60/ Il n'est pas seul...
Ba rentra dans le campement le plus proche, suivi de loin par sa troupe. Il désirait informer de l'arrivée prochaine de l'humain de fer, mais les sentinelles étaient déjà prêtes et quittaient les lieux.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
— Un retranchement voisin nous a appelé à l'aide, lui raconta un garde. L'ennemi est là !
— Je vais m'en charger, n'ayez crainte.
Ba courut jusqu'au retranchement en question, mais ne découvrit personne. Seules les cages ouvertes témoignaient du passage de Malgati.
— Mais où sont-ils tous passés ? demanda l'ours au soldat le plus proche. Ils se sont volatilisés ou quoi ?
— Je n'en sais rien. Ça sait faire ça, un humain ?
— Mais j'en sais rien non plus !
— Non, ce n'est pas son mode opératoire, affirma un archer.
Le changeforme se tourna vers lui.
— Ah, toi ! C'est le seul survivant que j'ai trouvé qui a vu l'humain.
— En effet, confirma Morlan. Le monstre de fer ne passe pas la serpillère derrière-lui. C'est un démon qui massacre tout ce qu'il croise et ne laisse derrière lui que flaques rouges et corps fendus.
— Avançons, ordonna Ba. Il doit très certainement chercher à libérer son semblable.
— Mais enfin, s'exclama l'autre soldat, il est impossible de le sortir des geôles sans le consentement des dieux ! Et il ne risque pas de l'obtenir...
— Tout à fait, mais cela, il l'ignore. Il tuera jusqu'au dernier s'il n'obtient pas ce qu'il veut.
— Oh, par tous les Esprits, quelle horreur ! Que pouvons-nous faire s'il est aussi fort que vous le décrivez ?
— Le nombre fait la force. Nous l'aurons à l'usure. Par ailleurs, il ne s'est pas encore mesuré à moi. Il regrettera d'être né à l'instant où me verra !
Ba poursuivit sa route avec plus de panache encore, indiquant aux serviteurs de le suivre.
Le garde chuchota quelques mots à Morlan.
— Il serait pas un peu vantard, lui ?
— Oh, complètement. J'espère seulement qu'il a une bonne raison de l'être.
***
Nz'jrg dirigeait les opérations de reconstruction, mais son esprit restait tourmenté par un problème bien différent. Dès lors qu'il eut façonné les premiers murs, une idée le percuta. Il laissa les ouvriers et les autres dieux poursuivre l'édification pendant un moment, partant à la rencontre d'un Florantii sur le point de s'endormir.
— Hey.
— Oui ? Oh, c'est vous ! Merci encore pour votre aide, vous nous avez tous sauvés !
— Y'a pas de quoi.
— Que puis-je faire pour vous ?
— J'aurais simplement besoin que vous me rendiez un service.
— Bien sûr ! Je vous écoute.
— Contactez un des nôtres resté là-bas. Mon intuition m'indique que quelque chose de terrible a lieu, mais le Gardien ne prend pas la peine d'aller vérifier.
— Oh, je voudrais bien, mais je ne sais pas si je pourrais. C'est qu'avec tout ce qui vient de se produire, je me sens terriblement fatigué. Voyager ainsi me demande beaucoup d'énergie, surtout pour traverser les dimensions.
— Essayez. Vous ne risquez rien. Mon peuple si. Faites-le, ou les conséquences pourraient être désastreuses.
***
Dans les entrailles d'un bâtiment en ruines, les ailes de chauve-souris du monstre géant remuèrent d'excitation. Il avait enfin localisé ce qu'il cherchait depuis si longtemps. Seulement, son objet était bien trop entouré pour le moment. Il attendit donc patiemment qu'il se retrouve seul. Cependant, lorsque cela se produisit, il lui était devenu inaccessible. Comme s'il avait entièrement disparu du plan de la réalité. Il serait contraint d'agir vite et d'utiliser la force. La bête grogna d'énervement et serra le poing pour contenir sa colère. Afin de s'apaiser le temps que sa cible soit libérée, il se récita mentalement, pour la centième fois, son plan.
***
Morlan retrouva Ba un peu plus loin, hébété. Il se tenait devant les vestiges d'une autre scène de guerre. Un vent de panique souffla parmi la garnison, qui peinait à continuer sa marche.
— Oh non, ils sont tous...
— C'est votre humain qui a fait ça ?
— Non, rétorqua l'ours. Il n'était pas tout seul, regardez.
— Des flèches ? remarqua Morlan.
— Exact. Il s'est fait des alliés.
— Il a sûrement dû recruter les prisonniers qu'il a libéré.
— Pourquoi auraient-ils choisi d'aider ce monstre ? s'étonna l'archer.
— Ça, je te laisserai leur demander.
— Eh merde ! S'il n'est même plus seul, on est dans la mouise !
— Au contraire, positiva un des gardes. C'est une bonne nouvelle.
— Hein ? Tu te fous de ma gueule ?
— Absolument pas. S'il a besoin d'alliés, c'est qu'il n'est pas si fort que vous le prétendez. On a encore une chance.
— Tu crois ? s'énerva Morlan. Et ça alors, tu l'expliques comment ?
Il pointa la carcasse sanguinolente de Nolmeraïsha devant lui.
— Il a même battu une héritière de la Réceptrice ! Aucun de nous ici n'aurait pu le faire !
— Bordel, ce gars a raison ! On ferait mieux de se cacher en attendant l'arrivée des dieux !
— AUCUN DE VOUS NE PARTIRA ! tonna Ba. J'étriperai moi-même ceux qui se défilent ! Faites-moi confiance, on va le vaincre ce fils de pute.
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