin du général, tenta une tactique différente ; lui aussi courait. Et il courait vite. Alors que la collision avec la chasseresse était imminente, il se jeta à terre. Elle n'avait pas vu venir ça ! Aussi longue fut la trajectoire de l'espadon, elle ne le fut pas assez. Glissant sur le sol, le coureur leva sa lame vers le haut. Le ventre de Yora l'accueillit, son dos la salua.

 Mastiff comptait surtout sa force brute pour anéantir l'opposition. Ça fonctionnait plutôt bien. Face à sa carrure, ses antagonistes se préparaient le plus souvent à parer. Alors, Mastiff n'avait plus qu'à prendre l'ascendant ou à envoyer un coup de pied ou de genou pour déstabiliser puis embrocher. Un adversaire robuste aurait eu raison de lui. Fort heureusement, il n'en rencontra pas. Un adversaire malin et ignorant la peur aurait eu raison de lui. Ça par contre, il en rencontra un. Il était malingre, alors forcément, il avait tout dans la tête. Lui, à l'inverse de ses collègues, avait envoyé l'offensive en premier. Les muscles amortirent un peu l'impact, permettant à Mastiff de continuer dans sa lancée. Le chétif esquiva habilement, puis désarma le colosse. Mastiff lut la fierté sur son visage, persuadé de sa victoire, tandis qu'il lui collait une beigne. Le crapoussin ne s'en releva pas.

  La fille aux yeux orangés opérait à distance, dans l'ombre, sans se faire remarquer, avec élégance, rapidité et efficacité. Elle ne savait faire que ça, mais elle savait bien le faire. Seulement, le dénommé Odal avait remarqué ces flèches qui obligeaient ses collègues à choir. Alors, lui aussi se planqua derrière les arbres et vint la cueillir à pas feutrés...

 Malgati tailla en pièce un défenseur sans défense. Kyr, le voyant approcher, évalua ses chances face à lui. Zéro. Il décida de partir dans la direction inverse. Le puissant soldat s'approcha de Yora, agonisante. Elle lui adressa ces mots :

 — Tiens, Malgati... Comme promis... Ton espadon.

 — Merci... Mais je dois t'avouer que... finalement, je préfère avec deux épées.

 — Je savais... que tu mentais.

 Son regard s'éteignit, comme une flamme inondée par l'averse.

 Unio se découvrit un certain talent pour le corps-à-corps. Mais il commettait beaucoup d'erreurs, plus que Malgati et Mastiff réunis, pourtant tout sauf de fins escrimeurs. Il maniait l'arme avec trop de précaution, provoquant une certaine hésitation dans ses coups. C'est pour cette raison qu'une de ses attaques dans la poitrine n'acheva pas un de ses adversaires. Il faillit y passer, sauvé in extremis par l'adoratrice suprême qui lui collait aux talons.

 — Tape plus fort ! lui conseilla-t-elle. Comme la Réceptrice !

 Son visage livide, comme revenant des morts, il accepta la suggestion. Il tint plus fermement son manche, durcit ses traits.

 Trois fantassins, coupés dans leur conversation par l'assaut des prisonniers, ne se séparaient ni ne bougeaient plus, en groupe compact. La fan courut vers eux, et ils resserrèrent les rangs. Unio l'accompagna. Arrivant à toute vitesse, elle trancha la glotte du premier. Les deux autres lui ouvrirent les tripes aussitôt. Unio décéléra brusquement. Les deux qui jamais ne pourraient terminer leur discussion avançaient vers lui, tout aussi incertains. Mais deux, c'était deux fois plus qu'Unio tout seul, et son incertitude croissait. Il n'était pas sûr d'être suffisamment habile pour les vaincre... Le maniement de l'épée, ce n'était pas son terrain de prédilection. Il préférait abattre ses cibles de loin... Mais oui, de loin ! Unio attendit que la distance le séparant du duo soit réduite, puis lança son épée dans la cage thoracique de celui de droite. Son collègue, surpris, s'arrêta net... avant de réaliser que son adversaire était désarmé. Poussant un cri de rage, il se rua sur Unio. Celui-ci s'enfuit dans la direction opposée. Il ramassa au passage l'arme du guerrier que l'adoratrice l'avait aidé à abattre, et continua sa course, se laissant rattraper volontairement. Quand il jugea le moment opportun, il se retourna brusquement et déchira les boyaux de son poursuivant.

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