54/ Nouvel allié de poids plume
La déesse se rendit devant ses trois fidèles décédés.
— Je m'étais pourtant promis...
Sati, occupée à récupérer les armes pour les confier aux nouvelles recrues, s'approcha de la Réceptrice.
— Je suis désolée, c'est ma faute. Mon plan a capoté, il était minable...
— Non, ne t'en veux pas. Il était très bien, nous n'avons juste pas eu de chance, c'était une bonne initiative.
— Comment ça "très bien" ? s'indigna Malgati. C'était de la merde ouais !
— Elle au moins a proposé une solution, la défendit la déesse.
— Et toc ! le nargua la cuisinière en passant son pouce son menton.
— Et surtout, maintenant on a un délicieux repas avec lequel se baffrer, s'enthousiasma Odal, l'ancien soldat de Kros.
Alors qu'il portait la mixture à ses lèvres, Sati l'avertit comme si sa vie était en danger :
— Non ! Je vous préviens c'est vraiment infect, et mal cuit par-dessus le marché !
— Bah moi j'aime bien franchement. Vous autres, cuisiniers, vous me faites bien rire avec vos papilles ultra-sensibles et trop délicates !
Mastiff éclata un cadenas. Le prisonnier qui en sortit était bien différent des autres. Ses pupilles brillaient d'un éclat bleuté, laissant le reste de ses yeux dans un noir profond. Son nez crochu rappelait le bec d'un oiseau. Sa peau n'était tarie d'aucune imperfection visible, lisse comme celle de la Réceptrice, sauf aux multiples endroits où des plumes couleur de jais poussaient. Ses vêtements semblaient n'être rien d'autre que des ailes recroquevillées.
— Oui, c'est pour quoi ? demanda-t-il en quittant sa cellule.
— T'es qui toi ? ne répondit pas le colosse.
Dès qu'elle l'aperçut, Karathris vint à sa rencontre.
— Maître Perr ! le salua-t-elle. Vous aussi ?
— Eh oui ! J'ai osé défendre l'humain, ils m'ont immédiatement considéré comme un traître... Moi qui aie vécu tant d'années sous différentes formes dans cette dimension sous l'ordre du Gardien.
Malgati repéra l'homme aux allures de corbeau et le reconnut aussitôt. Il marcha en sa direction, brandissant ses armes en l'air.
— Hey toi là-bas ! J'te reconnais, t'es un autre de ces fumiers qui ont foutu mon ami en taule !
Perr remarqua l'intention hostile avec laquelle l'homme de fer s'approchait. De ses paumes jaillirent des bourrasques qui le firent reculer.
— Il est de notre côté ! Réfléchis, pourquoi serait-il en cage sinon ? lui reprocha Karathris.
— Mouais... soupira Malgati en faisant demi-tour. J'le sens pas trop cet emplumé...
— Perr, vous êtes puissant, reprit Karathris. Pourquoi vous ont-ils mis dans une cage aussi fragile ?
— Ils ne savaient rien de moi. Je n'ai pas non plus cherché à me défendre.
— D'accord mais alors pourquoi tu t'es pas échappé après ? renchérit Mastiff.
— Pour me faire capturer à nouveau par les gardes dehors ? Non merci. Quand bien même, où me serais-je enfui ? Je viens tout juste de retrouver les miens, je ne compte pas les abandonner se sitôt.
— Nous sommes en guerre, Perr, expliqua la déesse. Nous devons empêcher les humains de périr. Votre aide nous serait plus que bénéfique, mais je comprendrais si vous ne souhaitez pas prendre part à ce conflit.
— J'ai vu ce peuple grandir et évoluer pendant tellement de temps. Il est vrai que ses pratiques ne sont pas des plus pacifiques, mais il ne mérite pas l'anéantissement total. Je sens qu'il peut aller loin. J'ai passé tant de temps avec eux... Finalement, je me sens plus proche d'eux que du Gardien. Je vous suis.
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